La vigne, source de jeunesse
En Valais coulent deux sources de jeunesse: les eaux thermales et la vigne. A Loèche-les-Bains, ces deux ingrédients magiques se marient sous la coupole de Walliser Alpentherme, le plus prestigieux des établissements de bains et de soins du village. Au pied de la vertigineuse paroi de la Gemmi, la minéralité du fruit n’est pas dans la coupe mais sur la peau. «Nous proposons toute une gamme de soins à base de pépins de raisin, du peeling aux enveloppements, et du massage au bain. Les raisins sont des concentrés d’éléments bénéfiques pour la peau», assure Nadja Engel, responsable des soins dans l’établissement thermal valaisan.
«Les polyphénols des pépins de raisin du Valais ont des effets positifs au niveau de la lutte contre le cholestérol, mais sont également considérés comme des substances actives dans la prévention des cancers. Appliqués à même la peau, ils en limitent les dommages dus aux agressions extérieures et au vieillissement. Enfin, ces composants activent le métabolisme, renforcent le système immunitaire et présentent des propriétés anti-inflammatoires», égrène la spécialiste.
Le raisin et ses pépins, composants miracles? C’est ce qu’évoquaient déjà les auteurs de l’Antiquité: Dioscoride, Pline et Galien vantaient voilà 2000 ans les vertus de ce fruit et insistaient sur ses effets bénéfiques sur l’épiderme aussi bien que sur le dynamisme ou les insomnies.
Un succès fulgurant
Les thermes de Loèche-les-Bains ont rejoint de nombreux établissements similaires, centres de soins et instituts de beauté à travers le monde qui proposent une offre basée sur le raisin et ses dérivés. Une mode relativement récente toutefois: tout remonte aux vendanges 1993 dans le vignoble bordelais. C’est dans les vignes du Château Smith Haut Lafitte que le professeur Joseph Vercauteren rencontre Mathilde (dont les parents sont propriétaires du domaine) et Bertrand Thomas.
Le chercheur de l’Université de Montpellier est spécialiste des polyphénols, ces molécules largement présentes dans les végétaux et notamment en forte concentration dans la vigne et le raisin. Alors que de nombreuses propriétés bénéfiques sont déjà connues et étudiées en matière de lutte contre des affections (cancers, maladies cardiovasculaires, inflammatoires ou neurodégénératives), il vient, avec son équipe, de découvrir de nouveaux atouts à ces «tanins végétaux» en matière de lutte contre le vieillissement cutané.
Selon ses recherches, tout repose sur les OPC (oligomères-procyanidoliques), des particules extraites des pépins de raisin. Ces éléments permettraient de réaliser la synthèse de protéines favorisant le renouvellement des cellules de l’épiderme. Convaincu, le jeune couple fonde alors la société Caudalie qui développe les premières gammes de soins cosmétiques à base de produits issus de la vigne. En quelques années, le succès va être fulgurant: des spas ouvrent en France, en Espagne, au Portugal, en Turquie, aux Etats-Unis, tandis que l’offre s’étoffe au niveau des cosmétiques.
Un cap est franchi en 2003 avec la publication des découvertes sur une autre molécule, le resvératrol, dont les propriétés régénératrices de la peau sont encore plus puissantes. Des travaux couronnés par la prestigieuse Harvard Medical School qui décerne au resvératrol le titre de «meilleure molécule antivieillissement». Toutes ces recherches et découvertes ont été réunies sous la marque vinothérapie, déposée par Caudalie.
En Suisse, aucun spa ni aucune boutique n’ont encore été ouverts par Caudalie. Mais plusieurs instituts proposent des soins à base de produits dérivés de la vigne. Ceux dispensés à Loèche-les-Bains ne sont pas issus de laboratoires pharmaceutiques ou cosmétiques mais estampillés valaisans: «Nous fabriquons nous-mêmes nos produits avec des préparations fraîches pour chaque invité. Parmi les ingrédients figurent l’huile de pépins de raisin, la farine de pépins de raisin, le marc de son et de pépins de raisin», indique Nadja Engel.
«La concentration en polyphénols est largement plus importante dans les raisins rouges que dans les raisins blancs (2500 mg/litre contre 250 mg/litre), d’où un recours principal à ces variétés», précise Nadja Engel. Proposés depuis huit ans, ces soins, massages, enveloppements et bains figurent à la carte tout au long de l’année et sont accessibles à tous publics. Un plaisir à déguster sans modération.