Revenu de base: une approche libérale en test
Le revenu de base inconditionnel expérimenté depuis le 1er janvier par le gouvernement finlandais vise à inciter les chômeurs à accepter de petits jobs. Une conception plus sociale, inspirée de l’initiative rejetée en juin 2016, pourrait être prochainement testée à Lausanne.

Six mois après son rejet à près de 77% par le peuple suisse, le revenu de base inconditionnel revient sur le devant de la scène internationale. Au cœur des débats de la primaire de gauche en France – où le candidat Benoît Hamon en fait une mesure phare de son programme, il est également depuis le premier janvier testé en Finlande.
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Contrairement au cas suisse, où des partis de gauche soutenaient l’initiative, c’est un gouvernement de droite élu en Finlande en mai 2015 et engagé dans une politique d’austérité destinée à relever le pays, qui en est à l’origine. Deux mille chômeurs ont été désignés depuis le 1er janvier pour recevoir, en remplacement de leurs allocations chômage - à l’exception de la couverture santé - 560 euros mensuels versés de manière inconditionnelle. Une somme insuffisante pour vivre, dans un pays où le revenu moyen s’établit à 2200 euros.
Favoriser la flexibilité
Il s’agit en premier lieu d’économiser sur l’aide sociale en réduisant les prestations versées et gagner également sur les frais administratifs, le revenu de base étant versé sans aucun contrôle de la part de l’Etat. Le second objectif est d’inciter fortement les chômeurs à accepter des emplois, même sous-qualifiés où à temps partiel pour subvenir à leurs besoins. A la différence de l’assurance chômage, les revenus du travail s’ajouteront dans leur intégralité au RBI perçu par les chômeurs.
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Empêtré dans une crise sans précédent, due en partie au déclin du fleuron national Nokia, la Finlande affiche 9,4% de chômage et a vu sa dette quasi doubler depuis 2007. Le premier ministre Juha Sipilä vise par la mesure à favoriser la flexibilité du travail pour relancer la compétitivité des entreprises. La gauche et les puissants syndicats finlandais ont dénoncé un risque de «précarisation» et regretté que le revenu de base, à vocation universelle, ne soit testé que sur les chômeurs, et non en parallèle sur des salariés ou des étudiants.
Lausanne, vers un RBI plus «social»
Pour Léonore Porchet, présidente des Verts Lausannois qui avait soutenu l’initiative « Pour un revenu de base inconditionnel» au printemps dernier, la proposition finlandaise est intéressante mais passe à côté de l’essentiel: «Le but premier du revenu de base est d’éradiquer la misère en garantissant à l’ensemble des citoyens un minimum vital.»
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L’exécutif lausannois va plancher cette année sur une proposition des Verts, afin de tester le RBI, en particulier auprès de bénéficiaires de l’aide sociale dans la ville. Le montant, calé sur le revenu d’insertion, sera cumulable avec les revenus de toute autre activité professionnelle, dans le but de favoriser le retour à l’emploi et la création d’entreprise, mais aussi d’autres activités non salariées. «Le revenu de base permettrait l’expression d’utilité sociale non nécessairement rémunérée, estime Léonore Porchet. 60% du travail utile aujourd’hui à la société n’est pas salarié.»
Reste la question du financement d’une mesure qui, généralisée, s’avèrerait beaucoup plus coûteuse que le RBI finlandais. Pour Léonore Porchet, la numérisation doit entraîner une nouvelle répartition des richesses: «Avec la numérisation et l’automatisation, la productivité augmente mais pas les salaires. Le RBI permettrait de redistribuer ces nouvelles marges aux citoyens plutôt qu’aux actionnaires.»
L’idée devra toutefois faire l’objet d’une proposition de l’exécutif lausannois, puis être débattue et approuvée par le Conseil avant d’être mise en route. Aucun calendrier n’est fixé à l’heure actuelle.
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