De l’eau de rose dans l’empire Murdoch
Roi du roman d’amour, l’éditeur canadien Harlequin appartient désormais au magnat des médias. Une union pas tout à fait chaste, et hautement rentable.
Le 2 mai 2014, le magnat des médias s’offrait l’éditeur canadien Harlequin pour 360 millions de francs. Ses histoires de docteurs et d’infirmières qui fricotent restent très loin de l’érotisme sulfureux de 50 nuances de Grey , mais font rêver des millions de lectrices. Le roi du roman d’amour chaste est l’éditeur le plus profitable du monde.
1951-1953
Vendus au prix de 25 cents, les bouquins Harlequin sont un succès. Mais l’entreprise peine à dégager des bénéfices. A la mort de Jack Palmer, au milieu des années 1950, Richard Bonnycastle acquiert 25% d’Harlequin et se retrouve bientôt seul aux commandes, Doug Weld ayant décidé de quitter le navire.
Mary, la femme de Richard, fan absolue des romances médicales publiées par l’éditeur anglais Mills and Boon, pousse bientôt son mari à en acquérir les droits de distribution pour l’Amérique du Nord. Elle exercera une censure rigoureuse sur les textes en instaurant un code de décence qui limite les contacts physiques entre les protagonistes. Le docteur et l’infirmière peuvent s’embrasser, mais pas conclure au-delà.
1967-1971
Harlequin édite presque exclusivement les romans de Mills and Boon qu’il vend à 85% au Canada, malgré son droit de diffusion qui s’étend sur tout le nord du continent américain. En 1968, Richard Bonnycastle meurt. Son fils, Richard Bonnycastle Jr., prend les rênes de l’entreprise qu’il ambitionne de faire grandir rapidement.
Il s’associe avec Pocket Books et Simon & Schuster pour distribuer ses histoires sur tout le territoire des Etats-Unis. En 1971, Harlequin rachète Mills and Boon. Bientôt, les libraires se plaignent de l’envahissement de la production Harlequin qui encombre leurs stocks. Richard Bonnycastle Jr. décide de limiter son réseau de distribution au supermarché et au drugstore, «where the women are».
1973
Richard Bonnycastle Jr. a l’idée de regrouper ses publications par série plutôt que par titre. Chaque mois, six romans sortent ainsi dans la collection Harlequin Romance, puis dans celle de Harlequin Presents qui diffuse les textes de trois auteurs à succès du moment. L’écriture y est moins chaste, mettant Mary Bonnycastle dans tous ses états. Les chiffres de vente parlant contre elle, elle se fera finalement une raison.
De son côté, Richard innove au niveau de la publicité en offrant gratuitement à l’achat d’un livre un autre de la collection, estimant que la lectrice cherchera ensuite à compléter la série. Il ouvre également un service d’achat par abonnement et étend ses activités à partir de 1974 vers l’Europe, et notamment l’Allemagne, grâce à l’éditeur Axel Springer.
1981-2012 -
Torstar Corporation, propriétaire du quotidien Toronto Star, rachète Harlequin dont il poursuit l’expansion internationale. L’Allemagne représente désormais 40% de son chiffre d’affaires, tandis qu’en Suède un quart de la totalité des livres achetés sont édités par le canadien. En 1994, l’éditeur rachète son concurrent Silhouette Books et entre en Chine l’année suivante.
En 1998, Harlequin réalise la meilleure année de son histoire avec 205 millions de livres vendus sur les six continents. Sa trentaine de collections différentes lui rapporte désormais 585 millions de dollars pour un bénéfice de 124 millions.
Considéré comme l’éditeur le plus profitable du monde, Harlequin doit faire face en 2012 à une «class action» de ses auteurs qui estiment avoir été lésés sur les droits de leurs œuvres, notamment au moment de leur passage au format numérique.
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