Ryanair ne veut plus effrayer ses passagers
Or, la compagnie irlandaise a vu son modèle économique reproduit avec succès par d'autres compagnies à bas coûts (EasyJet, Air Berlin notamment) ainsi que par des compagnies traditionnelles qui proposent des vols et des quotas de sièges à prix cassés (Swiss, Air France).
Des résultats moins bons que prévus
Début septembre, Ryanair annonçait même que le bénéfice net de l'exercice en cours serait moins important que prévu: une première dans l'histoire de la compagnie, habituée à battre des records année après année.
Si divers éléments d'explication ont été avancés (persistance de la crise économique, surcapacités dans les îles britanniques), plusieurs analystes ont pointé du doigt la communication de la compagnie et une image dégradée.
Dans cette vidéo, un reportage Euronews sur l'avenir économique de Ryanair
Dernier épisode en date: un passager dont la femme et trois de leurs enfants avaient péri dans un incendie avait dû payer 230 francs de supplément pour changer de vol afin de rentrer au plus vite chez lui entre Irlande et Angleterre.
La révélation de cette affaire avait choqué l'opinion publique. «Ryanair présente ses sincères condoléances et remboursera complètement les sommes payées compte-tenu des circonstances», a finalement annoncé un porte-parole, afin de mettre fin au scandale.
Ne plus énerver les clients
Mais le mal est fait. Si les clients reconnaissent que les tarifs de base des billets restent très bas, l'image est clairement dégradée. Et cela vient s'ajouter à la masse des critiques sur les taxes additionnelles (pour les bagages, le paiement via internet, l'enregistrement sur place, etc.). Et les annonces à l'emporte-pièce de Michael O'Leary.
Devant le risque de voir l'image dégradée se muer en choix d'achat défavorable à la compagnie, les dirigeants de Ryanair ont opéré un changement radical en fin de semaine dernière, à l'occasion de l'assemblée générale des actionnaires du groupe à Dublin, en s'engageant à se montrer plus conciliante et à améliorer son comportement avec les passagers.
«Nous devrions essayer d'éliminer les choses qui énervent inutilement les gens», a déclaré son directeur général Michael O'Leary.
L'accent sur les réseaux sociaux
L'image: voilà donc le principal combat de la direction du groupe. Alors qu'elle misait jusque là sur la provocation et les annonces fracassantes de son patron via les médias traditionnels (télévision, presse écrite, radio), délaissant les réseaux sociaux, elle semble avoir pris conscience de son retard dans ce domaine.
La compagnie a donc officiellement ouvert un compte Twitter voici quelques jours, et a annoncé dans la foulée une refonte prochaine de son site internet. L'offre en ligne de ses concurrents, EasyJet au premier rang, menaçait de la ringardiser. L'interface de réservation sera ainsi redessinée, afin de réduire le temps nécessaire à l'internaute pour réserver son billet.
«Notre principale préoccupation cet hiver sera d'investir de manière significative et d'améliorer le site internet Ryanair.com, notre plateforme mobile et notre interaction avec les passagers utilisant les réseaux sociaux», a promis Michael O'Leary. «Ryanair va transférer une proportion significative de son budget marketing des anciens médias vers les nouveaux médias, avec une attention particulière pour le mobile et les réseaux sociaux». L'appli mobile qui coûte 4 francs jusqu'à présent devrait devenir gratuite prochainement.
L'avertissement des actionnaires
Difficile d'imaginer toutefois un Michael O'Leary totalement assagi: le capitaine du groupe a fait de la provocation sa marque de fabrique, étant même assimilé par de nombreux observateurs au héros britannique Mister Bean pour ses mimiques et ses poses extravagantes lors d'événements publics.
Mais il devrait sans doute tempérer ses humeurs. L'assemblée générale des actionnaires lui a d'ailleurs envoyé un avertissement en ce sens: un tiers des voix se sont prononcées contre une résolution portant sur un programme de stock-options en faveur des principaux dirigeants. Un vote sans frais mais étonnant alors que Michael O'Leary avait toujours été aveuglément suivi par ses actionnaires jusque-là.