Jean-Marc Lamunière, regard d’expert

Logements «L’architecture contemporaine à Genève, comme à l’étranger et en Suisse, accomplit de nouvelles expériences (…). C’est ainsi que se perpétue (…) un modèle caractérisé par son épaisseur, par le rétrécissement des travées des chambres, le rejet à l’intérieur des immeubles des cages d’escalier, des cuisines et des salles d’eau, le rétrécissement des balcons et des loggias (…) et le choix de développer en grande partie des logements ne comprenant que deux chambres à coucher souvent étroites.» Et Jean-Marc Lamunière de regretter que les débats et les expositions n’attirent que les architectes: «Le langage employé est parfois ésotérique ou a contrario trop professionnel pour des auditoires non avertis.»
Ses critiques fusent, parfois sévères: «Le logement collectif aux loyers modestes reste indiscutablement privé de toute tentative innovante, que ce soit au niveau distributif des espaces, au niveau constructif comme au niveau stylistique où les façades décoratives masquent la banalité répétitive.»
Parlant des expériences de coloration du béton, il fait même preuve d’humour: «Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer une attirance surprenante pour le noir ou pour le gris anthracite, perceptibles également dans les vêtements des architectes. S’agit-il de signaler une perte, voire un deuil à assumer ou s’agit-il de références – soient-elles inadéquates – aux dernières toiles de Mark Rothko, de Franz Kline, d’Ad Reinhardt, ou encore de Soulages?»
Avec le recul, Jean-Marc Lamunière adopte une grande liberté de ton, que l’on apprécie ou non: «Il est regrettable que la section genevoise de Patrimoine suisse et Patrimoine vivant puissent bloquer un projet remarquable comme celui de Jean Nouvel pour la restauration et l’agrandissement du Musée d’art et d’histoire, allant proposer l’extension du musée sous la promenade de l’Observatoire, et jugeant que sa cour intérieure s’apparente à une cour italienne.» sg