La vodka sauve les distilleries suisses
Dans un marché déclinant depuis vingt ans, les fabricants helvétiques d’eau-de-vie renouvellent leurs produits. Ils visent un public de jeunes, avides de mélanges bon marché.

Un verre de vodka vous transporte-t-il aussitôt sur la place Rouge à Moscou? Eh bien, dans le cas de la marque Trojka, c’est dans le canton de Lucerne, à Willisau, qu’il faut rechercher l’origine du liquide. Très exactement chez le producteur du kirsch Original Willisauer, la distillerie Diwisa.
La consommation de spiritueux n’a cessé de reculer ces vingt dernières années. Beaucoup de fabriques suisses n’ont pas survécu à la fin de la protection douanière intervenue à la fin des années 1990 et à l’invasion d’importations meilleur marché. Le coup de grâce est arrivé en 2005, avec l’abaissement du taux d’alcool autorisé de 0,8 à 0,5‰ pour les conducteurs qui ont renoncé au pousse-café dans les restaurants.
Parallèlement, la vodka devenait, avec la chute de l’Union soviétique, une boisson branchée et a connu un vrai boom. La production de ce liquide a décuplé ces dix dernières années chez Diwisa.
Subtile stratégie: le leader suisse des spiritueux produit aussi une boisson énergisante de marque parente, Trojka Energy. La compagnie peut ainsi faire de la publicité pour ce label sans subir les restrictions imposées aux alcools. Trojka Energy sponsorise nombre de soirées et signe une ligne de préservatifs en partenariat avec Ceylor.
Appelés en suisse allemand Gummibärli (du nom des ours en gomme Haribo), les mélanges vodka-Red Bull sont éminemment populaires chez le jeune public et font vivre les distilleries du pays. La marque Trojka représente actuellement la moitié du chiffre d’affaires de Diwisa, qui fabrique aussi la vodka haut de gamme Xellent et la tequila Sierra.
Autre vodka suisse – si si – Trotzki vient de la distillerie Appenzeller Alpenbitter (Appenzell, AI) et vise les teenagers avec une déclinaison en cinq parfums sucrés, dont un caramel. A Winterthour, Lateltin propose une cinquantaine de marques d’alcool fort dans les catégories whiskey, aquavit ou encore saké, en plus d’un large éventail de Bull Vodka dès 13 fr. 90 les 70 centilitres.
Boom du whiskey - -
Nombre d’artisans du pays se sont aussi tournés vers le whiskey, dont la fabrication était interdite en Suisse jusqu’en 1999. L’entrée en vigueur des accords bilatéraux a changé la donne, et des malts sont apparus dans toutes les gammes de prix.
Le fameux cinq étoiles Victoria-Jungfrau Interlaken (BE) organise des Whisky Nights dédiées aux labels helvétiques. Le Säntis Malt Edition Dreifaltigkeit de l’Appenzellois Karl Locher a été désigné Whiskey européen 2010 par le pape du genre, le Britannique Jim Murray.
Dernière distillerie romande d’importance nationale, Morand à Martigny ne fait pas de vodka et se veut fidèle à une certaine philosophie. «Nous nous refusons à produire des alcools sans intérêt destinés aux jeunes qui veulent seulement l’ivresse», affirme Julien Morand (42 ans), représentant de la quatrième génération.
Créatrice de la marque Williamine, la distillerie a lancé une ligne d’eau-de-vie Douces qui a renouvelé la clientèle. A 30 degrés d’alcool, au lieu de 43, et plus fruitée que l’eau-de-vie classique, elle s’adresse à un public jeune et féminin.
Membre de la direction d’une entreprise de quelque 50 personnes, Julien Morand affirme: «Nous misons sur la qualité de produits haut de gamme, élaborés dans le respect de la tradition.»
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