L’artisan de Nyon qui réveille la tradition sellière
Spécialisé dans la briderie cousue main, l’artisan nyonnais Olivier de Mestral perfectionne avec ses cuirs les liens subtils entre les cavaliers et leurs montures.

Sa famille appartient à l’aristocratie vaudoise depuis le XIV e siècle. Il a grandi aux Etats-Unis, où son père était dans le pétrole, puis suivi ses études de commerce en Suisse et en France avant de passer dix ans dans la banque, chez UBP à Genève, pour devenir gérant de fortune. Pourtant, dans son atelier de la vieille ville de Nyon, Olivier de Mestral a plus aujourd’hui l’allure d’un ouvrier col bleu. Tablier de cuir et pantalon de travail de maçon, on sent immédiatement un homme qui s’est épanoui dans le métier qui fait désormais son identité: sellier.
Lire aussi: Le business hippique se développe en Suisse
Une forme de retour aux sources pour ce cadre qui se sentait passager clandestin de la globalisation financière mais parle avec passion de la chasse au canard, des chevaux, de son braque de Hongrie et du travail du cuir. Cette dernière passion a d’abord grandi comme un hobby auprès du sellier Jean Müller à Genève. La retraite de ce dernier et l’affaire Madoff qui le dégoûte définitivement de la finance en 2008 lui font franchir le pas de la professionnalisation. Il s’impose de passer son CFC de sellier à 32 ans, en candidat libre.
Deux traditions en héritage -
«En Suisse, le métier de sellier est très lié à l’armée» explique-t-il. Cartouchières, sacs, guêtres… ont nourri une industrie qui a développé des savoir-faire. A côté de cela, l’équitation s’est aussi épanouie sous l’influence militaire et de la culture rurale. «Le cheval du paysan, le «fédéral» payé par l’armée, servait au travail des champs en dehors des cours de répète», rappelle-t-il. Ces dernières années, ces écuries rurales se sont ouvertes à l’équitation de loisir, et un nouveau marché est né, orienté haut de gamme dans l’arc lémanique.
Héritier de ces deux traditions mais aussi entrepreneur avisé de cette opportunité, Olivier de Mestral y a ajouté l’exploration des anciens traités d’équitation et l’étude des savoir-faire selliers hongrois, français, anglais et italien pour trouver son créneau: le cuir cousu main, avant tout pour la briderie. Il voit ses produits comme des compléments aux selles d’une Patricia Rochat même s’il en produit quelques-unes à la demande de clients et en répare ou adapte beaucoup.
Tannage végétal et cousu main -
Résultat: les cuirs de vache, veau et porc tannés avec des végétaux (écorces de bouleau, chêne et mimosa) qu’il se procure au Royaume-Uni sont cousus à la main avec un fil unique de chanvre ou de lin. «C’est sept à huit fois plus résistant que la couture à la machine, ce qui compte, vu les tensions exercées par les chevaux.»
Il fait ainsi revivre des harnachements qui avaient à peu près disparu, tels que des brides rondes, roulées à la main. Il redéveloppe longes et surfaix aux multiples anneaux, facilitant les enrênements pour le travail au sol que nombre de cavaliers redécouvrent aujourd’hui, tant pour améliorer l’impulsion ou l’engagement des postérieurs de leurs chevaux que pour travailler la subtilité de leurs mains.
Parmi ses réalisations mémorables, Olivier de Mestral cite un attelage complet pour un tilbury – harnais, sièges… – mais aussi une malle à fusils. Car sur la base de son travail de sellier, il a développé une activité de maroquinier pour les amateurs de produits en cuir authentiquement sur mesure. - - De quoi construire une marque? Pas vraiment, même si ses produits made in Switzerland commencent à être connus à l’étranger. Sa fierté est ailleurs cependant, dans la formation de deux apprentis qui ont à leur tour passé le jugement de ses pairs en sellerie.
Lire aussi: Le monde du cheval en Suisse, en 10 chiffres
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.