La chaîne romande Be Curious se réinvente
La nouvelle formule de la chaîne romande mise sur l’agrégation de contenus en provenance de communautés, pour exister dans un paysage audiovisuel très concurrentiel.

Au D Club de Lausanne, mardi soir, le thème de la résurrection est omniprésent. Le clip de présentation, réalisé avec la complicité de Pascal Meyer , fondateur de Qoqa, met en scène la mort de Leila Delarive, à l’origine de Be Curious, sa mise en bière, puis sa sortie – rajeunie- du cercueil. Clin d’œil évident aux difficultés rencontrée par la chaîne, et aux licenciements d’une partie des effectifs, annoncés au printemps après un an d’existence. De fait, de 14 permanents -auxquels s’ajoutaient les animateurs et intervenants sur mandat- l’effectif se resserre autour de 4 employés et la fondatrice, qui tire les leçons des échecs passés: «Je pense que Be Curious a toujours eu une âme de disrupteur. Mais quand on arrive dans une industrie ultra-normée, difficile de casser les codes. En travaillant avec la régie Ringier , nous nous sommes conformé aux diffusions à heure fixe, beaucoup de productions propres, avec des talk-shows quotidiens. La pression est telle qu’on se coupe du public. Nous avons avancé dans la souffrance.»
Désormais, la plateforme cross-media (diffusion TV, streaming sur le site et Facebook live) abandonne la production propre et se concentre sur de l’agrégation de contenu proposés par des communautés, parmi lesquelles des institutionnels comme les ONG Médecins sans frontière, Greenpeace ou Human Rights Watch, ainsi que des producteurs indépendants comme le collectif romand «Studio meublé», très actif sur les réseaux sociaux. Les producteurs proposent des contenus via le site de Be Curious, et une curation est mise en place pour sélectionner les projets avant diffusion. «L’idée est de favoriser la diversité des points de vue, revendique Diane Schaeffer, responsable de la gestion des contenus. Les communautés peuvent mettre en avant leur production et toucher un public plus large.»
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Derrière les idéaux participatifs, le nouveau modèle de Be Curious vise en premier lieu à démontrer un nouveau modèle économique, viable qui consiste à réduire au maximum les coûts opérationnels et à rémunérer les producteurs sur un mode coopératif: «Nous définissons deux catégories. Les producteurs professionnels et les étoiles montantes. Nous donnons un revenu minimum, à la minute, selon les barèmes définis notamment par la Société suisse des auteurs. 8 francs la minute pour un professionnel, un peu moins pour une étoile montante. A la fin de chaque mois, si les revenus publicitaires ont excédé nos coûts de fonctionnement, le surplus sera redistribué aux producteurs comme dans une coopérative. Nos résultats économiques seront disponibles de manière transparente.»
Reste à convaincre les annonceurs sur un marché de plus en plus concurrentiel. En mettant sur un pied d’égalité tous les canaux de diffusion, Leila Delarive espère toucher un public jeune, et cibler la publicité en rapport avec les communautés participantes. «Aujourd’hui, les grandes plateformes de commercialisation publicitaires TV, comme Publiplan de Admeira, ont un coût d’accès prohibitif, 150 000 francs sur un an, ce qui décourage les nouveaux entrants, relève Leila Delarive. Nous avons donc internalisé l’activité commerciale. Quant à moi, je vais me concentrer sur un rôle stratégique, et me battre pour supprimer ces barrières qui favorisent les grandes chaînes au détriment des locales et des plus petits acteurs.»
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