L’échappée fantastique
De Paris à Nice, une AC Cobra dans le viseur et la garde présidentielle en escorte, retour sur un tracé légendaire en cinq étapes, entre bonnes adresses et petites routes de campagne.

Ci-dessus Une des rares Ferrari 250 GTO au monde. Sa valeur, plus de 30 millions de francs.
12 heures de route par jour, 2075 kilomètres de course, 5 jours d’odyssée mécanique à travers la France. Oui, avaler de l’asphalte, de la poussière et des gouttes de sueurs froides sur des cols de montagne enneigés peut être un plaisir. Il y a des mythes qui ne se discutent pas. Celui du Tour Auto se vit. Bilan a participé aux deux dernières étapes, roadbook en main. Moments choisis. Paris- Beaune- Aix-les-Bains-Clermont-Ferrand, la vie de château en trois étapes
Déjà, sous les voûtes du Grand Palais, les 230 bolides historiques parqués comme de rutilants chefs-d’œuvre mécaniques retrouvaient sous la nef et les poutrelles d’acier le lieu même qui avait vu naître leur succès. De 1901 à 1961, c’est là que s’organisait le fameux Salon de l’auto de Paris. Le lieu n’est pas choisi au hasard par l’organisateur Patrick Peter. Car le Tour Auto n’est pas une simple course de voitures historique. Née en 1899, arrêtée et reprise plusieurs fois, elle figure au palmarès des trois très belles courses auxquelles tout collectionneur rêve de prendre part: le Mans Classic pour le mythe, Goodwood Revival pour l’exceptionnelle diversité des modèles présents et le Tour Auto, pour son parcours à travers la France. Condition sine qua non pour y participer : posséder une voiture éligible, c’est-à-dire un modèle qui a couru le Tour de France Automobile entre 1951 et 1973.
Et en ce 16 avril 2012, les belles brillent. Lustrés et bichonnés au poil, les pur-sang sont parés pour la course et les 230 équipages prêts à en découdre. Les amateurs seront d’ailleurs venus en masse les admirer avant le départ. Il débutera dès le lendemain, à l’aube et au pas. Car il faudra plusieurs heures aux véhicules pour être poussés à bout de bras hors des travées de la Grande Verrière, les lieux ne souffrant aucun allumage de moteur, même légendaire. Le départ officiel de la course est donné au château de Vaux-Le-Vicomte. Dans les allées du jardin dessiné par Le Nôtre, des Porsche 356 ou 911, des Jaguar Type E, des Ferrari Dino, 275 GTB ou 250 GTO, des Aston Martin DB2 et DB4, des Alpine, des Alfa, des Lotus et autres voitures historiques se disputent la légende. Lors des trois premières étapes, la course traversa la Bourgogne jusqu’à l’Auvergne, entrecoupée de plusieurs spéciales organisées chaque jour sur circuit (Dijon-Prenois, Bresse et Charade) et sur route fermée, à travers cols de montagne ou hameaux, seuls tronçons où tous les exploits sont permis, en vitesse ou régularité. Car sur les cinq plateaux de voitures deux catégories de conducteurs affrontent la course. Ceux qui aiment la vivre pied au plancher et ceux, plus novices ou soucieux de ménager leur bolide, qui courent les spéciales en visant au kilomètre près la vitesse moyenne fixée. Au programme des trois premiers jours, Patrick Peter, celui qui a fait renaître la course en 1992, a soigné ses gentlemen driver en leur concoctant des haltes princières : le château de Thenissey, près de Dijon, le château d’Epeyssolles et son banquet signé Georges Blanc entre Mâcon et Bourg-en-Bresse et le château des Martinanches à Saint-Dier-d’Auvergne. En tête de course à Clermont-Ferrand, l’Anglais Shaun Lynn sur son AC Cobra.
L’AC Cobra victorieuse. Elle a pratiquement dominé toute la course. Une MG A 1959. Du style et des frissons. Clermont-Ferrand-Nîmes-Nice : cap vers le Sud
Pour le magazine Bilan Luxe, rendez-vous était pris à Clermont-Ferrand, à l’aube de la quatrième journée de course, longue de 439 kilomètres. La voiture : une Porsche noire 356 SC de 1964 inscrite en régularité aux couleurs d’Audemars Piguet, partenaire et chronométreur officiel du Tour Auto depuis 2006. Une présence hautement stratégique pour la marque, désormais impliquée dans le sponsoring de courses de voitures historiques (Gstaad Classic et Spa Classic), un virage amorcé à la suite de l’aventure vélique victorieuse d’Alinghi. Au volant: Nicolas Kappenberger, directeur Audemars Piguet pour la Suisse, l’Autriche et l’Europe de l’Est, mais également vice-président du Club Ferrari Suisse, un pilote très expérimenté qui n’en est pas à son premier Tour Auto. Roadbook à peine en main, la première spéciale de la journée s’annonce sportive. La route est glissante. Vitesse moyenne à viser : 57 km/h sur 8,2 kilomètres de rallye et en 8 minutes et 30 secondes. Plusieurs sorties de route spectaculaires auront marqué les esprits ce matin-là et fait grincer quelques dents. Normal quand on connaît le prix de quelques-unes des voitures engagées: plus de 2,4 millions de francs pour la Ferrari 275 GTB competizione et jusqu’à 30 millions pour la Ferrari 250 GTO avec palmarès, l’une des plus mythiques de l’écurie, qui a remporté trois ans de suite le Championnat constructeurs de 1962 à 1964. Sur la route, le temps est capricieux. Neige, pluie, les conditions météo s’enchaînent, les routes de montagne aussi. La traversée du Parc naturel des Monts-d’Ardèche est rude et sauvage. On plaint les pilotes des MG cabriolet qui conduisent à ciel ouvert, un casque, une veste en tweed et des lunettes vintage pour seule protection. En bordure de chemin, des centaines de spectateurs resteront postés à voir passer les belles mécaniques anciennes, certains, dès l’aube, en charentaises et vieux peignoir… tout aussi historiques. L’arrivée sur Nîmes, les arènes flamboyantes au soleil couchant, marque la fin de l’étape avant la dernière ligne droite sur Nice.
Pensée pour les gentlemen driver, la nouvelle Royal Oak Offshore Chrono Tour Auto 2012 créée en édition limitée à 150 exemplaires. Chronométreur officiel de la course, Audemars Piguet était également engagé avec plusieurs équipages.
Pour sa dernière journée, le Tour Auto 2012 a prévu une spéciale très attendue sur le circuit du Castellet. Les esprits s’échauffent, les moteurs aussi. Dans sa Porsche 356 SC, Nicolas Kappenberger sort discrètement les harnais de sécurité, histoire de rester collé au siège et d’éviter de jouer les essuie-glaces internes dans les chicanes. Certains, inscrits en régularité, ne peuvent s’empêcher de jouer les cadors et lâchent les chevaux. Les Citroën DS tanguent. Les Aston Martin attaquent, les Ferrari rugissent, les AC Cobra dominent. Le circuit est grisant. Le drapeau à damier, hypnotique. Sur le podium final, l’AC Cobra 1963 pilotée par Shaun Lynn l’emporte, suivie d’une Lotus Elan 1965. Le classement des voitures plus récentes est dominé par deux Alpine A110 1975 et 1972, pilotées par deux grands champions de rallye. En régularité, c’est une Ford Mustang, suivie d’une Ferrari 275 GTB, qui est au plus près du chrono. La Porsche noire 356 Audemars Piguet N° 98 de Nicolas Kappenberger aura fini 27e au classement final sur 113 inscrits en régularité, son meilleur temps en cinq participations. Plutôt bien manœuvré, même avec une copilote novice à ses côtés, démasquée par quelques mauvaises indications immédiatement corrigées par des tournés sur route spectaculaires et des dérapages ultra contrôlés! Au final, un Tour Auto 2012 très sportif et une arrivée surréaliste: la Promenade des Anglais ouverte par les motards de l’escorte présidentielle, un samedi après-midi, en pleine affluence, dix feux rouges au compteur.
Départ arrêté sur le circuit du Castellet.
Le Tour Auto 2012 en cinq bonnes adresses
A deux pas de la place Massena, l’hôtel Boscolo Exedra confronte deux styles architecturaux, Belle Epoque et contemporain, qu’il fait se rejoindre sur le choix des matériaux. L’Exedra joue la carte du blanc et de la fraîcheur, pour un palace 5 étoiles en pleine ville. Entièrement rénové en 2008, il comptera bientôt une piscine et un bar sur le toit. Prix par nuit en chambre double : 280 francs. www.boscolohotels.com
Pour un coup d’œil spectaculaire sur la Méditerranée et le massif des Calanques, la route des Crêtes, qui relie Cassis à La Ciotat, offre l’un des plus beaux panoramas de la région. Elle monte jusqu’au cap Canaille, puis serpente le long des falaises de Soubeyran hautes de 394 mètres. Autoroute sortie N°8 Cassis, puis prendre la D559 direction Cassis et enfin la D141 route des Crêtes. Sur la terre des volcans d’Auvergne, en plein Parc naturel du Livradois-Forez, le château des Martinanches, entouré de profondes douves, est construit comme une véritable forteresse auquel on accède par pont-levis fixe. Le château fort, daté du XIe propose cinq chambres d’hôtes, dont la très jolie « Camille ». Prix par nuit, pour 2 personnes : de 80 à 220 francs. www.chateau-des-martinanches.com
Le château de Thenissey, domaine familiale de 350 hectares, à 40 kilomètres de Dijon, est idéal pour des virées en nombre. Le propriétaire, Jacques de Villefranche, y organise événements, séminaires, techniques de pilotage de 4x4 dans sa forêt et même des stages Sippex menés par des commandos de fusilers marins. Un gîte, à 200 mètres du château peut être loué. Prix : 420 francs le weekend et 790 francs la semaine. www.chateaudethenissey.com Adresse confidentielle cachée dans le Vieux-Nîmes, le boutique hôtel Les Jardins Secrets est un petit éden vert entouré de bougainvilliers, de palmiers et d’orangers. La façade rouge a des allures de villa toscane. Lits à baldaquin, roses anciennes et porcelaines d’époque donnent le ton des chambres. Son spa offre soins ayurvédiques et bio. Prix par nuit en chambre double : de 235 à 265 francs. www.jardinssecrets.net
Crédits photos: Peter Auto
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