Comment investir dans les sciences de la vie
Le bouillonnement entrepreneurial dans les biotechs et les medtechs romandes atteint une maturité qui se manifeste par des introductions en bourse. Une opportunité de placement?
Il y a des signes qui ne trompent pas. Comme le grand logo de Sophia Genetics qui signale l’immeuble de Saint-Sulpice (VD) qu’occupe cette entreprise de génomique qui recrute à tour de bras. Et puis il y a eu les introductions en bourse cette année de la genevoise GeNeuro et de la lausannoise AC Immune. Et aussi des levées de capital-risque à des niveaux inédits dans l’arc lémanique: celle de 100 millions d’ADC Therapeutics basée au Biopôle près du CHUV et celle du même ordre du spin-off de l’EPFL MindMaze.
Le développement des start-up des sciences de la vie en Suisse romande atteint la maturité. Au point de devenir attractif pour des investisseurs non spécialisés? La question nous ayant été posée par des lecteurs à la suite de la publication de «Technology by Bilan» sur les sciences de la vie, on peut tenter d’y répondre. Pour commencer, il faut dire que rien n’est fait pour y encourager les investisseurs locaux à accompagner ou profiter d’un secteur qui devient le moteur de l’économie locale…
Si jusqu’à la crise de 2008 la Bourse suisse se positionnait comme une place de choix pour l’introduction en bourse des biotechs ou medtechs, ce n’est plus le cas. Les banques suisses n’ont même plus d’analystes pour suivre ce secteur. A l’exception de Molecular Partners, les dernières introductions en bourse ont eu lieu systématiquement sur le Nasdaq aux Etats-Unis comme dans le cas d’AC Immune (et précédemment d’Auris Medical et CRISPR Therapeutics) ou sur Euronext dans celui de GeNeuro.
Il est naturellement possible d’acheter ces titres. Mais la situation se complique pour l’investisseur qui voudra diversifier des placements qui restent très risqués dans le cas des biotechs ou assez risqués dans celui des medtechs. La plupart des fonds de placement incluant ce genre d’actions sont orientés soit sciences de la vie soit petite ou moyenne capitalisation. Les premiers ont surtout de grosses positions dans les grandes pharmas. Ce n’est pas mal, bien sûr, mais cela ne répond pas à la question posée. Surtout si en plus on souhaite investir avant l’IPO.
Les fonds small et mid caps sont, eux, généralement très diversifiés sectoriellement et géographiquement. Analyste senior chez Société Générale CIB, Delphine Le Louët attire cependant l’attention sur quelques exceptions intéressantes. En Suisse, Bank am Bellevue (BB Biotech) est depuis vingt ans un leader des sciences de la vie. Elle a ainsi investi dans le spin-off de l’EPFL Aleva Neurotherapeutics.
La BZ Bank de Martin Ebner a aussi organisé un pool d’investisseurs pour entrer au capital de la genevoise NovImmune qui est sur la short list des prochaines IPO. En France, des gérants comme Gestys et Arbevel sont aussi très actifs sur les valeurs émergentes de la biotech européennes. Enfin, certains fonds comme Heights Capital ou Gimv aux Pays Bas sont aussi actifs avant et après les IPO ou les acquisitions. En Suisse, Gimv était, par exemple, au capital d’Endosense et de Covagen et l’est maintenant à celui de G-Therapeutics et de Spineart.
Le ticket à 1 million - -
De tels véhicules d’investissement demeurant exceptionnels et la plupart des stars des biotechs romandes n’étant pas cotées, l’investisseur doit se poser la question d’investissements privés. Comme l’explique Bernard Vogel, partenaire du fonds genevois de capital-risque Endeavour, «les sciences de la vie sont un domaine difficile à suivre si l’on n’est pas spécialisé.
Contrairement à beaucoup de secteurs où les chiffres financiers ou même opérationnels sont de bons indicateurs, les «valuation milestones» des sociétés dans les sciences de la vie se situent plus souvent autour de résultats cliniques, du lancement de nouveaux produits ou de partenariats stratégiques. Pour comprendre ces événements, il est nécessaire de bien comprendre la société, son portefeuille d’activités, ses résultats cliniques, etc.» Selon lui, «ces éléments sont mieux maîtrisés par des investisseurs professionnels, ce qui «réduit» l’élément chance dans l’équation de l’investissement».
En Suisse, des fonds comme Endeavour, Versant, Redalpine, BioMedinvest, Neomed, Aravis, BlueOcean, Rothschild, Banexi, Sofinnova ou Wellington sont particulièrement actifs dans les sciences de la vie locales. Mais investir au travers de ces véhicules n’est pas simple. «Il existe un certain nombre de réglementations supposées protéger les investisseurs privés qui empêchent les petits investisseurs d’entrer dans des fonds de capital-risque, poursuit Bernard Vogel. D’autre part, ces fonds ne sont pas structurés pour accepter un grand nombre de petits investisseurs et mettent donc un ticket minimum assez élevé pour y souscrire.» On parle de 1 million de francs.
Qui plus est, comme l’explique Jean-Philippe Tripet, partenaire d’Aravis, «la distribution des fonds de Venture est réglementée et surveillée par la Finma. Les investisseurs auxquels nous pouvons faire appel doivent être institutionnels ou qualifiés.» Pour l’investisseur privé, cela signifie, comme l’explique Emmanuel de Watteville, general partner de BlueOcean Ventures, «soit de disposer d’une fortune financière d’au moins 5 millions de francs, soit d’au moins 500 000 francs si l’investisseur possède les connaissances nécessaires pour comprendre les risques des placements du fait de sa formation personnelle et de son expérience professionnelle ou d’une expérience comparable dans le secteur financier».
Si l’on n’est pas dans ce cas de figure, il reste des structures comme le club Business Angel Switzerland, qui au travers ses «dinner meetings» présente à ses membres des sociétés comme Abionic, qui ont ensuite été financées. D’autre part, les plateformes Go Beyond et Investiere permettent aussi d’entrer au capital de quelques biotechs et medtechs suisses.
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