"Il faut savoir dire les choses"
Parce plus d’égalité homme-femmes c’est aussi plus de femmes dans les instances représentatives et dirigeantes, Bilan vous propose chaque mois une rencontre avec une femme membre d’un conseil d’administration ou d’un comité exécutif. De quoi inspirer de nouvelles candidatures? Un texte réalisé en partenariat avec le Cercle Suisse des Administratrices .

Cette semaine rencontre avec Anne Bobillier, Corporate Project Manager au sein du groupe Bechtle où elle a occupé le poste de directrice exécutive en Suisse romande durant les 16 dernières années, est également membre des conseils d’administration de skyguide, de la Romande Energie, de SkySoft-ATM et de la Chambre de commerce et d’industrie France-Suisse. Elle a étudié l’informatique à l’Université de Genève, et depuis 1988, a occupé des postes dirigeants dans plusieurs entreprises réputées telles qu’IBM, Ascom et Bechtle.
Comment êtes-vous devenue administratrice?
Après une carrière dans l’informatique et de nombreux postes à responsabilités, je me suis demandé, à 45 ans, à quoi je souhaitais consacrer mon dernier tiers de carrière. Cela devait correspondre à mon besoin d’apprendre, à mon envie de partager mon expérience, de découvrir de nouveaux secteurs d’activité et de participer aux décisions stratégiques d’une entreprise. Assez rapidement le rôle d’administratrice indépendante s’est profilé, et afin de valider cette piste, j’ai participé en 2011 à une formation de l’ACAD, « Les fondamentaux du conseil d’administration ». Cela m’a convaincue que c’était la piste à suivre et j’ai donc continué à participer à moultes conférences et formations sur ce thème, à développer mon réseau. C’est en 2014 que j’ai obtenu mon premier mandat d’administratrice, au sein du Conseil d’Administration de skyguide qui gère l’espace aérien suisse. Une très belle opportunité qui ne pouvait pas mieux tomber pour moi, qui suis passionnée d’aviation. Plus jeune, j’ai même passé ma licence de pilote privé.
Qu'est-ce qui vous intéresse le plus dans cette fonction ?
Le travail au niveau de la stratégie de l’entreprise et l’échange avec des professionnels de haut niveau me stimulent énormément. L’apport d’énergie, d’idées, de modèles de fonctionnements différents, de nouveaux horizons et la diversité des secteurs d’activités sont autant de facteurs qui me motivent et complémentent mon quotidien opérationnel. Cela me permet également d’avoir une vision plus large dans mon rôle opérationnel, ces deux activités se nourrissant mutuellement.
Quelles sont les compétences clés, et la valeur ajoutée que vous apportez au CA ?
Je suis à l’aise en définition de stratégie, en efficience organisationnelle, mais aussi de par mes nombreuses responsabilités passées dans ce domaine, en approche commerciale et recrutement. J’apporte également au sein du conseil d’administration une excellente compréhension des enjeux informatiques et technologiques auxquels les entreprises sont confrontées aujourd'hui, tout particulièrement à l’ère de la digitalisation.
Quelles sont les difficultés de cette fonction, les défis que vous avez rencontrés ?
Le premier défi auquel on est confronté est de se familiariser le plus rapidement possible avec l’entreprise et son secteur d’activités, parfois complexes. Il faut également savoir dire les choses, ce que l’on pense et oser poser les questions que nous avons, quelles qu’elles soient. Oser exprimer son avis même s’il va à l’encontre de la majorité des membres du conseil. Une grande honnêteté intellectuelle est donc primordiale.
Quelles est votre meilleure bonne pratique en termes d’obtention de mandat dans les CA ?
Il est clé de se former, de se faire connaitre et de faire connaitre ses aspirations (quel type de mandat nous intéresse, quelle disponibilité avons-nous, quelle est la valeur que l’on apporte, etc…) Il faut également être proche des chasseurs de têtes actifs dans le recrutement d’administrateurs et assister aux événements ayant trait à cette fonction, afin d’une part de partager les bonnes pratiques et d’autre part pour développer son réseau. Cet aspect est clairement l’un des écueils des femmes, souvent peu enclines à faire du réseautage.
Quelles sont les grandes préoccupations actuelles des organes stratégiques des entreprises ?
Si la préoccupation majeure reste la bonne gouvernance de l’entreprise, le développement durable de celle-ci vient immédiatement ensuite. Cela implique une vision et une stratégie à long terme, mais en englobant les enjeux actuels de la digitalisation, de l’accélération de la transformation et en se préparant, ou en se confrontant parfois, à l’arrivée de concurrents pouvant provoquer une disruption fondamentale dans le métier de l’entreprise.
L’on peut également noter que les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance prennent de plus en plus d’importance, ce dont je me réjouis d’un point de vue plus personnel.
Que manque-t-il pour que les CA d'entreprises suisses comptent davantage de femmes ?
Excellente question… En dehors de moyens contraignants, peut-être que les présidents actuels et les membres de comité de nomination et rémunération (pour la grande majorité des hommes) devraient réaliser que si leur clientèle est diverse et variée, alors la diversité doit également être représentée au conseil. Il faut les convaincre que le changement de dynamique au sein de leur conseil sera positif. Une prise de conscience est nécessaire, le monde change et pour faire face aux défis d’une société qui se transforme fondamentalement, il faut un maximum de compétences autour de la table et la diversité (pas seulement des genres) en fait partie car elle apporte des éclairages différents.
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