Fin d’une époque pour l’empereur suisse du porno
Pionnier du cinéma érotique en Suisse, le Zurichois Edouard Stöckli convertit son cinéma en temple de la culture.

Producteur de films, roi des cinémas pornos et propriétaire de bijoux immobiliers au cœur de Zurich, Edouard Stöckli (68 ans) surnommé ici « Porno-Edi », vit à la fin d’une époque. Le cinéma Stüssihof, qu’il a acquis en 1981 dans le Niederdorf, a fermé ses deux salles l’année dernière et doit devenir un creuset culturel et cinéphile privilégiant les productions suisses. Niché sous les arcades d’un bâtiment du 14e siècle, cet antre dédié au sexe donnant sur une place historique détonnait aujourd’hui dans cette rue cossue et touristique. Il remonte en effet à l’époque où le quartier avait une mauvaise réputation.
Mais comme le reste de la branche, le Stüsshof n’a pas résisté à la concurrence abondante et gratuite des productions qui circulent sur l’Internet. Finies les entrées à la sauvette pour rejoindre la caisse à côté de l’affiche.
Edi Stöckli gère ses affaires de manière avisée et éclectique. Il promet un nouveau lieu dédié à la culture, à la musique et au débat. L’accueil est destiné à la population du quartier et aux familles comme aux milliers de passants quotidiens et à la foule nocturne. Les placards de «Chattes en chaleur» et autres «Bienvenues chez les petites coquines» vont être remplacés par le programme de soirées thématiques consacrée par exemple à “L’humour dans le cinéma suisse”, s’amuse la très sérieuse Neue Zürcher Zeitung.
Une affaire de famille
Le Stüssihof, c’est aussi une affaire de famille. Zoë Stöckli, la fille d’Edi, est spécialisée dans les publications érotiques et gère le « Museum of Porn in Art », installé dans le bâtiment de son père. Sa galerie conservera sa place dans le nouveau centre culturel en gestation.
Lui-même proche de la contre-culture, Edi Stöckli diffusait à la fin des années 60 des films underground au cinéma Rex qui s’élevait alors sur la Bahnhofstrasse. Dans les années 80, il met un de ses cinémas à la disposition du mouvement de contestation de la jeunesse zurichoise et de son « Züri brännt ».
Parallèlement, il gagne beaucoup d’argent avec le porno, production de films et cinémas. Les trois derniers établissement qui subsistent encore à Zurich (Roland, Walche et Sternen Oerlikon) lui appartiennent toujours. Mais il détient aussi le multiplexe de Sihlcity, dédié au cinéma commercial, un autre à Fribourg et doit ouvrir un troisième complexe un autre à Genève au printemps 2014.
« Le porno comme forme de révolte »
Zoë Stöckli a déclaré au Tages-Anzeiger: « Mon père est avant tout un soixantehuitard. A l’époque, le porno était une forme de révolte. Il cherchait à sortir la production culturelle du monde sclérosé de la Suisse des années 50. »
Ce personnage aux visages multiples appartient aujourd’hui au Conseil de la fondation de la Cinémathèque Suisse et à la Fondation zurichoise pour le cinéma.
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