L'app Abra veut devenir l'Uber de la banque
«La banque traditionnelle est vraiment efficace pour servir les 5 à 10% de consommateurs mondiaux qui atteignent un certain niveau de revenus. Mais la réalité c'est que la majorité de la planète vit une économie basée sur le cash et que les banques ne fonctionnent pas pour ces personnes»: ce constat signé Bill Barhydt, spécialiste des paiements en ligne, l'a poussé à lancer sa propre startup voici quelques mois. Avec Abra, il entend révolutionner l'univers des transferts d'argent et permettre à de nombreux clients de se passer des banques.
En se penchant sur le système, force est de constater que le modèle Uber l'a inspiré: une app mobile utilisant un système de géolocalisation pour mettre en relation des acteurs capables de se fournir un service, qu'il s'agisse de particuliers ou de professionnels utilisant l'application. Principal atout avancé par Bill Barhydt et son équipe: des commissions réduites à 0,25% des sommes transférées, alors que les acteurs traditionnels imposent des taux largement plus élevés, comme 10% pour Western Union sur les transactions internationales. Avec Abra, le taux est donc largement réduit, même si l'opération doit transiter par un «teller» (guichetier inscrit et référencé sur le portail web) qui lui-même prélève une commission de son choix (avec plafonnement recommandé par Abra à 1,75%, soit 2% en tenant compte de la commission Abra).
Plus besoin de compte en banque
Si d'autres apps et services en ligne ont déjà remué le secteur ces dernières années avec l'émergence d'un vaste écosystème du paiement mobile et des transferts de fonds internationaux dans le milieu de la fintech, la quasi-totalité des solutions jusqu'alors émergées nécessitaient de disposer d'un compte bancaire. Avec Abra, ce prérequis est balayé: toute personne peut s'adresser à un «teller» dans son environnement proche pour déposer ou retirer de l'argent liquide, grâce à une transaction validée par l'app et confirmée avec un QR code que les deux parties reçoivent et doivent scanner.
Si des sommes en cash peuvent ainsi venir créditer les comptes des utilisateurs de l'app, Abra fonde aussi beaucoup d'espoirs sur le Bitcoin et sa blockchain, qui doivent favoriser le développement de l'app hors des circuits financiers traditionnels. Ainsi, ce modèle de transfert d'argent échappe à toutes les réglementations en vigueur jusque-là et notamment les accords de Bâle III. Tout repose sur la confiance des utilisateurs de l'app dans le système proposé par Bill Barhydt et son équipe. Dans un marché des transferts de fonds entre particuliers estimés à 550 milliards de dollars par an, le développement d'un tel succès vient potentiellement bouleverser les règles. Comme Uber (mais aussi Lyft et les autres sociétés de VTC) a révolutionné l'univers des transports.
Succès pour Abra dans les conférences et festivals
Présentée lors du festival Launch à San Francisco au printemps, Abra a rencontré un grand intérêt, rafflant les récompenses et les soutiens, notamment en matière d'investissement. Rapidement, l'app a été lancée sur iOS et Android. Et le succès a été renouvelé quelques semaines plus tard lors de l'événement XFinance à New York.
We are floored by this incredible honor RT @Jason: The #LAUNCHFestival 2015 overall winner is @AbraGlobal! http://t.co/yh4mwQ2YxG
— Abra (@AbraGlobal) 5 Mars 2015
Our CEO presenting Abra to the crowd at #xfinance in New York City. pic.twitter.com/ux22eT7yyP
— Abra (@AbraGlobal) 2 Juin 2015
Outre la facilité de transfert des sommes d'argent et l'inutilité de disposer d'un compte bancaire, Abra assure aussi que les comptes des utilisateurs simples ne comportent aucune collecte de données privées: seuls les tellers font l'objet d'une étude plus approfondie destinée à garantir le sérieux de ces interlocuteurs. Autre avantage avancé par Bill Barhydt et ses associés: chaque somme transférée ou déposée sur l'app est évaluée en dollars et sa valeur est garantie à l'identique pour trois jours, épargnant aux utilisateurs toute mauvaise surprise liée aux effets de change.
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