Les banquiers néerlandais prêtent serment devant Dieu

La prestation de serment est devenue un passage obligé pour les dirigeants d'institutions financières néerlandaises depuis janvier, et va s'étendre à tous les professionnels de la branche d'ici fin 2014.
Crédits: Image: AFPDepuis la crise de 2008, les professionnels du secteur de la finance sont l'objet de critiques virulentes. Ceux qui apportent les fonds nécessaires au dynamisme de l'économie semblent avoir perdu la confiance du grand public. Le cabinet Edelman avait ainsi mesuré la confiance du grand public dans ce secteur aux Pays-Bas (et dans 26 autres pays) en 2008 et 2013: en cinq ans, le niveau de confiance était passé de 90% à 37%.
Or, sans confiance, difficile de tisser des liens entre les professionnels de la finance d'une part, et les entreprises, particuliers et autres clients de ce secteur de l'autre. D'où une batterie de mesures, allant des codes déontologiques aux tests diligentés par les autorités de tutelle.
A ce corpus de mesures, les Pays-Bas ont décidé d'en ajouter une autre: un serment à prêter lors de l'entrée en fonction par les dirigeants d'institutions financières. «Je jure que je m’efforcerai de préserver et consolider la confiance dans l’industrie des services financiers. Que Dieu tout-puissant me vienne en aide»: voilà le final du texte que doivent prononcer les impétrants depuis le 1er janvier. Si les dirigeants sont seuls touchés dans un premier temps, tous les professionnels de la branche, soit 90'000 personnes dans le pays, devraient être soumis à ce rituel d'ici le deuxième trimestre 2014.
Des sanctions sont prévues
Si l'initiative est une première dans le genre en Europe, elle n'est pas anodine pour autant: une batterie de sanctions est prévue pour punir ceux qui se parjureraient dès le 1er janvier prochain. Chris Buijink, chairman de l’association bancaire néerlandaise, décline la batterie de sanctions avec les amendes, voire des suspensions temporaires. Il ajoute qu'un «comité de discipline indépendant d’experts» devra mener les examens sur les personnes concernées. En cas de non-respect des règles de conduite, des plaintes pourront être déposées par les personnes morales ou physiques qui s'estimeraient lésées.
Quant aux athées ou aux personnes ne souhaitant pas mêler Dieu à leur serment, une variante sans référence au Très-Haut est possible. Mais sans doute les dirigeants politiques ont-ils estimé qu'il valait mieux un appel au Ciel qu'aux subsides de l'Etat: entre 2008 et 2013, le gouvernement néerlandais a dépensé plus de 95 milliards d’euros (120 milliards de francs) en capital et garantie pour renflouer les banques.