Droits humains: les Suisses en retard

Rares sont les sociétés qui vérifient les conditions de travail à l’étranger.
Crédits: Gianluigi Guercia/AFPJusqu’à l’adoption à l’unanimité en juin 2011 par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies des «principes directeurs en matière de droits humains» (lire l’encadré), l’actualité était marquée par des dénonciations récurrentes menées par des ONG quant au travail des enfants ou à l’utilisation de produits toxiques nocifs pour la santé. Depuis 2013, l’Administration fédérale travaille à l’élaboration d’une «stratégie Ruggie».
EconomieSuisse et SwissHoldings ont publié une brochure en juin 2015 où l’on apprend que ces principes directeurs sont désormais le cadre normatif de référence. Mais a-t-on assisté à une internalisation du respect des droits humains par les firmes? Pour le compte de Pain pour le prochain, Chantal Peyer a passé sous la loupe les 200 plus grandes entreprises suisses, soit les 100 sociétés cotées en bourse et les 100 sociétés non cotées ayant le plus gros chiffre d’affaires.
Le résultat est décevant: 61,5% des sociétés ne communiquent aucune information quant à une politique de droits humains. 27,5% publient un code de conduite s’appliquant à leur propre entreprise et à leurs principaux fournisseurs. 11% (22, dont 8 sont des filiales de groupes étrangers) des firmes étudiées font référence aux principes directeurs de l’ONU.
Une analyse qualitative complémentaire a été faite en examinant la politique en matière de droits humains des 14 entreprises dont le siège principal se situe en Suisse et qui font référence aux principes de Ruggie. Toutes été contactées. Celle qui s’en sort le mieux est Kuoni.
A l’image de Nestlé, Syngenta, UBS et Credit Suisse, elle a développé sa politique de droits humains en collaboration avec des ONG ou des instituts de recherche, mais, en plus, Kuoni a créé un comité d’experts indépendants qui sont intervenus à différentes étapes du processus de diligence. Kuoni est la seule à faire le pari d’une communication complètement transparente en publiant le contenu de ses évaluations d’impact. Dommage que ce groupe soit sur le point d’être racheté par une société suédoise de participation.