La Fondation Philias va cesser ses activités

L’équipe de Philias. Au centre, la fondatrice Bettina Ferdman Guerrier.
Crédits: Guillaume MégevandC’est un véritable tsunami au sein des managers actifs dans le secteur de la RSE (responsabilité sociale des entreprises) en Suisse! La Fondation Philias va cesser ses activités à partir de fin septembre prochain. Cette décision, entérinée par le conseil de fondation, intervient du fait que les revenus (le budget de Philias s’élevait à 800 000 francs) n’ont cessé de baisser. Ses recettes provenaient à la fois des mandats, des cotisations de ses membres (près d’une trentaine actuellement) et du sponsoring de la plateforme annuelle Humagora. Or celles issues des mandats ont baissé de 40% durant ces deux dernières années, par exemple.
Rappelons que sa fondatrice, Bettina Ferdman Guerrier, avait créé en 1997 Entreprises dans la Cité, rebaptisée dès 2000 Philias. La fondation, à but non lucratif et reconnue d’utilité publique, n’a jamais reçu la moindre subvention et n’a jamais été soutenue par la Confédération. Sept personnes sont concernées.
Comment la fondation pionnière en matière de RSE en Suisse en est-elle arrivée là? «D’une part, parce que nous avons bien travaillé... Dès lors, un certain nombre d’entreprises ont intégré la RSE et sont devenues de facto autonomes. D’autre part, les budgets utilisés par les activités en lien avec la RSE sont généralement liés aux RH et à la communication, lesquels ont vu leurs moyens revus à la baisse ces derniers temps», explique Bettina Ferdman Guerrier.
Un lien entre associations et entreprises
Le rôle joué par Philias aura été phénoménal en Suisse, et principalement en Suisse romande. Alors que la fondation aura eu durant son existence une soixantaine de membres, elle a œuvré pour environ 250 entreprises. Précisons qu’elle maintient la tenue de son Philias CSR Day à la Fédération des entreprises romandes à Genève le 21 avril prochain, sur le thème de l’impact des nouvelles technologies sur l’économie et la société. Ces journées annuelles sont réservées aux entreprises, contrairement à la plateforme annuelle Humagora qui vise à mettre en relation les entreprises privées et les associations.
A l’heure où ces dernières voient pour la plupart leurs subventions baisser, la disparition de Philias est très mal vécue. Cette fondation avait réussi à créer des réseaux entre des secteurs qui ne se connaissaient pas et donc qui ne se parlaient pas. Avec l’arrêt de Philias dès octobre, les associations et les entreprises perdent l’acteur qui favorisait les partenariats. «En moyenne, nous développions une centaine de partenariats par année», relate Bettina Ferdman Guerrier. Cette dernière regrette l’arrêt des activités de Philias du fait que cela va provoquer «la perte d’un savoir-faire unique en Suisse sur la RSE que maîtrisait mon équipe».
Reste à savoir si ces nouvelles valeurs, qui ont été inoculées au sein du monde économique avec l’appui de Philias, seront suffisamment fortes pour être pérennes? «Je pense qu’elles sont totalement intégrées au sein des nouvelles générations. Cela étant, dans des entreprises devant faire face
à la concurrence accrue, certaines valeurs risquent d’en pâtir», confie la fondatrice de Philias.