Philip Queffelec, l’avion dans le sang

Parmi ses clients, il compte des chefs d’Etat, mais aussi Bill Clinton ou, c’est sa fierté, la famille royale britannique. Si Philip Queffelec aime les people, il n’est pourtant pas du sérail. Son itinéraire hors du commun, il le doit à son génie commercial et à une authentique passion pour l’aviation. Il aurait pu être pilote comme son père; mais non. Né en 1954, rebelle dans l’âme, Philip boycotte l’épreuve du bac et trace sa route seul et loin de sa famille. Sans diplôme, il quitte l’Europe à 20 ans, pour Caracas. «J’ai fait tous les boulots au Venezuela: peintre en bâtiment et même mannequin. Je vivais avec 1 bolivar par jour. J’avais souvent faim, mais ça m’a beaucoup appris.» Sous la houlette d’un entrepreneur local, il crée sa première société d’import-export (en métallurgie). Il apprend à acheter et à vendre, et il apprend vite. Début des années 1980, Philip rentre à Paris pour rejoindre Xerox, l’inventeur du photocopieur. A 34 ans, il dirige 1000 personnes et est responsable du contrat avec l’ambassade américaine en France. Mais le jeune Queffelec rêve de voler de ses propres ailes. En lisant un magazine, il découvre des publicités de ventes et d’achats d’avions privés. Il décide de se lancer dans le leasing d’avions. «En dix-huit mois, j’avais réalisé 497 millions de francs français de chiffre d’affaires. A l’époque, en 1989, c’était colossal.»
«beaucoup plus simple en Suisse»1990, le jeune entrepreneur vit à Londres. Il possède son jet privé, son hélicoptère et 100% de sa boîte. Soudain, la guerre du Golfe éclate et le business s’effondre. Plus personne ne volait. «Je n’avais plus rien mais je suis aussitôt reparti à l’attaque en allant aux Etats-Unis voir le nouvel hélicoptère de McDonnell Douglas. Ils m’ont donné la représentation de leurs machines en France; le fait d’avoir travaillé auparavant pour l’ambassade américaine m’a alors aidé.» Le parcours de Queffelec passe par de multiples rencontres, des amitiés, politiques ou économiques, à Londres, au Portugal et même à Cuba où il rencontre Castro pour lui vendre des avions. C’est finalement en Suisse qu’il va atterrir pour manager les avions privés d’une grande entreprise horlogère. «J’y suis resté six ans. Et j’ai ensuite développé Masterjet. Créer une société en Suisse est beaucoup plus simple qu’à Londres. Et ne parlons pas de la France! Depuis Genève, je gère une douzaine d’avions privés dans le très haut de gamme, du moyen au long-courrier. Mes clients sont africains, moyen-orientaux et européens.» La crise, qui a eu raison de plusieurs de ses concurrents, n’a pas freiné la croissance de Masterjet, dont le chiffre d’affaires a même augmenté de 60% depuis 2008. Porté par sa passion, Queffelec continue d’innover. Sa dernière idée: commercialiser les vols «retour à vide» de 200 avions privés dans le monde. Il le fait sur internet. iMasterjet existe aussi en application à télécharger sur iPhone.
D’autres portraits à lire sur: www.suisse-entrepreneurs.com
Credits photos: Enrique Pardo