TAP Air Portugal: après la renationalisation, le défi de la restructuration
La renationalisation de TAP Air Portugal, avec le départ de son principal actionnaire privé, a sonné vendredi le coup d'envoi d'un "douloureux" plan de restructuration de la compagnie aérienne.

"C'est un processus qui ne sera pas exempt de douleur et de sacrifices, mais en fait les sacrifices sont déjà là", a prévenu vendredi le président du conseil d'administration du transporteur portugais, Miguel Frasquilho, à la radio publique Antena 1.
Pendant que la majorité des quelque 10.000 salariés de la TAP étaient au chômage partiel à cause de la pandémie de coronavirus, au moins un millier de travailleurs sous contrat à durée déterminée ont déjà quitté l'entreprise, a-t-il précisé.
Le gouvernement socialiste a annoncé jeudi soir être parvenu à un accord pour permettre à l'Etat de porter sa participation au capital de la TAP de 50 à 72,5%, en rachetant la moitié du consortium privé Atlantic Gateway qui appartenait à l'homme d'affaires américain David Neeleman, pour 55 millions d'euros.
Le Portugais Humberto Pedrosa, ancien associé de M. Neeleman et patron du groupe de transport routier et ferroviaire Barraqueiro, conserve 22,5% du capital tandis que les salariés gardent leur participation de 5%.
L'Américain, fondateur de la compagnie américaine JetBlue et de la brésilienne Azul, avait refusé les conditions exigées par l'Etat pour renflouer la TAP via un prêt public de jusqu'à 1,2 milliard d'euros.
Le départ de M. Neeleman, qui cherchait déjà à vendre sa part à la compagnie allemande Lufthansa avant la pandémie, s'est avéré nécessaire pour ouvrir la voie au sauvetage de la TAP qui, selon les règles de la concurrence européennes, doit être assorti d'un plan de restructuration.
La première étape de cette restructuration passera par le recrutement d'une nouvelle équipe de gestionnaires qui seront sélectionnés par une société spécialisée dans le secteur de l'aviation, a indiqué le ministre des Infrastructures, Pedro Nuno Santos, lors de l'annonce de la renationalisation de la compagnie.
Une compagnie "surdimensionnée"
"Nous voulons une TAP viable, au service des besoins du pays", a-t-il ajouté, en précisant que l'Etat ne voulait pas d'une compagnie "surdimensionnée".
"Le plan de restructuration impliquera certainement une réduction des liaisons et du nombre d'avions de la TAP, et cela aura évidemment des conséquences pour l'emploi", a souligné vendredi le Premier ministre Antonio Costa.
A l'instar d'autres compagnies aériennes européennes qui ont bénéficié d'aides publiques pour survivre au choc provoqué par la pandémie de Covid-19, "la TAP va devoir intégrer dans son plan de restructuration une reprise du trafic qui sera lente et fragile", a expliqué à l'AFP Philippe Berland, expert en transport aérien au cabinet de conseil Sia-partner.
"Elle devra adapter sa structure de coûts tout en conservant sa capacité à générer de l'activité économique, notamment dans le secteur du tourisme qui est très important pour le Portugal", a-t-il ajouté.
Après un bref retour aux bénéfices en 2017, la TAP a enregistré en 2018 et 2019 des pertes supérieures à 100 millions d'euros. A la fin de l'année dernière, le transporteur portugais affichait un nombre record de plus de 17 millions de passagers mais accumulait des capitaux propres négatifs de 580 millions d'euros.
La compagnie justifiait ces résultats en raison de sa stratégie de développement, qui avait entraîné d'importants investissements pour renouveler sa flotte et recruter de nouveaux salariés, et tablait sur un rapide retour à l'équilibre quand la crise sanitaire a frappé durement le secteur de l'aviation.
"La TAP devra maigrir, sous pression de la pandémie et de Bruxelles, mais tout cet effort n'en vaudra la peine que si elle conserve une dimension qui garantisse sa pertinence", s'inquiétait dans son éditorial le directeur du quotidien économique Jornal de Negocios, André Verissimo.
AWP/AFP
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