Bientôt la gratuité des frais de change?
Transferts à taux compétitifs, cartes de paiement multidevises, les initiatives fintechs se multiplient pour casser les frais de change facturés par les banques et bureaux traditionnels.

«Les queues en fin de mois aux bureaux de change, c’est bientôt fini», estime Arnaud Salomon, fondateur de la fintech genevoise Ibani , lancée en septembre. Dernière-née des disrupteurs du change, Ibany propose un service de virements internationaux à prix cassés. Au lieu de transférer une somme vers une banque étrangère et/ou dans une devise étrangère, l’émetteur effectue l’opération vers un IBAN suisse d’une banque partenaire d’Ibany, qui se charge ensuite du transfert vers le compte à créditer.
Coût de l’opération: «Entre 0,1 et 0,5% du montant soit 5 à 10 fois moins cher qu’une banque classique», selon Arnaud Salomon. L’entrepreneur vise en premier lieu les frontaliers, saisonniers et intérimaires, ainsi que les PME travaillant avec des prestataires étrangers.
La spécificité d’Ibani est la gestion hautement automatisée du processus, avec un robot traçant les contreparties et monétisant les flux par un arbitrage limité. En revanche, le «modus operandi» reste le même que pour les autres acteurs du secteur, à savoir l’achat de change en gros auprès de banques pour faire baisser les frais.
Parmi les «historiques» sur la place genevoise, b-Sharpe avec 8000 clients et 2500 transactions traitées chaque fin de mois. Avec des frais de 0,5%, ce spécialiste figure en bonne position sur le comparateur de frais de change Monito, qui liste des différences conséquentes selon les opérateurs: pour un transfert d’un salaire de frontalier de 6000 francs, b-Sharpe charge 31,3 francs quand UBS prend 101 francs. Soit une différence annuelle de 840 francs, élevée en comparaison internationale.
Zéro frais de change, un produit d’appel
Plus agressive encore, la «licorne» anglaise Revolut , valorisée 1,7 milliard après trois ans d’existence, propose une carte permettant de payer et effectuer des virements dans une trentaine de devises au taux interbancaire, «sans aucuns frais». En réalité, jusqu’à un plafond mensuel de 6000 euros, au-delà duquel 0,5% est appliqué sur les comptes, hors formule premium (7 euros par mois).
Pour charger la carte toutefois, un virement doit être effectué vers la banque anglaise partenaire de la plateforme, avec des frais significatifs. En réponse, Revolut s’apprête à lancer un IBAN suisse qui permettra le chargement gratuit. Une opération à perte, les coûts de structures et opérationnels étant offerts au client.
Pour Arnaud Salomon, d’Ibani, une tendance naît: «On voit se dessiner la gratuité du change comme produit d’appel de la banque de demain. Chez Ibani, on envisage aussi le 0 frais à moyen terme. Les coûts sont compressés au maximum, la marge se fera sur d’autres produits, comme l’assurance.»
Question de confiance
Benjamin Belais, responsable France et Suisse pour Revolut, ne mâche pas ses mots: «Les sociétés de change sont mortes. Même un historique très compétitif sur les frais comme l’anglais TransferWise s’inquiète sur son devenir.» Une analyse que ne partage pas Xavier de Villoutreys, responsable des opérations chez b-Sharpe à Genève, qui met en avant la combinaison de frais modérés - à un service «humain».
«On peut nous joindre sur Genève par téléphone ou mail et obtenir une réponse réactive, et nous souscrivons à une assurance qui couvre les frais en cas de hacking. Si une majorité de particuliers et PME paient cher le change à leur banque, c’est parce qu’ils ne sont pas encore rassurés de confier paiements et salaires à des fintechs. Pour faire basculer le marché, la confiance est un élément déterminant.»
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