La Banque du Japon surprend les marchés par l'adoption de taux négatifs
La Banque du Japon (BoJ) a surpris en annonçant vendredi l'instauration de taux d'intérêt négatifs pour tenter de relancer une inflation et une économie vacillantes, une mesure exceptionnelle justifiée par les turbulences actuelles sur les marchés.

La Banque du Japon (BoJ) a surpris en annonçant vendredi l'instauration de taux d'intérêt négatifs pour tenter de relancer une inflation et une économie vacillantes, une mesure exceptionnelle justifiée par les turbulences actuelles sur les marchés. - - A la Bourse de Tokyo, cette annonce a fait bondir l'indice Nikkei jusqu'à 3,5% avant qu'il ne fluctue. Une vingtaine de minutes avant la clôture, il augmentait de 2,4%. Le yen a également chuté dans la foulée, le dollar s'élevant à 120,40 120 yens, contre 118,90 yens un peu plus tôt. - - "Le gouverneur Haruhiko Kuroda a bâti sa réputation en changeant de cap sans crier gare, et la décision de ce jour ne fait que conforter sa réputation", a réagi Capital Economics dans une note. - - La BoJ a fixé à -0,1% son taux de dépôt au jour le jour, un outil qui consiste à pénaliser les banques qui placent leurs liquidités dans ses coffres plutôt que de les prêter. En théorie, abaisser ce levier en dessous de zéro devrait stimuler le crédit et donc l'activité économique. - - Cette mesure, qui a été adoptée par une courte majorité (5 voix contre 4), entrera en vigueur à partir du 16 février et pourrait être amplifiée "si jugé nécessaire", a précisé l'institution qui marche ainsi dans les pas de la Banque centrale européenne (BCE). - - En juin 2014, la BCE était devenue la première grande banque centrale du monde à tester les taux négatifs, imitant la politique suivie par d'autres banques centrales de plus petite taille comme celles du Danemark ou de Suisse . - - Le comité de politique monétaire de la BoJ a par ailleurs reconduit à l'identique son vaste programme de rachat d'actifs d'un montant actuel de 80.000 milliards de yens par an (quelque 600 milliards d'euros), qui était resté inchangé depuis fin octobre 2014. - - La banque centrale explique avoir décidé de passer à la vitesse supérieure du fait de "la volatilité des marchés financiers mondiaux, sur fond de poursuite du déclin des prix du pétrole et d'incertitudes dans les pays émergents et exportateurs de matières premières, en particulier en Chine". - - Les cours du brut ont récemment chuté au plus bas depuis 2003 , les places financières ont trébuché - à Tokyo, le Nikkei a subi son pire début d'année depuis 1949 - et le yen s'est renforcé, un élément susceptible de heurter les profits des firmes exportatrices nippones. - - Inflation: échéance encore repoussée - - "Pour ces raisons, il y a un risque grandissant" que le moral des entreprises japonaises soit affecté et la fin de la déflation retardée, justifie la BoJ. - - Après des débuts encourageants, les effets de la politique de relance du Premier ministre Shinzo Abe (appelée abenomics) se sont essoufflés et les critiques se sont multipliées face à des réformes structurelles jugées insuffisantes. - - Le Premier ministre conservateur Shinzo Abe vient en outre de perdre un des artisans de cette ambitieuse stratégie, le ministre de la Revitalisation économique Akira Amari, emporté par un scandale financier. - - Pièce maîtresse du dispositif, la banque centrale a, sous l'impulsion de son gouverneur Haruhiko Kuroda, profondément réformé en avril 2013 la politique monétaire en ciblant une inflation de 2% via un massif programme d'"assouplissement qualitatif et quantitatif" (QQE). - - Elle escompte désormais y parvenir "autour du premier semestre 2017-2018" (avril-septembre 2017). Elle espérait jusqu'ici atteindre son objectif six mois avant, mais les cours de l'or noir ont continué de sensiblement décliner. - - La prévision d'inflation pour la période d'avril 2016 à mars 2017 a par ailleurs été abaissée de 1,4% à 0,8%. - - En décembre, l'institution avait apporté des ajustements techniques à son programme, sans en changer l'ampleur, une annonce qui avait déçu les marchés. - - Cette fois, les avis étaient partagés face à ce qui apparaît pour certains comme une solution de "dernier recours", a commenté Koichi Fujishiro, de l'institut de recherche Dai-ichi Life, joint par l'AFP. "Il y a le sentiment que la BoJ a peut-être épuisé tous les outils techniques à sa disposition", a-t-il dit.
AWP
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