Payot veut «éviter le choc frontal» avec Amazon
Pascal Vandenberghe, PDG de Payot Libraire, livre sa stratégie pour faire face à l’arrivée prochaine du géant américain de l’e-commerce.
En se lançant en Suisse, Amazon va notamment raccourcir les délais de livraison de ses produits. Pascal Vandenberghe, à la tête de Payot Libraire, estime pouvoir faire face à ce nouvel assaut du géant américain de l’e-commerce. Comme il a su contenir celui de la Fnac. Bilan l’a rencontré au siège de sa société, à Lausanne.
Quels ont été les résultats de Payot Libraire en 2017? - -
Ils n’ont pas été très bons (Payot ne communique pas de chiffres, ndlr) . Les années électorales ne nous sont jamais favorables. Lors de la présidentielle française, les médias se focalisent sur cet événement, ce qui incite les éditeurs à réduire fortement la publication des ouvrages à fort potentiel commercial. Mais depuis le début 2018, à la faveur d’un franc plus faible en regard de l’euro, la croissance a repris.
Etes-vous prêts à affronter Amazon? - -
Nous sommes confrontés à Amazon depuis plus de vingt ans. Face à un tel géant, il faut développer des stratégies de contournement – avec notamment des services exclusifs – et éviter le choc frontal.
De quelle manière? - -
Tout d’abord, nous avons développé un site internet qui n’est pas perçu par nos librairies comme un concurrent mais comme un allié. Selon les périodes, entre 15 et 20% des clients qui font leurs commandes par internet viennent ensuite les retirer dans l’un des 12 magasins qui les a traitées. Et souvent repartent avec d’autres ouvrages repérés sur nos étalages. Avec ses 140 ans d’ancienneté, notre société jouit encore d’une forte notoriété spontanée.
Que représente votre site web en regard du chiffre d’affaires total de Payot Libraire? - -
Le poids de notre site n’est que de 5%. Il devrait atteindre 10 à 20%. Mais il augmente régulièrement tous les ans.
En quoi êtes-vous différents d’Amazon? - -
Par exemple sur l’ensemble des livres expédiés, nous proposons deux moyens de paiement: en ligne par carte de crédit ou par bulletin de versement. Cette dernière formule est choisie par 90% de la clientèle qui préfère un règlement par facture à une transaction par internet. Par ailleurs, nous ne «traçons» pas nos clients avec des algorithmes de calcul numériques qui les mettraient en boîte. Respecter l’intimité des personnes est pour nous une priorité.
En renonçant à de telles pratiques, ne freinez-vous pas vos affaires? - -
A terme, nous serons gagnants. Le refus d’être scanné dans sa vie quotidienne va s’amplifier dans la conscience collective.
Avez-vous d’autres services originaux? - -
Nous organisons plus de 500 événements par an. Il est aussi possible de commander des dédicaces à distance via internet. Par ailleurs, nous vendons des liseuses ouvertes qui permettent l’achat de fichiers numériques sur d’autres sites que celui de Payot. Ce n’est pas le cas de la liseuse fermée Kindle vendue par Amazon.
Payot a repris début janvier une librairie à Morges (VD). On vous reproche parfois de vous emparer des librairies indépendantes… - -
C’est absurde. Quand Sylviane Friederich, désireuse de prendre sa retraite, m’a proposé de racheter sa librairie à Morges, elle m’a demandé pourquoi Payot n’était pas présent dans cette ville. «C’est parce que vous étiez là», lui ai-je répondu. Nous ne sommes ni à Delémont, ni à Martigny, ni à Bulle où il y a des librairies indépendantes. Nos reprises se réalisent selon les opportunités qui se présentent.
Quels sont vos projets pour Nature & Découvertes, cette société d’origine française, franchisée et implantée en Suisse depuis 2009? - -
Nous sommes présents à Lausanne, Genève-Balexert, Sion ainsi que dans les librairies Payot de Fribourg et de Genève Rive gauche. Nous avons ouvert l’an dernier un magasin Nature & Découvertes à Berne Westside et un autre au centre-ville de Neuchâtel. En avril 2018, nous inaugurerons un magasin au Centre Manor à Vevey, dont la clientèle est très proche de celle de N&D. Avec une croissance organique de 7% et une rentabilité supérieure à celle de la librairie, N&D contribue largement à la bonne santé du groupe Payot, à condition d’augmenter sa voilure. Notre objectif à moyen terme est de passer d’ici à deux ans de 15 à 25% du chiffre d’affaires global.
Après la Suisse romande, la Suisse alémanique? - -
Berne Westside, relativement excentré, est un test qui n’est pas vraiment concluant. Je souhaite ouvrir un magasin N&D dans un centre-ville à Berne, Zurich ou Lucerne.
Comptez-vous développer le site internet de N&D en Suisse, aujourd’hui très sommaire? - -
Nous venons de mettre en chantier un projet de site internet qui sera bientôt opérationnel, avec un clic & collect ou la livraison à domicile.
On retrouve en Suisse tous les articles de N&D proposés en France? - -
Pas tous! Certains produits ne peuvent être vendus en Suisse pour des questions juridiques. Mais nous complétons la gamme de nos produits avec environ 15% d’articles fabriqués en Suisse, répartis dans différents secteurs avec l’agrément du franchiseur.
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