Un think tank informel sur l'entrepreneuriat social voit le jour à Davos
En marge du World Economic Forum (WEF) à Davos, des entreprises, investisseurs, institutions, chercheurs et fondations se sont réunies pour envisager des solutions concrètes afin de soutenir l'entrepreneuriat à impact social dans les pays en développement. Au centre de ce dispositif: la fondation Antenna, basée à Genève.

Sont-ils des entrepreneurs sociaux? Des entrepreneurs à impact? Des entrepreneurs tout simplement? Dès la définition du concept, les questions se posent. C'est pourtant sur le thème de l'entrepreneuriat social qu'une quinzaine d'acteurs de ce secteur se sont réunis à Davos la semaine dernière, sous la Sustainable Development Goals (SDG) Tent, sous l'impulsion de la Fondation Antenna , basée à Genève et active dans de nombreux pays en développement. «Attention à ne pas limiter ces gens à des entrepreneurs sociaux: ce sont des entrepreneurs et ils se définissent ainsi», avertit Lawrence Haddad, directeur exécutif de l'ONG Gain (Global Alliance for Improved Nutrition) .
Et quid de la spécificité des pays émergents? Sont-ils les seuls à présenter un tissu social et un marché de l'emploi dépendant à ce point de petits entrepreneurs s'attachant aux besoins locaux et à des consommateurs de proximité avec un impact social fort? «En Grèce, plus de 98% des emplois se retrouvent dans des entreprises de moins de 10 salariés. C’est finalement très proche de ce que nous observons dans des pays en développement», analyse Thomas Barrett, responsable économie globale et développement au sein de la Brookings Institution .
La difficile mesure de l'impact
Et qu'en est-il de la mesure de l'impact qui permettrait de classer ou non un entrepreneur dans cette catégorie? Nouvelle difficulté là aussi. Car un «entrepreneur social» est avant tout un «entrepreneur», ce qui pousse Arthur Wood, investisseur au sein de Total Impact Capital à insister sur le fait que «plus on a de l'impact social, plus vite il y aura un retour sur investissement».
Et Diane Holdorf, directrice exécutive alimentation, terres et eau au sein du World Business Council for Sustainable Developpment (WBCSD) , d'ajouter qu'«on mesure les performances sur la base de ce que nous connaissons déjà. Mais dans chaque cas, les besoins et donc les métriques seront différents». Caroline Kende Robb, secrétaire générale de Care International , abonde en ce sens: «On peut mesurer beaucoup de choses avec des chiffres, comme les banquiers veulent le faire. Mais il y a des points qu’on peut très difficilement qualifier dans de nombreux domaines. Notamment la confiance des femmes dans leurs capacités à mener un business». Arthur Wood ne le nie pas: «Nous savons que les métriques sont imparfaites et passent à côté de certains aspects. Nous sommes constamment à la recherche de moyens de mesurer l’évolution de nouveaux phénomènes. Dans le financement à impact, tous les acteurs attendent des retours différents (une évolution sociale, un retour sur investissement, un partenariat technologique,…) et souvent cela peut entrer en conflit». Et Violette Ruppaner, managing partner chez Strategos , d'abonder sur ce thème: «Nous utilisons les mêmes grilles d’analyse pour ces business que ceux que nous avons employés par le passé pour nos activités économiques traditionnelles. Il faut s’interroger sur la pertinence de ces grilles d’analyse».
Sur le plan du lexique comme celui de la géographie ou de la mesure, la notion d'entrepreneur social ou d'entrepreneur à impact est déjà complexe à définir. D'où le besoin de faire travailler de concert de nombreux acteurs du domaine. Et d'avancer ainsi plus vite au bénéfice de ces entrepreneurs, de leurs communautés et plus globalement des pays émergents, afin de lutter contre le creusement des inégalités. Sous l'impulsion de la Fondation Antenna , basée à Genève, avec Daria Robinson sa directrice exécutive présente à Davos, cette première réunion qui s'est tenue en marge du World Economic Forum avec une vingtaine d'acteurs engagés dans la thématique devrait en appeler d'autres. «Il fallait donner l'impulsion, poser le cadre et voir qu'il y avait à la fois des compétences diverses et une volonté commune d'avancer pour soutenir cette cause. Désormais, nous nous connaissons personnellement, nous avons mieux défini le cadre, nous pouvons aller de l'avant, envisager des projets concrets», explique Daria Robinson.
Des pistes de collaboration ont émergé
Au terme de deux heures d'échanges, les pistes de collaboration sont clairement apparues. Nombreuses et parfois complexes, mais porteuses d'espoirs. Comme avec les axes explorés par Nadza Durakovic, responsable finance et partenariats chez Danone Communities: «Comment rassembler les soutiens de fondations mais aussi le secteur financier traditionnel pour réunir les fonds nécessaires au décollage de ces activités? Nous encourageons nos collaborateurs de Danone à s’investir personnellement afin d’apporter des compétences business à ces entrepreneurs. Mais nous pourrions faire bien plus si nous coordonnions nos actions». -
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