Un village en ruines cherche son repreneur en Turquie
Voici 89 ans, les derniers habitants de Kayaköy quittaient le village. Suite au conflit gréco-turc, des échanges de populations avaient été convenus et les 2000 habitants, très majoritairement grecs orthodoxes, du village situé dans le Sud-Est de la Turquie, sur la côte qui fait face à Rhodes, ont quitté leurs maisons pour gagner la Grèce.
Vidé de ses habitants, le village s'est figé pendant plusieurs décennies. Jusqu'à ce que les éléments naturels viennent le transformer: une série de petits séismes et un incendie majeur dans les années 1950 ont fait des ruines de ces maisons autrefois occupées par des familles surtout tournées vers l'artisanat.
Des maisons et églises du XVIIe siècle
Or, cette région du Sud-Est de la Turquie ne bénéficie pas des mêmes atouts touristiques que d'autres spots privilégiés vers la Mer Egée ou Istanbul, alors même qu'Antalya n'est qu'à un peu plus d'une heure de route. Dans cette région, peu d'infrastructures et des investissements réduits n'ont pas permis d'attirer les foules. Alors même que Kayaköy présente un grand intérêt historique. En effet, les villages grecs désertés près des grands pôles urbains ont été réoccupés par des familles turques après leur abandon en 1923. Ici, l'abandon de près d'un siècle a préservé près de 500 maisons, mais aussi des commerces et églises traditionnelles datant pour certaines du XVIIe siècle.
Ces témoignages du passé ont valu à Kayaköy de nombreuses protections, dont celles de l'Unesco par son programme World Friendship and Peace Village, ou encore celles des autorités turques conscientes du fait qu'elles disposent là d'un site de grand intérêt et qui lui ont accordé le statut de site archéologique préservé en 1988. Mais ces dernières ne sont pas prêtes à débloquer les fonds nécessaires à la mise en place d'une offre touristique complète. D'où l'appel au privé.
Un bail de 49 ans
Après une première procédure infructueuse en 2013, l'offre a été revue et élargie cet été et la mise en vente annoncée mi-septembre. Désormais, c'est un bail de 49 ans qui est proposé aux investisseurs potentiels, avec la possibilité dorénavant de s'implanter dans un tiers du village-fantôme au maximum pour y édifier hôtels, commerces, musées, restaurants,...
Cette nouvelle offre a déjà trouvé un écho favorable: deux sociétés turques ont transmis une offre dont le Daily Mail rapporte qu'elle s'élèverait autour de douze millions de francs. Mais le dossier est à l'étude car les autorités n'entendent pas laisser des privés réaménager le site sans prendre un minimum de précautions pour préserver cette richesse patrimoniale. Car, en plus de la construction d'une offre touristique conséquente, le bail prévoit aussi que l'investisseur sera en charge de l'entretien et de la protection du site.
Le prélude d'une résurrection du site? Dès le début d'année, un premier signe allait dans ce sens avec le tournage de plusieurs scènes du prochaine film de l'acteur et réalisateur Russel Crowe, The Water Diviner, à Kayaköy, comme le signalait Hürriyet Daily News.