Demain l’école sera nomade et collaborative
La technologie investit les écoles privées de Suisse. Objectif? Développer le savoir-être, le travail collaboratif et l’intelligence multiple de l’enfant.

«L’enseignement privé en Suisse génère un microclimat extrêmement intéressant et dynamique», assure d’emblée Pierre-Antoine Hildbrand, secrétaire patronal en charge de l’Association vaudoise des écoles privées (AVDEP). D’abord, la Suisse, de par son fort ancrage international, bénéficie d’une longueur d’avance concernant le plurilinguisme. Mais aussi, les écoles y sont nombreuses, très réputées au niveau mondial et exceptionnellement innovantes. «Il y a un effet d’entraînement, poursuit Pierre-Antoine Hildbrand. Les bonnes pratiques des unes génèrent les bonnes pratiques des autres.» Pour Christophe Clivaz, directeur de Swiss Learning, un groupement d’internats privés visant à promouvoir l’excellence de l’éducation suisse au niveau international, ce dynamisme est un passage obligé: «Nous ne pouvons pas nous permettre de rester coincés dans des programmes rigides, mais devons nous adapter au village global qu’est devenu le monde, constate-t-il. De plus, en Suisse, le niveau de l’enseignement public est excellent et les professeurs y sont nettement mieux payés que dans le privé. Par conséquent, nous sommes bien obligés d’offrir un plus.»
Les grandes tendances
Ce plus, ce sont notamment les initiatives innovantes qui se déploient dans deux grandes directions: l’une technologique et l’autre pédagogique, les deux étant étroitement liées. Les innovations technologiques comprennent des classes équipées de tableaux interactifs, des élèves munis d’un ordinateur ou d’une tablette, des systèmes intégrés de gestion globale de la scolarité contenant les programmes de cours, notes et absences (voir tableau pages 38 et 39). Mais elles ne sont pas une fin en soi, comme le précise Jean-Claude Brès, responsable de l’Institut de formation pédagogique (IFP), outil de formation continue des écoles de l’Association genevoise des écoles privées: «La technologie doit être considérée comme un support de la pédagogie.» Alors justement, qu’est-ce que la technologie change en termes de pédagogie? «L’une des tendances aujourd’hui, c’est de rendre l’école nomade, explique-t-il. Désormais, elle est partout, à l’intérieur, à l’extérieur, à la maison.» Une tendance qui introduit aussi une plus grande transparence à l’égard des parents, qui peuvent s’informer sur le site de l’école, par exemple pour des absences, des notes, des activités de leurs enfants. Autre conséquence de la survenue de la technologie dans les classes, l’apprentissage devient global et pluridisciplinaire. «Le multimédia permet le recours à l’intelligence multiple de l’enfant, auditive, visuelle, tactile, explique Pierre Cuénod, directeur de l’Ecole Moser à Nyon. Pour l’élève, c’est plus motivant. Il participe à l’élaboration de son savoir. De toute façon, aujourd’hui, si vous ne captez pas l’attention des élèves, habitués aux écrans et à l’interactivité, vous êtes perdu.» En clair: un travail de géographie sur les océans peut s’écrire en allemand, faire appel aux sciences, et développer les capacités artistiques de l’élève qui le présentera sous forme de vidéo, ou de texte avec des photos. Et enfin, on observe une résurgence de l’art, de la culture et de la philosophie dans les cursus, des disciplines visant à développer la créativité et le savoir-être de l’enfant et non plus seulement son savoir. Et dernière tendance innovante, une attention de plus en plus grande portée à l’entraide par le biais d’actions humanitaires auxquelles participent les élèves eux-mêmes, depuis la Suisse, ou sur place en Afrique ou en Asie. Technologie Le multimédia améliore l’enseignement. Ici à l’Institut auf dem Rosenberg.
Les clés du succès futur
«La principale préoccupation des parents aujourd’hui, c’est la réussite future de leur enfant, constate Yves Thézé, directeur du Collège du Léman. Et ils ont compris que l’éducation était la clé de cette réussite.» Une observation que ne dément pas Xavier Falichet, père de deux élèves de 12 et 14 ans scolarisés à Florimont, dans le canton de Genève. «L’innovation et la créativité sont des notions très importantes, déclare-t-il. Nos enfants vivent dans un monde surprotégé et vont se retrouver face à des concurrents en provenance des pays émergents, bien formés et plutôt agressifs. Autant qu’ils y soient bien préparés.» Entre autres grâce à une bonne maîtrise des outils technologiques et à ce savoir-être qui donne confiance en soi. Xavier Falichet, qui est également cadre supérieur dans une grande multinationale à Genève, ajoute: «Il m’arrive d’embaucher des collaborateurs ou des stagiaires de longue durée. Et qu’est-ce que je regarde outre les qualités purement professionnelles du candidat? Qu’il maîtrise une langue dite exotique ou qu’il ait une expérience différente, par exemple qu’il ait participé à une action sociale au niveau international.» Bref, des candidats avec une vision large du village global. «Certes, en tant que père, je souhaite que mes enfants continuent à acquérir les connaissances traditionnelles, mais aujourd’hui cela ne suffit plus.»
Le XXIe siècle sera virtuel
Si l’on se base sur ces évolutions, à quoi ressemblera l’école de demain? «L’élève passera de plus en plus de temps en dehors de la salle de classe à découvrir le monde, pense Christophe Clivaz. En outre, il ne travaillera plus seul, mais en équipe et en réseau sur des projets pluridisciplinaires, où il construira lui-même ses connaissances.» Et, corollaire, l’école ne sera plus dans un bâtiment bien précis, mais grâce au wifi elle sera partout. «En même temps, on va assister au développement du travail collaboratif, style wiki, où les élèves partiront ensemble à la recherche d’un savoir commun et approfondi», imagine Jean-Claude Brès. Une école virtuelle, en somme? «Non, car on ne pourra jamais se passer du socle traditionnel de connaissance, ni de la rencontre avec l’autre.»
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