Les activistes montent au front

Un fonds américain veut contraindre Nesté à modifier sa stratégie.
Crédits: KeystoneIls mettent la pression sur des entreprises cotées en bourse. Dans le jargon financier, on les appelle des activistes. Leur objectif: accroître la valeur actionnariale. En Suisse, les fonds d’investissement américains Third Point et White Tale se sont attaqués respectivement à Nestlé et à Clariant. Le premier pousse le leader mondial de l’agro-alimentaire à modifier sa stratégie. Le second s’oppose à la fusion du géant chimique avec son concurrent étasunien Huntsman.
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Selon une étude du cabinet de conseil Lazard menée sur le vieux continent, le nombre d’opérations lancées par des activistes ne cesse de progresser: de 74 en 2015, il a grimpé à 93 en 2016. Et il n’est pas exclu qu’il atteigne un niveau record en 2017. A fin septembre, Lazard a recensé 63 offensives. Deux-tiers des attaques sont d’origine européenne et un tiers provient d’investisseurs américains.
Deux fois plus de croisades en cinq ans
Selon une analyse de la banque Morgan Stanley, le nombre de croisades a doublé en Europe en l’espace de cinq ans. Ses auteurs en ont comptabilisé 119 entre juillet 2016 et juin 2017. Un chiffre qui reste toutefois faible en comparaison avec les Etats-Unis où ils en ont recensées 327 pendant la même période.
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D’après Lazard, les activistes commencent souvent par contester la gouvernance, par exemple la composition du conseil d’administration et la durée des mandats, avant de proposer des scissions d’activités ou des fusions. Ils n’ont pas besoin de détenir une part importante du capital de leurs proies pour influencer leurs dirigeants. Il leur suffit de convaincre d’autres groupes d’investisseurs pour agir. C’est d’autant plus facile que le capital est souvent concentré entre les mains de quelques grands fonds. Ensemble, ils peuvent parvenir à leurs fins.
Un sondage réalisé par l’agence de communication Citigate Dewe Rogerson auprès 224 responsables des relations avec les investisseurs dans 34 pays montre que les entreprises sont désormais préoccupées par les agissements des activistes. Ainsi 51% des entreprises interrogées affirment qu’elles communiquent davantage avec leurs principaux actionnaires.
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