Après l'Asie, les usines H&M arrivent en Afrique
A la recherche de sites de production toujours moins chers, l'industrie textile fait face à l'augmentation des coûts en Asie. H&M, numéro 2 mondial du secteur, va donc implanter des usines en Ethiopie.
Et si la Chine subissait à son tour les délocalisations? Alors que l'industrie textile semblait avoir transféré d'Europe en Asie l'ensemble de ses productions, un nouveau virage pourrait être pris. Le numéro 2 mondial du secteur, H&M, vient en effet d'annoncer le 16 août que son réseau allait prochainement être étendu en Ethiopie. - - Le géant suédois de l'habillement grand public concentrait depuis quelques années 80% de sa production en Asie (Chine, Inde, Bangladesh, Asie du Sud-Est). Mais les augmentations des coûts (salaires, normes de sécurité,...) semblent avoir donné aux dirigeants des envies d'ailleurs. - - La tradition textile éthiopienne - - C'est ainsi que des commandes-tests ont été passées auprès de fournisseurs éthiopiens, qui doivent bâtir des usines dans le pays d'ici à la fin de l'année. Dans un communiqué, Hennes et Mauritz reconnait ne pas encore savoir combien de ces fournisseurs seront retenus et quand ces usines seront prêtes. - - H&M ne serait pas la première entreprise à opter pour l'Ethiopie. Fort d'une tradition dans le textile et le cuir héritée de l'occupation italienne, l'Ethiopie a déjà réussi à attirer le britannique Tesco et le fabricant de chaussures chinois Huaijan (qui fournit les marques Guess et Tommy Hilfiger). - - Une politique volontariste - - Pour attirer ces investisseurs étrangers, le gouvernement éthiopien a engagé un vaste plan de soutien au textile, destiné à faire du secteur un moteur de croissance pour l'économie nationale. En s'appuyant sur une main d’œuvre et des terrains bon marché, l'Ethiopie ajoute des aides à l'installation et des exonérations de charges. - - Officiellement, la démarche de H&M vise à ouvrir de nouveaux marchés et à garantir l'approvisionnement des points de vente sans toucher au réseau de sites de production actuel. «Nous sommes une entreprise vaste et nous cherchons constamment de nouveaux marchés d'achat potentiels pour garantir que nous avons la capacité de livrer les produits dans tous les magasins. Nous faisons cela en augmentant la productivité sur les marchés de fabrication existants ainsi qu'en recherchant de nouveau marché», explique Camilla Emilsson-Falk, porte-parole de H&M. - - Des coûts moitié moindres par rapport à la Chine - - Cependant, ces nouvelles implantations pourraient s'expliquer par la même démarche que celle qui a poussé l'ensemble des entreprises textiles à migrer d'Europe en Asie: les coûts de production, et notamment les salaires. En Chine, les rémunérations ont dû être revues à la hausse ces derniers mois. - - Entre 2004 et 2012, les salaires ont augmenté de 181% en Chine. Et la hausse s'accélère: +25% en 2012 dans le secteur textile et sans doute +20% en 2013. Dans certaines régions du pays, le salaire minimum est similaire à celui ayant cours en Roumanie et en Bulgarie, précise le quotidien français Les Echos . - - Le Wall Street Journal a calculé que le coût de production d'un vêtement fabriqué actuellement en Ethiopie est moitié moins cher qu'un vêtement fabriqué en Chine en 2011, dernière année pour laquelle ces statistiques sont disponibles. - - Et l'Ethiopie présente l'avantage d'une plus grande proximité avec les principaux débouchés pour H&M, l'Europe. Donc des coûts de transport et délais de livraison réduits. - - Coûts en hausse et question des droits de l'homme - - La stratégie pourrait toutefois être fragile, surtout sur le plan des coûts. Le Wall Street Journal cite un analyste de Bernstein qui calcule qu'entre 2010 et 2011 les coûts ont augmenté de 18% en Ethiopie contre seulement 7,7% en Chine. Un trend de ce genre pourrait rendre la production éthiopienne plus onéreuse que la production chinoise dès 2019. - - Sous le feu des projecteurs au Bangladesh suite aux accidents survenus dans ses usines, ou dans d'autres pays où la situation des droits de l'homme est complexe, H&M a immédiatement tenu à déminer ce terrain: «Nous avons fait une analyse des risques poussée pour l'Ethiopie, en nous penchant sur les questions de droits de l'homme et d'environnement», insiste Camilla Emilsson-Falk. - - Mais le pays reste l'un des plus pauvres au monde, en dépit d'un taux de croissance annuelle moyen de 10% depuis dix ans selon la Banque mondiale. Si le pays est relativement plus stable que d'autres nations africaines depuis plusieurs décennies, les organisations de défense des droits de l'homme n'épargnent pas le gouvernement qui a repris les commandes du pays suite à la mort en 2012 du Premier ministre, Meles Zenawi.
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