«UBS aura une stratégie plus stable et plus lisible»
Un trait sur dix milles emplois et une grande partie de sa banque d’investissement: UBS choisit les grands moyens. Une approche justifiée, explique le professeur de finance Marc Chesnay.

Vice-directeur de l’Institut de banque et finance de l’Université de Zurich, Marc Chesnay décrypte l’annonce du jour. - - - Que fait la grande banque, comment lisez-vous sa stratégie? - - Marc Chesnay – UBS réduit ses activités d’Investment banking. Manifestement, il y a eu des pertes. Le cas Adoboli, par exemple [un trader londonien qui a fait perdre plus de 2,3 milliard de dollars]. A mon avis, cette stratégie va dans la bonne direction. L’économie réelle a en effet besoin d’investissements et pas de paris. Aujourd’hui, la plupart des produits dérivés permettent de réaliser des paris et non pas de servir l’économie réelle. C’est le vrai problème. La valeur nominale de tous les produits dérivés correspond à douze fois le PIB mondial. Si ces produits, comme on l’affirme le plus souvent, étaient des produits de couverture, ils correspondraient à 20 ou 30% du PIB mondial. Pas douze fois. Cette dynamique est dangereuse, il faut donc réduire son intensité. Et ça ne concerne pas seulement UBS, mais toutes les grosses banques actives dans ce domaine. - - Mais pourquoi agit-elle maintenant? - - Il faudrait connaître les détails. Mais elle aurait dû le faire avant. Mieux vaut cependant maintenant que plus tard. D’autant que ces grosses banques ne sont que partiellement incitées à agir. Elles sont «too big to fail» et savent donc aussi que si leur situation se dégrade fortement, l’actionnaire paiera, le contribuable paiera, le client paiera. - - Était-il obligatoire d’en passer par la suppression de 10'000 emplois? - - C’est bien sûr malheureux pour les gens qui perdent leur emploi. Mais ce sont des gens bien formés, intelligents, il faut espérer qu’ils en retrouvent un. Ce devrait être le cas. Il serait étonnant qu’ils restent au chômage trop longtemps. Je pense aussi que ces gens là devraient intervenir davantage dans l’économie réelle. La sphère financière est trop grosse. Il faut d’une manière ou d’une autre qu’elle diminue. Et l’économie réelle offre des postes de travail. - - Deux milles cinq cents emplois perdus en Suisse: faut-il attendre un effet important sur la place financière suisse? - - Il y aura un effet, en tout cas sur le court terme. Mais a mon avis, les gens jeunes vont retrouver un travail. Je ne suis pas trop inquiet pour eux. La situation sera plus délicate pour les plus âgés, souvent mieux rétribués. - - Les rumeurs de ces derniers jours et les annonces de mardi poussent le titre UBS à la hausse. Cela vous paraît-il normal? - - Cette restructuration sera perçue par certains comme une pure réduction de coûts. J’y vois plutôt un gain en termes de stabilité et de réduction du risque. UBS aura une stratégie plus stable et plus lisible, avec moins de surprises possibles. Plus la banque d’investissement est réduite, plus la probabilité d’avoir un nouveau cas Adoboli est faible. Les investisseurs apprécient cette nouvelle situation [ce qui rend le titre plus attractif et engendre une hausse de son prix].
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