Ralph Rimet: «Le business et le sport, c’est la même jungle»
Hockeyeur et serial entrepreneur, le jeune Valaisan raconte sans fard son échec avec Secu4, la start-up qu’il a créée en 2007.

Elle faisait partie des 50 start-up suisses dans lesquelles investir, sélectionnées par Bilan en février dernier. Depuis, Secu4, active dans la fabrication et la commercialisation d’accessoires de téléphonie mobile, a vu son fondateur quitter la barque. Explications.
Les actionnaires de Secu4 viennent de vous pousser de dehors, en mai dernier. Que s’est-il passé? - -
Il y a eu divergences fondamentales de points de vue stratégiques entre les actionnaires et moi. Ça a été une décision douloureuse, comme celle de se séparer de son bébé. Mais comme je n’avais pas la majorité de l’entreprise, je n’avais plus le pouvoir. Pour rester, il aurait fallu que je transgresse mes valeurs, et ça, c’était impossible.
Ce n’est pas plutôt dû au fait qu’en avril dernier, malgré un chiffre d’affaires d’un demi-million et de quatre millions de francs levés, Secu4 n’était pas encore rentable, prenant ainsi un an de retard par rapport aux objectifs fixés? - -
Je n’ai pas de commentaires à faire à ce sujet.
Comment vivez-vous cet échec? - -
Il m’a affecté jusque dans ma santé, mais je l’ai vite transformé en une expérience de vie capable de me renforcer en tant qu’homme d’affaires. J’ai appris le vrai business, celui où l’on ne vous fait pas de cadeaux, où on vous élimine. Désormais je suis plus vigilant, plus strict, tout en conservant ma façon d’exercer le leadership, que je conçois toujours en fédérant les gens autour d’un projet commun.
En Valais, vous êtes le petit surdoué de la classe des entrepreneurs, vous avez reçu plusieurs prix comme le prix Strategis ou encore Raiffeisen de l’entrepreneur «Business eXperience». Ça ne vous serait pas monté à la tête? - -
Excellente question! On me l’a d’ailleurs reproché à l’interne… Si j’ai donné l’impression de jouer les surdoués, il reste néanmoins que les gens autour de moi avaient besoin d’un porte-drapeau. J’ai endossé ce rôle sans le chercher spécifiquement, de par mon caractère, avec passion. Je n’ai pas encore réussi, mais je suis sûr qu’un jour j’y arriverai.
Comment vous la voyez, cette réussite? - -
Développer des entreprises dans l’innovation, créer des emplois, devenir investisseur, dynamiser l’économie romande.
Beau programme. Mais on a l’impression que vous gardez quelque chose de plus personnel sur le bout de la langue… - -
C’est vrai. Mon rêve, c’est de racheter un jour un club de hockey!
Nous y voilà. Vous avez joué en ligue nationale B, aujourd’hui vous évoluez au HC Sierre avec l’espoir de faire remonter ce club de la troisième ligue. Etes-vous entrepreneur comme vous êtes sportif? - -
Oui, c’est exactement la même chose. Comme entrepreneur, je revis les mêmes sensations qu’en ligue nationale, c’est la même jungle, des milieux qui ne vous font pas de cadeaux, où il faut être le meilleur.
Tout comme le sport, l’entreprise est un excellent chemin de développement personnel: on y découvre ses limites, ses forces et ses faiblesses. Je ne crois pas que les emplois stables procurent jamais cela.
Vous avez suivi une formation d’économiste d’entreprise puis suivi le programme «Business eXperience» de la HES-SO du Valais. Ces filières ne sont-elles pas fautives d’entretenir le rêve d’être entrepreneur à tout prix alors qu’il y a dans ce monde-là beaucoup d’appelés et peu d’élus? - -
La question se justifie, parce qu’en effet ces filières vendent du rêve, et beaucoup de projets qui seront développés ne rapporteront jamais. Là encore la métaphore du sport s’applique: dans ce type d’entreprises, c’est la sélection naturelle qui prévaut, même s’il y faut une composante chance et de la conviction.
Vous parlez de jungle et de risques, mais je vous rappelle que contrairement à l’économie traditionnelle, vous risquez l’argent des autres, c’est donc plus facile… - -
Je vous l’accorde, d’ailleurs ce fut perturbant de me tourner vers ce modèle, alors que l’éducation que m’a donnée mon père était diamétralement opposée. Mais dans l’innovation, c’est la seule façon d’aboutir à quelque chose, ce n’est pas avec mille francs en poche qu’on peut se lancer.
Et maintenant, dans quoi vous êtes-vous lancé? - -
Dans la société Evenhook, où je me suis associé au fondateur Jean-Marc Massy. Il a inventé un produit breveté et destiné à tous les secteurs du sauvetage professionnel. Je développe les marchés internationaux et les relations avec les investisseurs.
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