Le point de vue des hedgies
Délits d’initiés Après l’affaire Galleon en 2009, 2010 aura été marquée par une série retentissante de délits d’initiés qui n’a pas manqué d’éclabousser toute l’industrie alternative, notamment dans les secteurs de la santé et de la technologie. Faut-il donc croire que les hedgies sont vraiment plus vulnérables que d’autres acteurs financiers? Disons-le d’emblée, il n’existe aucun moyen de se prémunir d’un tel risque. Tout au plus peut-on le tempérer par une meilleure compréhension de facteurs susceptibles d’en augmenter l’impact.
Premièrement, la taille trop importante d’un fonds peut pousser un gérant à prendre davantage de risques et de ce fait à succomber à la tentation d’utiliser des informations illégales afin de générer des profits, ou pire, de maintenir son niveau de performance en dépit d’une masse sous gestion trop lourde par rapport à sa stratégie.
Deuxièmement, le parcours historique d’un gérant et sa réputation doivent être minutieusement vérifiés, surtout si ses employeurs passés ont eu maille à partir avec les autorités de surveillance. Troisièmement, les secteurs reposant sur l’innovation (technologie, biotechnologie) et dont les produits ont un cycle de vie plus court sont davantage exposés.
Quatrièmement, l’utilisation d’experts externes, actuellement dans la ligne de mire de la SEC, peut amplifier le risque de délit d’initié si ceux-ci ne respectent pas leur devoir de confidentialité. Enfin, statistiquement, les cas sont bien plus nombreux outre-Atlantique. Par ailleurs, le débat fait actuellement rage suite à la polémique, à vrai dire absurde, déclenchée par cette même SEC quant au processus habituel de recherche fondamentale telle qu’appliquée par les gérants alternatifs et les analystes: selon le gendarme de la bourse américaine, appeler les sous-traitants et fournisseurs d’une société serait déjà assimilé à une forme de délit d’initié!
Les conseils de prudence tiennent dès lors en quelques mots: taille du fonds en adéquation avec sa stratégie, compréhension de la manière dont naissent les idées d’investissement du gérant et de la source réelle de son alpha, utilisation justifiée ou non d’un consultant externe, éthique et déontologie, enfin, conformité mais surtout application des réglementations internes et externes.