Les études d’avocats ne cessent de grandir
Derrière Lenz & Staehelin qui domine le secteur avec 240 spécialistes, quatre études se détachent. Mais au-delà de la quantité, qu’en est-il de la qualité?
Qu’est-ce qui agite les études d’avocats suisses actuellement? La nécessité d’atteindre une taille critique pour répondre à toutes les demandes de la clientèle, bien évidemment.
La naissance prochaine d’un nouveau numéro un mondial vient d’être annoncée dans le Financial Times : il s’agira de Dentons-Dacheng, soit 6600 avocats répartis dans 120 bureaux situés dans plus de 50 pays, fruit du rapprochement entre le géant chinois Dacheng (4400 avocats basés en Chine) et Dentons (résultat de la fusion en 2012 entre l’américain Denton, le canadien Fraser Milner Casgrain et le français Salans). Rappelons que, pour l’heure, la plus grande étude se nomme Baker & McKenzie, avec plus de 4800 avocats, bien implantée en Suisse également.
De plus, l’entrée en vigueur du nouveau droit comptable secoue certaines études d’une taille plus modeste. En effet, depuis le 1er janvier, les entités réalisant plus de 500 000 francs de chiffre d’affaires devront se doter d’un comptable pour présenter des données basées sur la facturation et non plus sur ce qui a été encaissé.
A cela s’ajoute la tendance à passer sous le régime de la société anonyme ou de la société à responsabilité limitée. Rien qu’à Genève, entre 2006 et fin 2014, la Commission du barreau indique avoir donné une suite favorable à 28 requêtes d’agrément pour des sociétés de capitaux portant sur l’exercice de la profession d’avocat. Des changements qui engendrent une redistribution des cartes entre les nombreux acteurs du secteur.
Un autre élément doit être pris en compte: la volonté d’expansion nationale des études depuis une quinzaine d’années. Par ailleurs, «les règles de procédures civiles et pénales étant devenues fédérales en 2011, cela a permis de gagner en mobilité pour aller plaider dans un autre canton», relève M e Rodolphe Gautier, associé chez Baker & McKenzie.
Dans cette profession, il faut savoir qu’il existe deux types de modèles de rémunération au sein des études: le partage des coûts et le modèle intégré. Le premier système convient bien aux petites études de moins d’une dizaine d’avocats. Chacun traite seul ses dossiers et on se partage les tâches («eat what you kill»). Selon le second système, d’influence anglo-saxonne, on parle d’un pot commun dans lequel on met l’ensemble des revenus avant d’appliquer une répartition selon l’ancienneté ou d’autres critères.
Seul bémol émis par M e Vincent Jeanneret, associé au sein de l’étude Schellenberg Wittmer: «Les premiers sont généralement moins motivés à investir dans des infrastructures communes. Dans le second modèle, nous avons des objectifs à atteindre. Dès lors, nous n’avons pas trop le temps d’aller jouer au golf.»
«Ce second modèle s’impose», témoigne M e Dominique Christin, associé de BCCC, première étude en Suisse à s’être transformée en Sàrl. «Le système du pot commun rend possibles les investissements mais est aussi un prérequis pour développer une culture d’entreprise forte.»
«L’avocat reste fondamentalement un indépendant. L’idée de n’être qu’une pièce d’un puzzle n’est pas très sexy. Mais, a contrario, les one-man-show vont disparaître. Il y a une bonne taille - à trouver», témoigne M e Eric Hess, de l’étude Hess Fattal Savoy. «Il s’agit d’être crédible aux yeux de certains clients. Si on est trop petit, on ne l’est pas. Mais si l’on est trop grand, il y a un risque de perte de la maîtrise de ton entreprise.»
Tout comme Lenz & Staehelin, l’étude Schellenberg Wittmer occupe à Genève un immeuble entier, soit environ 4500 m². Finie l’époque où un étage était sous-loué à des tiers. D’ailleurs, «d’ici à cinq à dix ans, nous serons sans doute incités à trouver de la place supplémentaire», prévient M e Benjamin Borsodi, associé de cette grande étude.
Avec l’US Program destiné aux banques suisses, cinq études se sont partagé 80% des mandats bancaires sur Genève: Schellenberg Wittmer, Lenz & Staehelin, Baker & McKenzie, Bär & Karrer et Homburger. Quelques spécialistes, tel Carlo Lombardini de chez Poncet Turrettini Amaudruz Neyroud, ont réussi à décrocher quelques mandats. Ce surplus de dossiers a contribué à la croissance quasi ininterrompue des grands cabinets depuis cinq ans. Et cela va se poursuivre avec FATCA.
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