Les banquiers suisses veulent faire pression sur l’UE

Président de l'ASB depuis 2016, le CEO de Vontobel Herbert Scheidt appelle Berne à intercéder en faveur des banques auprès de l'UE.
L'Association suisse des banquiers (ASB), le lobby de la place financière, a trouvé une idée pour accélérer l’accès des établissements nationaux aux marchés de l’Union Européenne (UE). Des marchés dont les banques helvétiques sont actuellement exclues, faute d’adhésion à l’UE. L’ASB appelle Berne à faire pression en utilisant le « milliard de cohésion » comme moyen de levier. Ainsi, si les banques n’ont pas rapidement la possibilité de proposer leurs services sur le marché européen, cette contribution en faveur des pays de l’Est ne sera pas versée par la Suisse. L’association faîtière faisait part de cette suggestion devant la presse jeudi à Zurich, à l’occasion de la Journée des banquiers 2017.
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Tout en prônant le maintien de la voie bilatérale entre la Suisse et l’UE, le président de l’ASB Herbert Scheidt a martelé : « Sur la question de l’équivalence des lois suisses dans le domaine financier, l’UE reste beaucoup trop lente. Nous devons montrer que la Suisse n’est pas n’importe quel Etat tiers. Nos banques versent des impôts dans des Etats membres de l’UE, qui touchent aussi des recettes fiscales générées par les frontaliers, tandis que nos banques investissent dans les mêmes régions. » Des remarques qui visent en particulier l’Italie et la France.
Orientation vers des marchés ouverts
Au sujet du "milliard de cohésion", rappelons que la Confédération étudie la possibilité d’une nouvelle contribution en faveur de la réduction des inégalités dans les pays de l'UE. Le Conseil fédéral doit livrer une appréciation générale sur la collaboration avec l’UE cet automne. Ces échanges s’inscrivent dans un contexte tendu, du moment que les conséquences de l’initiative du 9 février visant à limiter la libre circulation des personnes ne sont toujours pas réglées entre la Suisse et l’UE.
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L’ASB a souligné que son action s’oriente en priorité vers des marchés ouverts, dans une perspective libérale. En même temps, l’association faîtière veut aussi encourager la prise en compte des intérêts du domaine bancaires dans les projets de lois de la Suisse. A la tête de l'ASB depuis 2016, Herbert Scheidt, CEO de Vontobel, souligne : « La réglementation doit miser sans états d’âme sur la compétitivité et exploiter les marges de manœuvre dont dispose la Suisse par rapport à l’étranger. »
Et bien sûr, l’innovation est aussi mentionnée comme ligne directrice, avec les efforts entrepris par l’ASB pour favoriser la transition numérique chez ses membres.