Dario Cologna
Pour l’élite mondiale du ski de fond, et même pour tout sportif de haut niveau, Dario Cologna est un homme à part, admiré pour son physique, sa ténacité. Aux derniers Jeux de Sotchi l’athlète à la double médaille d’or a livré sa plus dure bataille. Rencontre avec un héros presque malgré lui.

Vous avez remporté le titre de Sportif de l’année 2014. Est-ce que ce type de reconnaissance compte encore pour vous ?
Pour un sportif, c’est toujours important d’être reconnu par le public. Bien sûr, les résultats que l’on obtient sur la piste sont la récompense suprême, mais un prix comme celui-ci me ravit.
Y a-t-il eu une rencontre dans votre carrière qui a marqué votre parcours ?
Pour moi, c’est surtout ma famille.
D’où vient cette force ?
Il y a le talent, bien sûr, mais c’est surtout le travail, régulier, assidu. Et la passion, une composante centrale dans ma vie. M’entraîner n’a jamais été un effort, une démarche ennuyeuse, c’est en moi, c’est naturel, depuis toujours. Je suis heureux de vivre cette vie.
Y a-t-il une méthode Cologna pour gagner ? Travaillez-vous de manière particulière avec votre frère ?
Non, il n’y a rien de particulier. Nous vivons ensemble avec mon frère, mais je travaille surtout avec d’autres athlètes de l’équipe. Pour être rapide, il faut surtout avoir du physique et du mental. Cela vient avec les années.
Après quelques mois, quel est votre bilan de la saison hivernale qui s’est achevée ?
Pour moi ce fut une saison très difficile. J’ai eu cette blessure à la cheville. Puis j’ai tout donné et tout essayé pour revenir en forme aux Jeux olympiques de Sotchi. Et là, tout s’est déroulé parfaitement. J’ai gagné ces deux médailles d’or. Je n’y croyais pas moi-même. Ce fut un moment très spécial…
Est-ce que cette blessure vous a appris quelque chose de positif ?
Oui, beaucoup de petits éléments. Bien sûr la patience, très importante. Lorsque vous ne pouvez pas bouger, essayer de rester calme intérieurement est un exercice mental intéressant. Bien sûr, une blessure n’est jamais bonne. Encore récemment, ce printemps, lors de mes entraînements, j’avais encore des problèmes liés à cette blessure. Mais on apprend toujours quelque chose pour la prochaine fois.
A quoi pensez-vous quand vous être sur la ligne de départ ?
Avant le départ, je suis concentré, calme, je pense au parcours, aux gestes à faire. Pendant la course, par contre, il arrive que je me perde dans mes pensées. Chaque course est différente. En solo, c’est une concentration maximale, un combat contre le temps. Lorsque la course demande plus d’endurance, là, il m’arrive de réfléchir sur ma vie.
En parlant de pression, à Sotchi, le public vous avait vu vous écrouler à l’arrivée, victorieux après l’effort, et même verser une larme sur le podium. Racontez-nous cette émotion?
Les Jeux olympiques représentent le maximum pour un sportif. Pour moi, c’était d’une intensité émotionnelle incroyable, car suite à cette blessure surprise en novembre je ne pensais même pas pouvoir être prêt et partir pour Sotchi. Ma désillusion était énorme lors de la blessure, car on s’imagine qu’il va falloir attendre encore quatre longues années avant de participer à nouveau. Mais tout s’est parfaitement déroulé. Et grimper sur la plus haute marche du podium a été une émotion particulière et immense.
Comment était l’ambiance à Sotchi ?
Très bonne. J’y suis resté jusqu’au bout, car les 50 kilomètres sont toujours la dernière course des Jeux olympiques. Mais c’est avant tout le sport qui compte, il n’y a pas beaucoup de temps pour autre chose. Mais l’esprit est magnifique.
Comment se sont passés les entraînements cet été ?
Très bien. Toujours mieux. J’ai eu encore quelques douleurs liées à ma cheville, mais là ça va. La neige arrive vite et j’espère vraiment pouvoir faire une saison plus longue que la précédente !
Quels sont vos objectifs cette saison ?
Ce sont les championnats du monde, où j’espère vraiment faire de très bons résultats.
Y a-t-il des éléments dans votre sport que vous voudriez voir évoluer ?
Il est vrai que ces dernières années le sport a beaucoup changé. Au final, il faut que cela reste du ski de fond! Il y a beaucoup trop de courses différentes, les classiques, le skating, le skiathlon, le pentathlon. Il est très difficile de tout suivre. Le sprint, par exemple, est une bonne idée, mais j’ai entendu maintenant qu’ils veulent y ajouter du slalom, et là c’est trop, ce n’est plus juste, ce n’est plus du ski de fond.
Justement, vous êtes un sportif complet, alors que certains athlètes, aujourd’hui, ne se dédient qu’à une spécialité. Cela devient toujours plus difficile de demeurer complet ?
Oui, c’est toujours ce qu’il y a de plus difficile à faire. Personnellement, j’essaie d’être bon dans chacune des disciplines, qui, au ski de fond, vont du sprint de 1 kilomètre aux 50 kilomètres de fond. C’est important pour la Coupe du monde. J’y travaille, car plus les années passent, plus il est difficile de rester extrêmement rapide…
Quel est le quotidien d’un athlète comme vous ?
Il y a deux entraînements par jour. Le matin, trois heures, et l’après-midi un peu moins, mais il y a bien sûr d’autres obligations, comme être avec les sponsors, rencontrer des personnes. Ce n’est jamais ennuyeux. Et il est difficile de dire non, car chaque jour je pourrais faire quelque chose de différent, mais je dois me concentrer sur le sport et trouver un bon équilibre. Le ski de fond est un sport très demandeur au niveau de l’entraînement, il est donc important d’avoir des sponsors compréhensifs.
Quel est votre rapport avec les sponsors ?
Je pense que je suis très chanceux, et avec le succès, et le temps, j’ai trouvé de bons partenaires avec qui j’ai signé jusqu’en 2018. Je suis très heureux. Et bien sûr, après les Jeux olympiques, c’est toujours un peu plus facile…
Comment voyez-vous la suite de votre carrière. Encore dix ans de succès ?
Dix ans, je ne crois pas, à cause de mon âge, mais jusqu’en 2018 et les prochains Jeux olympiques, assurément ! J’espère surtout trouver le bon moment et la bonne activité après ma carrière sportive. J’y pense, un peu. Beaucoup de portes s’ouvrent, mais je dois trouver la bonne. Mais cela n’occupe pas mes pensées. Je reste très concentré pour les compétitions à venir.
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