Miser sur le financement d’infrastructures
Alors que les investisseurs sont en quête de rendements supérieurs aux obligations d’Etat, investir dans l’infrastructure apparaît comme une alternative attrayante. «Une des stratégies consiste à investir dans le financement de dettes liées à l’infrastructure», suggère Damien Contes, gestionnaire obligataire spécialisé en infrastructure globale chez la société californienne DoubleLine Capital.
«Nous avons constaté qu’il n’y avait quasiment pas de fonds obligataires spécialisés en infrastructures aux Etats-Unis à part des fonds d’obligations municipales, dont la durée est très longue. Ces derniers exposent l’investisseur à un risque élevé de taux d’intérêt. Ce n’est pas très attractif. De notre côté, nous avons lancé un fonds obligataire dont l’univers de placement regroupe les dettes d’entreprises, le financement de projets, et les produits structurés liés à l’infrastructure, cette troisième classe ayant des durations plus courtes, de 2 à 4 ans. Ainsi, la composition du portefeuille mitige le risque lié aux projets de long terme, pour offrir à l’investisseur des durations inférieures à 6 ans.»
Damien Contes relate comment la désintermédiation bancaire a ouvert la voie à des gérants de fonds comme DoubleLine: «Auparavant, le financement de projets d’infrastructure passait par les banques. Depuis la crise de 2008 et les contraintes de Bâle III, les banques syndiquent le risque de crédit, et DoubleLine fait partie des fonds qui rachètent les prêts bancaires.» Des fonds spécialisés en finance structurée deviennent de plus en plus les contreparties des banques.
Ce phénomène est aussi encouragé par l’essor des partenariats public-privé (PPP) qui prennent la forme de rabais fiscaux ou de concessions. DoubleLine finance des projets sûrs tels que les énergies renouvelables aux Etats-Unis et les compagnies d’électricité régulées, mais aussi des nouvelles lignes de métros au Pérou et au Chili, des aéroports en Australie et au Mexique, des autoroutes en Colombie et en Corée du Sud, par exemple. Aux Etats-Unis, quelque 55 000 ponts doivent être réparés, y compris le pont de Brooklyn.
Quelque 1000 milliards de dollars sont budgetés par Washington et passeront par des PPP. Dans les marchés émergents, ce sont les nouvelles infrastructures qui créent des opportunités. DoubleLine ne finance que du crédit de qualité, noté de AAA à BBB-. Moins volatile, la dette d’infrastructures permet d’espérer un rendement supérieur à la dette d’entreprise, selon Damien Contes, tout en étant plus sûre que cette dernière, qui n’a pas de collatéralité et n’est donc pas sécurisée.