Boris Collardi, une ascension-éclair dans le monde de la finance
Jeune, Romand, sans cursus académique, le patron de Julius Bär Boris Collardi quitte ses fonctions pour devenir associé chez Pictet.
Jeune, Romand, sans cursus académique: en 2009, rien ne prédestine Boris Collardi à prendre les rênes de Julius Baer. Mais grâce à ses compétences, il devient alors, à l'âge de 34 ans, le plus jeune patron à la tête d'une société cotée au Swiss Market Index (SMI). Sous sa houlette, la banque privée zurichoise entame son expansion internationale. - - Le Nyonnais, sa maturité commerciale en poche, envisage de s'inscrire à HEC à Lausanne. Mais son père, un Italien du Sud qui a émigré dans la région lémanique au début des années 1970, lui montre une offre d'emploi pour un stage chez Credit Suisse à Genève. Boris Collardi est engagé. Il a 19 ans et entame son ascension fulgurante. On est en 1993. - - Au gré des étapes, le jeune banquier intègre le secteur Private Banking (gestion de fortune) du numéro deux bancaire helvétique. Il se forme à l'IMD à Lausanne et à la suite d'un voyage dans la région décide en 1998 de quitter les bureaux suisses de Credit Suisse pour ceux de Singapour. - - En visite en Asie, Oswald Grübel, alors patron de la grande banque, est impressionné par le jeune homme. Il le rapatrie à Zurich et en fait son assistant personnel. Mais Boris Collardi est vite rappelé à Singapour par son mentor, Alex Widmer. Ce dernier, devenu chef du Private Banking de Credit Suisse, veut développer les affaires sur les marchés asiatiques. - - En 2006, Alex Widmer est nommé à la tête du Private Banking de Julius Baer. Boris Collardi le suit en tant que directeur opérationnel (COO). Le Vaudois s'occupe de l'intégration du gestionnaire d'actifs GAM ainsi que des banques privées Ferrier Lullin, Ehringer & Armand von Ernst et Banco di Lugano, tous rachetés à UBS en 2005. - - Mais en décembre 2008, Alex Widmer, devenu patron de Julius Baer, met fin à ses jours. Johannes de Gier, président du conseil d'administration de GAM, le remplace par intérim. Le 1er mai 2009, Boris Collardi est nommé patron de la banque privée zurichoise, créant une grande surprise dans le monde de la finance. - - Plutôt des concerts - - Commence alors une véritable politique d'expansion pour Julius Baer. En 2010, le groupe rachète les affaires suisses de la banque néerlandaise ING. En 2012, il rachète à Bank of America les opérations de gestion de fortune de Merrill Lynch hors des Etats-Unis et du Japon, faisant progresser les actifs sous gestion de Julius Baer de 40% à 251 milliards de francs. - - Boris Collardi, aujourd'hui âgé de 43 ans (il est né le 17 juillet 1974), maîtrise les dossiers et parle couramment quatre langues: français, italien, allemand et anglais. Ses collègues des autres grandes banques s'affichent à l'opéra. Lui préfère se rendre à des concerts pop ou rock. - - Le Vaudois collectionne les montres exclusives et aime les voitures de sport. Boris Collardi est marié, sans enfant. Il possède la double nationalité suisse et italienne et vit pour l'heure sur les hauteurs du lac de Zurich, à Feusisberg (SZ). - - En annonçant lundi son départ immédiat de la tête de Julius Baer, Boris Collardi cause une nouvelle surprise. Il va donc quitter les cantons de Zurich et de Schwytz, un canton réputé pour sa fiscalité attrayante, pour revenir en Suisse romande. Il doit rejoindre dès la mi-2018 le groupe bancaire genevois Pictet. - - Au bout du lac Léman, Boris Collardi deviendra associé chez Pictet. Il assumera la responsabilité conjointe de Pictet Wealth Management (gestion de fortune) aux côtés de Rémy Best, associé de tutelle de cette activité depuis décembre 2014.
Associé chez Pictet
L'arrivée de M. Collardi à Pictet interviendra d'ici mi-2018, indiquent lundi les deux groupes dans des communiqués distincts. Bernhard Hodler a été nommé à la tête du gestionnaire de fortune zurichois. - - L'arrivée de ce banquier réputé et médiatique constitue un grand moment dans l'histoire récente de Pictet, a indiqué à AWP un porte-parole de la banque genevoise. Cette dernière accueille tous les vingt ans environ un grand nom au sein du collège d'associés, comme ce fut le cas pour Renaud de Planta en 1998 et Pierre Lardy en 1975. - - Cette nomination constitue également un gros coup pour la place financière genevoise dans son ensemble, assure le porte-parole. - - L'ex-CEO de Julius Bär assumera la responsabilité conjointe de Pictet Wealth Management aux côtés de Rémy Best, membre du collège des associés à la tête de cette ligne de métier depuis trois ans. La banque genevoise souhaite que la gestion privée, activité "très exigeante", soit désormais dirigée par deux associés, comme c'est le cas pour la gestion de fortune, a expliqué le porte-parole. - - En termes de développement, le groupe ne précise pas d'objectifs mais reconnaît que l'arrivée d'une banquier comme Boris Collardi aura des retombées positives sur la collecte d'argent. - - Boris Collardi sera le 42e associé de l'histoire de Pictet - fondé en 1805 - et le plus jeune membre du collège. Le porte-parole de Pictet reconnaît que le changement sera moins important pour le groupe que pour le nouvel associé, qui quittera une société cotée qu'il dirigeait seul pour intégrer un banque indépendante, gérée conjointement avec six autres personnes plus expérimentées. - - Successeur moins connu - - M. Collardi pourrait rester une, voire deux décennies à ce poste, puisque la durée moyenne de l'engagement d'un associé chez Pictet est en moyenne de 21 ans. - - L'intégration au collège est subordonnée à un investissement dans le groupe, dont la nature et le montant ne sont pas précisés. L'établissement genevois souligne toutefois que le banquier a été choisi sur la base de ses compétences et pas de sa faculté à apporter du capital. - - Nicolas Pictet, associé senior du groupe Pictet, se réjouit d'accueillir "un homme de l'envergure et de la réputation de Boris Collardi". Cette nomination intervient à "une époque où les perspectives du wealth et de l'asset management dans le monde n'ont jamais été à la fois aussi prometteuses et présenté autant de défis", explique-t-il dans son communiqué. - - Nommé CEO adjoint de Julius Bär en septembre, Bernhard Hodler occupait jusqu'ici la fonction de directeur du risque (CRO). "Julius Bär est dans une forme excellente" indique le président Daniel Sauter, cité dans le communiqué. Boris Collardi avait pris la direction de Julius Bär en octobre 2009. - - Lundi dernier, le groupe zurichois revendiquait des actifs sous gestion record à 393 mrd CHF à fin octobre. Sous la houlette de Boris Collardi, la banque a connu une développement important. - - Contrairement à son illustre prédécesseur, M. Hodler est moins connu, bien qu'il travaille auprès de Julius Bär depuis 20 ans. Bien introduit dans le secteur bancaire, le blog alémanique Inside Paradeplatz affirme que Daniel Sauter souhaitait initialement nommer Barend Fruithof comme successeur de M. Collardi. - - En charge de l'entité suisse de Julius Bär et membre du comité exécutif, M. Fruithof a claqué la porte en 2016, suite à un désaccord avec la nouvelle organisation régionale.
AWP
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