Le jour où… Mary Robinson a associé les femmes à la lutte pour le climat
Première femme présidente d’Irlande, Mary Robinson ne veut pas dissocier combat contre le changement climatique et promotion de la place des femmes. Elle a réussi à placer ces dernières au centre des enjeux de la lutte contre le changement climatique le 7 décembre 2012.

«Mes parents étaient médecins; j’ai grandi avec quatre frères. Ils m’ont donné la même attention et les mêmes droits qu’à eux, ce qui n’était pas le cas pour toutes les familles irlandaises. Ma mère venait d’une famille très catholique, où les garçons étaient plus valorisés», reconnaît Mary Robinson.Après Trinity College, King’s Inns et Harvard, elle devient avocate et s’investit très vite en politique, se spécialisant dans les questions liées au droit de la famille et les sujets ayant trait à la constitution irlandaise. Mary Therese Winifred Bourke (de son nom de naissance) est choisie par le Parti travailliste pour être sa candidate lors de l’élection présidentielle de 1990. Un choix audacieux car, si Mary Robinson est alors membre du sénat irlandais depuis 1969, jamais une femme n’a été élue à la fonction suprême sur l’île verte.Elue le 7 novembre 1990 avec 51,9% des voix, elle ne va pas au bout de son mandat: à trois mois de son terme, elle démissionne pour devenir Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, ce qui l’amène à travailler et séjourner très fréquemment à Genève. «Une période dont je garde un excellent souvenir », confie-t-elle lors de son intervention à la Simmons Leadership Conference qui s’est tenue cet automne au bout du lac. Pourtant, là aussi, elle ne souhaite pas se représenter, estimant qu’elle pourrait faire bien plus hors des contraintes de l’ONU.En amont de la COP 17 en 2012 à Doha, elle imagine une action de femmes pour lutter contre le réchauffement climatique. «Les rôles des hommes et des femmes face au changement climatique sont différents: dans les pays en développement, c’est le plus souvent à la femme de fournir le repas à la famille, c’est à elle de gérer les petites cultures vivrières. Lutter contre les inégalités liées au changement climatique, c’est oeuvrer en faveur des femmes», assure celle qui, suite à son départ de l’ONU, s’était engagée auprès d’ONG oeuvrant en Afrique notamment.«Avec Patricia Espinosa (Mexique), nous avons choisi de former une troïka de femmes leaders sur la question du changement climatique en compagnie de Connie Hedegaard (Danemark). Le terme troïka était un terme connoté négativement en Irlande et j’ai tenté de le changer, mais j’ai eu des échos positifs. Nous sommes arrivées à Doha pour la conférence internationale. La Finlande, au nom de l’Union Européenne, a voulu porter notre proposition de la troïka des femmes, mais un avocat avait découvert que si un projet était présenté, il ne pouvait être adopté durant cette même COP».Face à ce accroc, les trois dirigeantes ne désarment pas et multiplient les rencontres afin de convaincre. «La Grèce, qui présidait la délégation européenne, a poussé notre projet et d’autres pays s’y sont ralliés», se souvient la dirigeante devenue militante. Et le 7 décembre 2012, les pays membres de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) adoptent la proposition de la «troïka des femmes». Lueur d’espoir au milieu d’une conférence globalement décevante et qui aura reconduit de justesse le Protocole de Kyoto jusqu’en 2020.Mais cinq ans plus tard, la détermination de Mary Robinson n’a pas changé: «Notre troïka veut insister pour conserver le focus sur les femmes comme facteur majeur pour agir sur le changement climatique». Et de Paris à Bonn en passant par Marrakech (où se sont tenues les COP 21, 23 et 22 respectivement en 2015, 2017 et 2016), le lobbying se poursuit. L’une des femmes de la troïka, Christina Espinosa, est même devenue secrétaire exécutive de la CCNUCC en 2016.
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