Devine qui vient dîner ?
Si aucun livre d’or n’en fera jamais mention, certaines rencontres épiques résonnent encore entre les murs très feutrés de quelques restaurants étoilés suisses.

Restaurant de l’hôtel de Ville de Crissier. 3 étoiles Michelin.
« C’est comme un petit mariage entre le client et moi, le temps d’un repas. » Louis Villeneuve, maître d’hôtel.
Sans lui, le dîner n’aura pas la même saveur. Anonymes gourmets ou clients réputés, ils se pressent pour un bon mot en sa compagnie. Louis Villeneuve, majordome de l’hôtel de Ville de Crissier depuis 36 ans, est l’accompagnateur des sens que les clients réclament, coûte que coûte. Sa discrétion est légendaire et son talent pour l’observation du genre humain aussi. A peine franchi le perron et Monsieur Louis vous connaît déjà, d’un simple coup d’œil. Il se souvient de tout mais ne dévoilera rien ou alors quelques bribes du passé, moins inconvenant. Il raconte cette fameuse journée où deux monstres sacrés se sont croisés, le temps d’un déjeuner. « Ce jour-là, Jean-Paul Belmondo, entouré d’amis, était très affairé à mimer ses dernières cascades en plein repas, fidèle à son personnage. Tout le monde riait. Puis Jacques Brel est entré, en silence. Toute la salle s’est alors instantanément arrêtée de parler. Nous étions tous médusés par son aura. Même Monsieur Belmondo ! Le moment était magique». Le regard à peine voilé, Louis Villeneuve continue ses récits et s’empourpre, le sourire malicieux. Il confesse avoir vécu avec intensité l’arrivée fracassante de Salvatore Dali, descendu d’une large limousine noire au bras de sublimes créatures aussi surréalistes que sa peinture, dont une Amanda Lear sculpturale. « L’artiste avait fait monter la température de Crissier de quelques degrés ! ». La mémoire de Louis Villeneuve recèle encore quelques perles. Il en a fait le sujet d’un livre, paru il y a peu. Bientôt, le 31 mars 2012, Philippe Rochat orchestrera son dernier dîner et laissera place au nouveau Chef Benoît Violier. Ce jour-là, le plan de tables s’annonce déjà mémorable…
La Table d’Edgard. Restaurant du Lausanne Palace. 1 étoile Michelin.
« Nous avons vécu trois jours de folie avec les Rolling Stones ! » Edgard Bovier. Chef.
L’homme a le verbe savoureux. Simple, chaleureux, il ne boude pas son plaisir lorsqu’il raconte avoir eu la chance de concocter quelques plats pour le groupe rock légendaire, les Rolling Stones. Détendu après son service de midi, Edgar Bovier, encore en habit de Chef, commande un expresso et « se met à table », il raconte. « La venue des Rolling Stones au Palace Lausanne ? Ce furent trois jours de folie ! Le 4ème étage avait été entièrement privatisé pour l’occasion. Et dans les suites, bières, glaces, frigos, climatiseurs, tout avait été commandé expressément, selon leur souhait. Pour Mick Jagger, qui aime les produits raffinés et la grande cuisine, tout devait être bio. Nous connaissions même ses bonbons à la réglisse préférés ! Puisque notre restaurant gastronomique était fermé, il est entré dans la brasserie du Grand-Chêne, avec sa femme, sa fille May Jagger et les trois gardes du corps. J’ai été très agréablement surpris par sa gentillesse et sa courtoisie. De plus, il parle très bien français. Ils se sont assis. Lui a commandé une soupe de poisson et ses accompagnatrices des moules marinières. Des menus simples. Pour Keith Richards, assis à l’autre bout du restaurant, ce fut plus… costaud. Il a commandé dans la même assiette une escalope viennoise et des rognons à la moutarde ! Dehors, une foule énorme s’était massée, nous n’avions jamais vu ça ! Le soir du concert, comme il était impossible de nous absenter, nous avons installé une table sur le toit de l’hôtel et nous avons profité du concert qui résonnait dans toute la ville, un bon verre de vin à la main.
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