Entrepreneuriat: comment lever des fonds quand on est une femme
Moins nombreuses que les hommes à entreprendre, les femmes sont également moins susceptibles de bénéficier de capitaux d’investissement privés ou de capital-risque. En cause souvent: les nombreux biais des investisseurs.

Pour tous les entrepreneurs qui se lancent, l’argent est le nerf de la guerre. Et pour cause. Ce dernier est la deuxième raison majeure pour laquelle une start-up échoue, comme le montre une étude récente de CB Insights, The top 20 reasons Start-ups fail .
A cet égard, ici encore, les femmes rencontrent plus de barrières que les hommes dans l’accès au financement. Selon Anaxago, un acteur de crowdfunding, elles sont en France 44% à estimer que les échecs de créations d’entreprises s’expliquent par le manque de financement. En 2017, aux États-Unis, seuls 2% de l’argent investi en capital-risque est allé à des projets montés par des femmes.
En Suisse, la Fondation d’aide aux entreprises (FAE) et la Fondetec ont respectivement soutenu cette année 13% et 22% des projets montés par des femmes. «Cela reste faible, concède Patrick Schefer, directeur de la FAE, mais ce chiffre est en croissance depuis quelques années».
La méfiance envers les projets portés par des femmes
Les causes à cette absence de soutien financier sont multiples. D’une part, lorsque des investisseurs - femmes comprises - interrogent des fondateurs de start-up, ils ne posent pas les mêmes questions aux hommes et aux femmes. «Les hommes seront interrogés sur le potentiel de gains, et les femmes sur le potentiel de pertes», note Géraldine Le Meur, entrepreneure, business angel et auteure de Entreprenez comme elles! (éd. Diateino).
Benjamin Badia, Florence Brunet et Pauline Kertudo, co-auteurs d’une étude intitulée Les freins et obstacles à l’entrepreneuriat féminin , confirment. Ils rapportent le témoignage d’une jeune mère de famille de 36 ans. «Pour tout ce qui est banques et administrations, le fait d’être une femme joue beaucoup. Pourtant, j’avais un plan de financement carré et nickel chrome. Mais on m’a demandée: Comment vous allez faire pour gérer?»
D’autre part, certains secteurs typiquement féminins ne sont pas pris au sérieux. «Le yoga par exemple, représente un marché énorme, de plusieurs milliards, mais suscite une condescendance très marquée de la part des hommes. Il y a là pourtant un réservoir de croissance important pour des affaires qui n’ont pas encore été inventées», poursuit Géraldine Le Meur.
L’homophilie – soit le mécanisme qui consiste à préférer entretenir des relations avec des personnes qui nous ressemblent – constitue également un handicap majeur limitant les possibilités des femmes qui souhaitent s’engager dans un secteur professionnel dominé par les hommes.
Un pari de long terme
Ce biais homophile peut toutefois être facilement combattu. «Il faut davantage de parité, analyse Emilie Sare, gestionnaire de crédit à la Fondetec. A la Fondetec, s’agissant des employés qui accompagnent les porteurs de projets, nous avons quatre femmes pour un homme. Le conseil de fondation qui décide d’allouer des fonds est en outre composé d’un tiers de femmes, dont la Présidente.» Elle ajoute que les investisseurs hommes craignent souvent que les femmes accordent la priorité à leur vie familiale, au détriment de leur projet: «Une gestionnaire de crédit fera plus rarement cette erreur de jugement.»
Aux éléments susmentionnés il faut enfin ajouter le fait que «les femmes ont plus d’affinités avec des projets locaux, liés au développement durable, permettant de concilier vie privée et professionnelle. Le démarrage de leurs entreprises est souvent moins ambitieux», indique Patrick Schefer. Autrement dit, les projets montés par les femmes sont souvent plus petits, génèrent un chiffre d’affaires inférieur et présentent une croissance plus lente que ceux de leurs homologues masculins, autant d’éléments qui peuvent décourager les financeurs à la recherche d’un profit rapide. Pourtant, «misez sur une femme est un pari gagnant, rappelle Emilie Sare. Dans les projets que l’on suit, la majorité passe la barre des cinq ans.»
Confiance et estime de soi
Aux fondatrices de start-up souhaitant convaincre des investisseurs, Aileen Lee, une des rares figures féminines du capital-risque dans la Silicon Valley, conseille de paraitre confiantes, mais pas arrogantes, et surtout pas trop timides. Elle insiste sur l’importance de connaitre les données chiffrées sur le bout des doigts, car les préjugés font que les femmes ont beaucoup plus de mal que les hommes à être prises au sérieux sur le sujet.
Les entrepreneures doivent également améliorer leur confiance et leur estime de soi. «Le nombre de femmes présentes dans la tech, soit les sociétés susceptibles de lever des fonds par capital-risque, est très faible. Et lorsqu’elles sont présentes, elles font profil bas, déplore Patrick Schefer.
C’est oublier que les entreprises comptant une forte proportion de femmes au sein de leurs organes décisionnels réalisent plus de bénéfices et affichent parfois un rendement supérieur par rapport à leurs homologues moins "féminisés".» Et de conclure: «Être une femme est un atout qu’il faut mettre en avant!»
Pour davantage de conseils, rendez-vous ce samedi à la 4ème journée de l'entrepreneuriat au féminin. Des femmes inspirantes parleront de leur parcours afin de donner des ressources pour celles ayant dess projets! La journée a lieu dans le cadre de la Semaine de l'entrepreneuriat .
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