Après le Grexit, voici le scénario du Grimbo pour la Grèce
Grexit ou pas Grexit? Depuis une année, l'hypothèse d'un Grexit (contraction de Greece et d'Exit) a pris du corps sur les marchés financiers: de nombreux experts voient Athènes sortir de la zone euro et restructurer son économie autour d'une monnaie nationale (la drachme?), afin de recourir à tous les outils actuellement disponibles seulement pour la Banque Centrale Européenne (BCE).
L'arrivée au pouvoir d'une coalition réunissant les europhobes de droite et l'extrême-gauche a encore accru les tensions entre le gouvernement hellène et les partenaires européens, acroissant les probabilités d'assister à une sortie de l'eurozone, avec les risques que cela comporte, comme le rappelaient Thomas Veillet et Myret Zaki en début d'année.
Les tensions encore accrues ces dernières semaines (notamment entre le ministre grec Yannis Varoufakis et son homologue allemand Wolfgang Schäuble) semblaient mettre le pays définitivement sur les rails d'un Grexit.
Courber l'échine pour éviter une sortie de l'euro
Pourtant, un nouveau scénario vient d'apparaître, esquissé et baptisé par Ebrahim Rahbari, économiste chez Citigroup, interrogé sur BloombergBusiness: le Grimbo, contraction de Greece et de Limbo. Comme dans la danse dans laquelle il faut se courber pour passer sous le manche d'un balais de plus en plus bas, la Grèce pourrait accepter de courber l'échine pour ne pas vivre le cataclysme que constituerait pour son économie une sortie de l'euro.
Selon Ebrahim Rahbari, ce scénario pourrait être vécu selon deux modalités différentes: un contrôle immédiat des capitaux qui offrirait à la Grèce une marge de manoeuvre de quelques mois afin de mener des réformes structurelles d'importance, ou un accord insatisfaisant entre Grèce et représentants de l'eurozone qui verrait le pays affronter un défaut de paiement, mais sans sortie de la zone euro, là aussi grâce à un contrôle des capitaux transitoire.
«Dans ces scenarii gris (NdlR, ni noir pour une sortie de l'euro, ni blanc pour un accord réaliste facilement trouvé), la Grèce ne touchera pas d'argent des Européens et il n'y aura pas de solution pour une résolution durable de la crise», avertit-il.
Le contrôle des capitaux dans les deux scenarii
Dans le premier scénario, un accord entre les Européens et la Grèce sur de nouvelles mesures en échange d'une rallonge financière serait conclu après un défaut de paiement potentiel et à condition que des mesures de contrôle des capitaux soient prises par la Grèce.
Le second scénario verrait également un défaut de paiement intervenir, en cas d'absence d'accord entre l'Eurogroup et Athènes, mais serait suivi d'une situation «à la chypriote», avec un contrôle strict des capitaux, même pour les particuliers et leurs retraits en banque. C'est alors la pression populaire qui obligerait le gouvernement grec à revoir sa copie et à revenir à la table des négociations avec de meilleures intentions.
Dans les deux cas, Athènes devrait souffrir, courber l'échine, mais finalement passer le cap pour rester dans la zone euro. Comme dans la danse du limbo. Selon Ebrahim Rahbari, le scenario d'une sortie de la zone euro à court ou moyen terme est fort peu crédible. Mais reste envisageable sur le long terme si la Grèce n'accentue pas ses efforts pour assainir ses finances.