En plein confinement, UBS a engagé 300 collaborateurs en Inde
La première banque suisse s'est préparée au travail à distance durant les deux premières semaines de mars. En Inde, près de 6000 employés sont concernés.

En Inde, le confinement qui dure depuis deux mois provoque de grands bouleversements dans le monde du travail. Des dizaines de millions d'employés précaires ont perdu leur emploi. Dans les grandes villes, les transports publics sont toujours à l'arrêt, les déplacements fortement restreints.
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Dans ce contexte de confinement strict voulu par le gouvernement indien, UBS a dû s'adapter. La première banque suisse emploie 6000 collaborateurs dans le back office. Elle a créé son premier centre de services en 2015 à Pune, ville située à 150 km au sud-est de Mumbai. Des ingénieurs IT, des experts en intelligence artificielle, des développeurs de logiciels, des comptables et des mathématiciens notamment, la plupart diplômés universitaires, se répartissent aujourd'hui dans trois villes: Pune, Mumbai et Hyderabad.

Selon Harald Egger, directeur général d'UBS en Inde depuis 2018, la situation de confinement en Chine a servi d'exemple. «Nous avons vu ce qu'il se passait là-bas. Durant les deux premières semaines de mars où il y avait encore peu de cas en Inde, nous nous sommes préparés au travail à distance. Cette pratique existait déjà depuis dix ans pour UBS, mais évidemment pas à une si grande échelle. Du coup, lorsque le gouvernement indien a annoncé officiellement le confinement total (ndlr: le 24 mars) quatre heures avant son entrée en vigueur, cela ne m'a pas véritablement surpris. Ce jour-là, 75% de nos employés travaillaient déjà depuis chez eux. Trois jours plus tard, ils étaient 95%», confie-t-il.
Crainte sur les réseaux
Pour le dirigeant, la principale crainte concernait les réseaux informatiques en Inde. Personne n'était sûr qu'ils seraient suffisamment solides pour éviter des pannes. «Notre infrastructure informatique est récente. Il y avait certes de la volatilité sur les réseaux, mais nous n'avons pas enregistré de panne et avons pu soutenir nos clients», relève Harald Egger.
Au-delà des réseaux, il estime que le confinement a permis d'accélérer la digitalisation. Contrairement à d'autres entreprises qui licencient, UBS a engagé en Inde 300 collaborateurs durant le confinement dans les secteurs de l'IT, de la finance, du risque et des opérations bancaires. Les méthodes de recrutement ont été novatrices. «Nous n'avons pas rencontré physiquement les candidats. Ils ont été intégrés à distance via des instruments adaptés durant la pandémie. Les équipes des ressources humaines et de la technologie ont introduit une solution en ligne qui permet aux candidats de remplir toutes les formalités d'embauche», souligne le dirigeant.
Maintenir la motivation
La priorité au niveau des collaborateurs est de s'assurer de leur santé physique et mentale durant un confinement de plus de deux mois. «Cette situation exige des capacités de management pour maintenir la motivation. Par ailleurs, les employés ont pu avoir des contacts réguliers avec leur hiérarchie et avec les ressources humaines pour obtenir du soutien», souligne Harald Egger.

Aditi, 39 ans, spécialiste du reporting financier qui travaille pour UBS à Pune, confirme le défi à relever: «J'ai dû trouver un équilibre entre la vie professionnelle et privée, sachant que je dois m'occuper de mon enfant. Cela m'a pris environ un mois. J’ai pu bénéficier du soutien du management qui s’est montré très compréhensif par rapport à ma situation. Nous avons aussi eu des sessions par Skype où nous avons reçu des conseils. Prendre des pauses de manière régulière et maintenir les contacts avec les collègues constituent un moyen de rester connecté avec notre environnement professionnel. Avant le confinement, j'avais déjà travaillé depuis la maison, mais seulement pour de courtes périodes», témoigne-t-elle.
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Pour Ramanan Laxminarayan, épidémiologiste et économiste indien, dans les services, certains secteurs expérimenteront davantage le travail à domicile. «Le confinement montre que l'on peut être autant productif en travaillant depuis chez soi. Mais je pense qu'en Inde, ce sera plutôt une tendance à temps partiel qu'à temps complet», relève-t-il.
Selon l'épidémiologiste qui avait prédit une catastrophe sanitaire il y a deux mois, l'Inde représente plusieurs particularités. Elles jouent en faveur ou en défaveur dans la lutte contre la pandémie. «Au niveau démographique, 65% des 1,3 milliard d'habitants ont moins de 35 ans, ce qui est très différent des pays européens très touchés, En revanche, il y a plus de pollution, ce qui pourrait engendrer plus de problèmes de santé avec le virus. Jusqu'à présent, on observe que la propagation s'est accélérée, car il y a des endroits comme les bidonvilles qui sont surpeuplés. Il y a toutefois moins de morts (ndlr.: 4534 décès à ce jour selon Worldometers ) que dans d'autres pays, mais on ne connaît pas exactement les raisons.»
Pic de la pandémie attendu en juillet
En attendant un pic prévu en juillet, les grandes villes ont décidé de prolonger le confinement. Dans l'Etat de Maharashtra où se trouve Mumbai, poumon économique de l'Inde, sauf changement de dernière minute, le confinement durera jusqu'au 31 mai. Dans les villes et villages où le virus est en déclin , les conditions ont été assouplies pour permettre un redémarrage de l'économie.
Néanmoins, des dizaines de millions d'Indiens qui travaillaient dans les grandes villes sont rentrés dans leur village. Cette situation compliquera le retour à la normale. Selon une note récente d'UBS, sur l'exercice en cours, le PIB indien devrait reculer à -0,4% contre +2,5% prévus initialement.
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