Standard & Poor's dégrade encore la note française
Et si Standard & Poor's avait donné le signal d'une nouvelle dégringolade? L'agence de notation américaine avait été la première à retirer à la France son AAA à trois mois des élections présidentielles de 2012. Depuis un an et demi, le gouvernement du premier ministre Jean-Marc Ayrault avait réussi à conserver le AA+, malgré la dégradation infligée par Fitch. Seule l'agence Moody's avait attendu juillet 2013 pour passer de AAA à AA1.
Mais ce vendredi 8 novembre, le + de S&P est tombé, la note passant à AA. Cette annonce surprise de Standard & Poor's s'accompagne d'un commentaire peu élogieux sur les politiques menées par François Hollande et son équipe: le pays aurait perdu sa marge de manœuvre financière et ne serait pas en mesure de se réformer davantage en raison du maintien d'un chômage élevé.
La politique du gouvernement dans le viseur
Pourtant, jusque là, les analystes de S&P considéraient que l'Hexagone disposait d'«une marge de manœuvre budgétaire élevée au regard des pays comparables». Mais les perspectives ont été révisées ces dernières semaines: «il nous semble que les pouvoirs publics disposent désormais d'une marge de manœuvre réduite pour augmenter les recettes», expliquent les auteurs du commentaire. Difficile donc de réduire efficacement la dette.
Et si le changement de la note ne suffisait pas, S&P attaque clairement les politiques menées par le gouvernement actuel: «Nous considérons que les mesures de politique économique mises en œuvre depuis depuis le 23 novembre 2012 (date de la dernière confirmation du AA+ par S&P) n'ont pas réduit de manière significative le risque que le taux de chômage reste au-dessus de 10% jusqu'en 2016».
Le chômage élevé briderait les tentatives de réformes
Or, si le chômage élevé pèse sur les déficits publics et donc la dette, il engendre également un autre effet secondaire néfaste: «le niveau actuel du chômage amoindrit le soutien populaire en faveur de nouvelles réformes structurelles et sectorielles et affecte les perspectives de croissance à plus long terme», écrivent les auteurs du commentaire.
Le long terme pourrait également être le seul horizon raisonnable pour que la France envisage un relèvement de sa note: celle-ci est assortie d'une perspective «stable»; pour S&P, «les facteurs de risques pesant sur la qualité de crédit de la France s'équilibrent». Mais les perspectives d'évolution (relèvement ou abaissement) de la notation au cours des deux années à venir est «inférieure à une sur trois».
Moscovici et Ayrault critiquent la nouvelle note
Sachant que S&P avait déclenché la première vague de dégradation, les responsables politiques français craignent donc que cet abaissement ne soit suivi par d'autres agences et que le crédit soit renchéri à l'avenir.
Pierre Moscovici, ministre de l'économie, est donc immédiatement monté au créneau pour défendre la politique du gouvernement: «je déplore les jugements critiques et inexacts portés par l'agence de notation Standard and Poor's», a-t-il dénoncé dans un communiqué, arguant des «réformes d'envergure pour redresser l'économie du pays, ses finances publiques, et sa compétitivité».
Même stratégie pour le premier ministre Jean-Marc Ayrault qui «regrette que l'agence ne prenne pas en compte toutes les réformes. Celle des retraites, par exemple. Tout le monde disait qu'elle serait explosive, elle ne l'a pas été. Ces réformes prennent du temps. La banque publique d'investissements commence juste à produire ses effets».