Chez Nestlé, la chasse au CEO est ouverte
De grands changements se profilent dans les deux années à venir chez Nestlé. Passé les festivités des 150 ans de la multinationale veveysane qui se dérouleront en 2016, le président du conseil d’administration Peter Brabeck va quitter ce siège en 2017, ayant atteint la limite d’âge fixée par les statuts de 72 ans, comme il l’a déjà annoncé dans la presse.
Il est probable que le Belge Paul Bulcke (61 ans), actuel CEO et également administrateur, lui succède. Un cumul des deux postes, assumé durant trois ans par Peter Brabeck, semble difficile à envisager aujourd’hui, tant les critiques portant sur les principes de gouvernance avaient été vives à l’époque.
Les analystes se rallient à ce calendrier. «Paul Bulcke se comporte déjà davantage en président du conseil qu’en CEO. Il se concentre fortement sur les orientations stratégiques», note Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel. Christophe Laborde, chez Bordier, renchérit: «Paul Bulcke a été choisi par Peter Brabeck. Ce serait un signe de continuité si le Belge lui succédait à la présidence.»
Une Américaine d’origine chinoise
Dès lors, qui pourrait reprendre les rênes du leader mondial de l’alimentation? «Wan Ling Martello est actuellement la star montante de Nestlé, affirme Jean-Philippe Bertschy. Lorsqu’elle était cheffe des finances, elle a réalisé un travail exceptionnel en permettant une amélioration notable de la rentabilité du groupe. Elle a décidé de plusieurs excellentes opérations de désinvestissements, par exemple la vente de la participation de Nestlé dans Givaudan. En mai dernier, elle a été nommée à la tête de la zone Asie, Océanie, Afrique. C’est un poste qui pourrait lui servir de tremplin vers la direction du groupe.»
C’est cette Américaine d’origine chinoise éduquée aux Philippines, âgée de 56 ans, qui a débarqué le chef du marché indien à la suite du scandale des nouilles Maggi impropres à la consommation. Appelée chez Nestlé en 2011 en tant que cheffe des finances et seconde femme de la direction générale, elle a commencé sa carrière chez Kraft Foods aux Etats-Unis, et chez Walmart.
Un Français et un Californien
Reste que ce serait une surprise énorme, car Wan Ling Martello ne remplit guère les exigences habituelles de Nestlé pour accéder à cette charge. Après avoir gravi les échelons à l’interne, le candidat idéal doit avoir dirigé une filiale émergente, ainsi qu’un grand marché (Etats-Unis, Europe) et maîtriser les processus stratégiques.
Selon Christophe Laborde, deux candidats répondent à ces critères. Le Français Laurent Freixe (53 ans) dirige depuis 2014 la zone Amériques (Nord et Sud). Après des études à Lille, il a rejoint Nestlé à 24 ans pour une carrière qui l’a mené en Hongrie, en Espagne et au Portugal.
Quant à l’Américain Chris Johnson (54 ans), il gère actuellement la division Nestlé Business Excellence, dont l’objectif est de créer des processus devant améliorer les marges. Dès 1995, il a pris la tête de la région Asie chez Nestlé Waters, basée à Paris. Le Californien a ensuite chapeauté les marchés nationaux de Taïwan et du Japon avant de diriger la région Amériques de 2011 à 2014.