Pour surperformer, visez le disruptif
Digitalisation, santé, évolution démographique et risques climatiques comptent parmi les thèmes qui sortiront renforcés de la crise sanitaire actuelle, selon le gérant Paolo Bozzo.
Pour réaliser des performances supérieures au marché à moyen et à long terme, rien de tel qu’une stratégie de placement qui privilégie des sociétés dominantes dans leur secteur, offrant des rendements stables et exposées en première ligne aux changements de paradigmes des prochaines décennies, tels que la transformation digitale, l’évolution démographique ou les risques climatiques. C’est l’approche de Paolo Bozzo, associé-gérant de De Pury Pictet Turrettini & Cie, asset manager genevois qui gère plus de 4 milliards de francs.
«Microsoft, par exemple, est en hausse de 14% depuis janvier, car ce groupe continue à bénéficier de marchés porteurs tels que les logiciels, le télétravail, le cloud, le réseau social LinkedIn, et même les jeux vidéo», explique Paolo Bozzo. C’est l’exemple type d’une société fortement exposée à la digitalisation, positionnée sur des tendances d’avenir qui sont accélérées par la crise actuelle. «Nous sommes dans un marché qui favorise les entreprises exposées à des tendances à long terme au détriment des sociétés plus cycliques.» La pandémie accentue les écarts entre les gagnants et les perdants: les géants technologiques tels que Facebook, Amazon, Netflix et Google (les «FANG») ou même encore Apple et Microsoft bénéficient de quasi-monopoles et, pour la plupart, de bilans solides et d’une forte capacité d’autofinancement. Ces entreprises permettent au Nasdaq de générer une performance presque positive à ce jour malgré la crise. A l’inverse, en Europe, les valeurs technologiques sont moins dominantes et les industries plus cycliques continuent d’avoir un poids significatif sur les indices boursiers du Vieux-Continent. Le secteur automobile européen, par exemple, fait face à d’énormes défis à la suite du «diesel gate» et du virage tardif à l’électrique, estime l’associé-gérant. L’écart de performance entre les bourses américaines et européennes devrait continuer à se creuser, prévoit-il.
Huits grandes tendances
Paolo Bozzo a lancé sa stratégie d’investissement en actions globales dès 2016. Gérant principal du fonds White Fleet IV-Secular Trends, qui compte près de 180 millions de dollars d’actifs sous gestion, il a réalisé une performance de 34,6% en 2019, battant de 7% l’indice de référence (MSCI ACWI NTR). Cette année, le portefeuille est positif et fait plus de 16% de mieux que le même indice. Paolo Bozzo applique une gestion diversifiée, avec une faible rotation du portefeuille, qui fait abstraction de la psychologie de marché. Les sociétés doivent être fortement exposées à huit grandes tendances: le vieillissement de la population, la robotisation et l’automatisation, l’essor de la classe moyenne des pays émergents, la digitalisation et les «millennials», le renforcement de la sécurité, la transition énergétique, le traitement et la distribution d’eau, et l’importance de la santé et du bien-être.
Parmi les titres détenus en portefeuille, Paolo Bozzo cite Intuitive Surgical, leader des équipements pour la chirurgie robotique, «idéalement positionnée pour continuer à gagner des parts de marché dans les procédures chirurgicales». Il mentionne également Kerry Group, fournisseur de l’industrie agroalimentaire, dont les perspectives de croissance à moyen terme devraient continuer d’être deux à trois fois supérieures à celles de Nestlé, Danone ou Unilever. Match Group, propriétaire de Tinder et leader mondial des sites de rencontre, qui bénéficie du succès grandissant de celles en ligne, est également présent dans le portefeuille, ainsi que Sonova, numéro un des solutions auditives innovantes, propriétaire de Phonak, entre autres, qui continuera à bénéficier du vieillissement de la population et de son avantage technologique.
Une stratégie de gestion misant sur les gagnants à long terme sortira encore renforcée par la crise du Covid-19, qui va susciter davantage de digitalisation, d’indépendance énergétique, et d’investissements dans la santé et dans la sécurité, selon Paolo Bozzo.