Conseils pour gérer sa fortune en ligne
Les plateformes numériques vantent leur transparence et leurs coûts réduits. Mais l’offre n’est pas adaptée à toutes les situations. Il faut bien estimer son profil de risque.
Fintech est le nom donné à la conjugaison de moyens techniques modernes et de services financiers. Pour ces derniers, la chaîne de création de valeur s’est modifiée à l’âge du numérique. Les clients s’attendent à pouvoir faire leurs emplettes de produits financiers indépendamment du lieu où ils se trouvent. Cela signifie la possibilité illimitée de se référer en tout temps à ses propres données et de réaliser soi-même diverses opérations financières. Le marché réagit à cette mutation par des offres diversifiées.
Trois types de modèles - -
Une part de cette offre numérique donne la possibilité de gérer soi-même ses avoirs en ligne. Divers modèles ont déjà été développés à cet effet. La répartition suivante se profile au sein de la gestion de fortune, autrement dit des plateformes d’investissement: d’une part, il existe des gérants de fortune en ligne comme Wealthfront, True Wealth, Quirion et Fintego; d’autre part, il y a des prestataires de «social trading» comme Wikifolio, eToro et Ayondo. Et, finalement, il existe des offres pour la planification financière en ligne, au nombre desquelles figurent Learnvest et Personal Capital.
Les gestionnaires de fortune en ligne proposent en substance une plateforme automatisée permettant de gérer ses biens tout seul et de manière peu compliquée. La mise en pratique de cette gestion de fortune standardisée se fonde pour l’essentiel sur des Exchange Traded Funds (ETF).
Le social trading intègre des stratégies de négoce révélées par des participants, permettant à d’autres d’accéder à de telles connaissances. Les investisseurs peuvent se conformer à des experts et, dans le cas de Wikifolio par exemple, copier directement leur dépôt via un certificat négociable.
La planification financière en ligne, elle, n’est pas encore au point sous nos latitudes. Il s’agit en l’occurrence d’une combinaison de conseils en ligne et hors ligne car, au terme d’un certain processus, c’est un conseiller à la clientèle qui met les propositions au point. De cette manière, des propositions individuelles peuvent être faites, qui tiennent compte, par exemple, de la prévoyance professionnelle.
Suivant le type de modèles, la gestion de fortune en ligne renonce totalement à un conseil personnalisé, de sorte que le déroulement des opérations prend un caractère robotique. Quiconque souhaite investir son argent de manière simple et opte pour une approche de placement passive trouvera dans ce genre d’offre en ligne une innovation bienvenue. Pour le prestataire, les développements technologiques permettent une industrialisation des processus entraînant une réduction des coûts.
Si, en revanche, des questions plus complexes entrent en ligne de compte, de telles offres purement techniques sont inadaptées: à ce point, un conseil en placement classique s’impose. D’autant que le conseil en placement doit s’assurer, notamment sur la base des prescriptions légales, que l’investisseur connaît son profil de risque et qu’il gère ses placements en fonction de ce dernier.
Alors qu’en situation de conseil physique un conseiller à la clientèle peut intervenir pour corriger une initiative, quand le client a mal estimé sa disposition et sa capacité au risque, le client ne peut s’en prendre qu’à lui-même s’il gère seul sa fortune en ligne. Les offres de gestion de fortune en ligne pure vantent une utilisation facile. Mais alors l’investisseur doit être versé dans le domaine pour choisir la stratégie qui lui convient le mieux. Il doit notamment comprendre ce que le risque lié signifie pour lui. Par conséquent, les prestataires en ligne seraient bien inspirés de proposer davantage d’aide lors de la détermination du profil de risque adéquat.
Une enquête de la Haute Ecole zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) sur les profils de risque des clients de banques montre qu’un simple questionnaire ne suffit pas. Les clients doivent expérimenter ce que le risque lié à la stratégie représente vraiment.
A cette fin, des situations tangibles devraient être représentées visuellement: que se serait-il passé avec mon portefeuille dans l’actuelle crise financière? Mes objectifs (par exemple l’achat d’une maison) auraient-ils quand même été atteints? Combien de temps y aurait-il fallu?
Se passer de conseil est risqué - -
Dans cette optique, les investisseurs doivent se demander dans quelle mesure un site internet facile à manier et un concept de placement élémentaire suffisent pour assurer leurs besoins à moyen et long terme et atteindre leurs objectifs. Dans cette réflexion coût-bénéfice, il est possible que le client soit ébloui par la simplicité d’utilisation d’une plateforme technique: un robot expédie les opérations sans les coûts somptuaires d’une gestion de fortune.
Mais pour le client, il importe de prendre en compte l’ensemble des coûts dérivant de décisions d’investissement éventuellement erronées ou, du moins, inadaptées au profil de risque. Les banques réagissent à la sensibilité aux coûts plus élevée par de nouveaux modèles de frais de gestion. Les clients peuvent ainsi acquérir un conseil de manière ciblée et ne paient donc, sur la valeur de leur dépôt, que la prestation bel et bien demandée et non plus un pourcentage forfaitaire relativement coûteux.
Il existe deux sortes de produits en ligne, qu’il s’agit de distinguer: ont-ils été développés uniquement pour permettre un déroulement plus rapide, plus moderne et plus autonome des opérations ou supposent-ils un accompagnement ciblé dans le processus de conseil à l’investissement? Autrement dit, si les clients attendent une prise en charge qui détermine de façon fiable leur profil de risque et réalise leurs placements en conséquence, le premier terme de l’alternative est inapproprié.
* Gabriela Nagel et Johannes Höllerich travaillent pour la ZHAW School of Management and Law. La première, docteure en économie publique, est vice-directrice du département Banque, finance, assurance. Le second, MSc Banking & Finance, est collaborateur scientifique. Leur article est paru dans «Finanz und Wirtschaft»
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