Labels énergétiques: des incohérences
Les professionnels demandent davantage de cohérence dans l’application des standards énergétiques, avec une prise en compte de la proportionnalité économique.

«Le mieux est l’ennemi du bien», résume Olivier Ouzilou, président de Signa-Terre, société spécialisée dans l’utilisation rationnelle de l’énergie dans le domaine immobilier, à propos de deux exemples récents vécus par un de ses clients, Urban Project, dans le canton de Fribourg. De quoi s’agit-il?
Urban Project pilote des projets immobiliers dans toute la Suisse. Dirigée par Xavier Jeanneret, elle œuvre en prenant toujours garde à la consommation énergétique de ses promotions.
La société développe actuellement trois nouveaux quartiers: le quartier de l’Etang à Vernier (1000 logements et 2500 places de travail) qui sera rattaché à Genilac (utilisation de l’eau du lac Léman pour rafraîchir et chauffer les bâtiments des organisations internationales, des entreprises du quartier des Nations et de Genève-Aéroport); le quartier des Jardins de la Pâla à l’ouest du centre-ville de Bulle (près de 400 logements) où elle s’est alliée avec les Services industriels de Zurich (EKZ) pour valoriser la chaleur de la nappe phréatique; et, enfin, les Hauts-de-Schiffenen à Fribourg (1200 logements) où Urban Project travaille avec le groupe Celsius pour récupérer la chaleur de la station d’épuration.
«Que ce soit pour le quartier des Jardins de la Pâla à Bulle ou des Hauts-de-Schiffenen à Fribourg, le maître d’ouvrage a fourni de gros efforts pour développer les énergies 100% renouvelables. Pourtant, l’application stricto sensu des bases légales aura pour conséquence de consommer davantage d’électricité (en imposant un système de ventilation à double flux) et de coûter bien plus cher», explique Olivier Ouzilou, qui fut lui-même en son temps directeur du Service cantonal genevois de l’énergie.
Jusqu’au-boutisme administratif contre-productif - -
Il faut savoir qu’il existe désormais un certificat énergétique cantonal des bâtiments (CECB) qui évalue la qualité énergétique, entre autres, des bâtiments d’habitation. Plus précisément, il permet de valider l’efficacité de l’enveloppe du bâtiment et l’efficacité énergétique globale. Depuis le 1 er janvier de cette année, le CECB est devenu obligatoire dans la quasi-totalité des cantons romands.
Il doit être établi lors de la vente d’un bien d’habitation existant ou/et lors du remplacement d’une installation de chauffage par une nouvelle installation. Le bien est classé de la catégorie A (la meilleure) à la G (la moins bonne).
Fribourg autorise un indice d’utilisation du sol plus élevé (+10%) à condition d’obtenir l’étiquette CECB AA, soit A pour l’enveloppe du bâtiment et A pour l’efficacité énergétique globale. Précisons que ces certificats CECB n’ont rien à voir avec le label Minergie développé par une association privée.
Au départ, pour ses deux promotions fribourgeoises, Xavier Jeanneret avait pensé opter pour Minergie, sauf que le service concerné a refusé. «Malheureusement, pour atteindre le A pour l’enveloppe, outre une excellente isolation, on nous impose d’avoir un système de ventilation double flux avec récupération de chaleur. Or, ce système consomme davantage d’électricité et va donc péjorer le bilan énergétique primaire, soit la deuxième étiquette, celle concernant l’efficacité énergétique globale.
De plus, la technologie exigée est plus difficile à mettre en œuvre, plus onéreuse et, au final, consomme davantage d’énergie», ajoute le maître d’ouvrage. De là à parler de dogmatisme technocratique, il n’y a qu’un pas.
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