Gare au risque de liquidité

La liquidité est la capacité pour un investisseur de vendre à plus ou moins brève échéance un titre.
Crédits: FotoliaCes dernières semaines ont été marquées par des mises en garde contre la dégradation de la liquidité sur les marchés financiers, et notamment sur le marché obligataire, vulnérable à une hausse des rendements. Sur le marché des actions et des devises, les mouvements violents observés sur certaines séances du mois d’août attestent aussi de tensions sur la liquidité.
La liquidité des marchés financiers, c’est-à-dire la capacité pour l’investisseur de vendre à plus ou moins brève échéance un titre, s’est réduite depuis la sortie de crise. «Des facteurs comme le retrait des grandes banques faiseuses de marché, suite à la régulation, le poids croissant du trading algorithmique et la fragmentation de la liquidité entre différentes plateformes d’exécution, accentuent ces risques de liquidité», explique un spécialiste des marchés.
Les transactions sur le marché «repo» (repurchase agreement), qui consistent en un échange de titres fixes contre des liquidités à vingt-quatre heures, se sont raréfiées, passant de 4800 milliards de dollars en 2008 à 2200 milliards en 2015, suite aux réglementations plus coûteuses en fonds propres. Ce retrait des gros fournisseurs de liquidité va entraîner, selon cet expert, des mouvements plus chaotiques sur les marchés, «sans qu’il n’y ait toujours de raison profonde derrière».
Le risque d’illiquidité, rappelle la Banque Barclays, n’épargne pas les fonds de placement, qui sont sujets à l’illiquidité potentielle des actifs sous-jacents, à commencer par les obligations d’entreprises. Des instruments censés être 100% liquides en tout temps, comme les ETF sur actions, n’ont pas non plus passé le test de la réalité et ont vu leur cotation suspendue durant les journées turbulentes d’août: en effet, si le trading d’une action incluse dans l’ETF est suspendu, il n’est plus possible de coter un prix pour l’ETF lui-même. Et l’investisseur qui par malheur passe un ordre de vente de son ETF en pareille situation peut devoir vendre à un prix effondré et essuyer des pertes élevées.
Spirales infernales
Les risques de liquidité sont aussi soulevés par les banques centrales et leurs sorties des programmes d’assouplissements quantitatifs: comment la Fed, la BCE et la Banque d’Angleterre remettront-elles sur le marché les titres obligataires parqués sur leurs bilans, pour respectivement 4000 milliards de dollars, 2000 milliards d’euros et 400 milliards de livres sterling, sans menacer la stabilité du système?
En Europe et aux Etats-Unis, les régulateurs s’intéressent à présent aux moyens d’éviter la survenue de journées de spirales infernales déclenchées par ces trous de liquidité désormais programmés dans les marchés.