Tourisme et terrorisme: qui tire son épingle du jeu?
La vague d’attaques qui a touché l’Europe et la Turquie depuis 2015 a eu un impact immédiat sur les destinations de vacances. Pour minimiser les risques, les touristes n’hésitent pas à partir plus loin, ou tenter des destinations auparavant ‘secondaires’.
Sans surprise, la Côte d’Azur et la Riviera Turque n’ont plus la cote. «Nous pensons que ces destinations ne vont pas reprendre en 2017», reconnaît Walter Kunz, directeur de la Fédération Suisse du Voyage (FSV). Idem pour l’Egypte, longtemps plébiscitée durant les vacances d’hiver et aujourd’hui délaissée, et les îles à l’est du bassin méditerranéen, sauf quelques exceptions dont la Sardaigne, ou Djerba, qui reprend timidement, observe Prisca Huguenin-dit-Lenoir, directrice de la communication & porte-parole d'Hotelplan Suisse.
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Une situation qui n’est pas sans poser des soucis aux voyagistes. «C’est difficile à compenser car les hôtels, en Turquie notamment, sont très grands et offrent des prestations imbattables en termes de prix, de confort, d’accueil des familles… tout en garantissant la mer et le soleil», poursuit Walter Kunz.
Les destinations privilégiées
Cap sur les Canaries! L’archipel au sept îles concentre les demandes. D’une manière générale, pour l’année 2017, c’est majoritairement l’ouest du bassin méditerranéen et les îles grecques qui obtiennent les faveurs du public, remarquent les voyagistes. L’Espagne et le Portugal connaissent des hausses de réservations «de 80%», remarque Bianca Schmidt, porte-parole de TUI Suisse. Un risque? La saturation. L’Italie, la Croatie et les îles grecques suivent la même tendance, même si ici la hausse s’approche plutôt de 40%.
L’essor des zones ‘secondaires’
Pour le tourisme balnéaire, des îles auparavant secondaires sont aujourd’hui plébiscitées. C’est le cas du Cap-Vert, qui dispose depuis peu d’une desserte directe depuis Zurich. TUI y compte 80% de clients en plus, en un an. Même tendances du côté des villes: ce sont désormais Dublin, Séville, ou Vilnius, moins connues, qui font l’objet d’escapades. Enfin, des destinations comme la Russie, l’Iran et les Pays baltes séduisent aussi, malgré leur aspect «compliqué», ou des visas parfois coûteux. Mais il s’agit ici de «voyages individuels», de circuits quasi sur-mesure, et de loin pas encore d’un tourisme de masse, note Bianca Schmidt.
Le choix du long-courrier
«Les crises géopolitiques ont nécessité un report sur d’autres destinations. Il a donc fallu ‘convertir’ une clientèle qui avait plutôt l’habitude de voyages court-courrier au long-courrier, en démontrant par exemple qu’un séjour à Punta Cana en été n’était pas nécessairement plus cher qu’un séjour en Grèce. Et cela a fonctionné: l’île Maurice a explosé l’été dernier et Club Med a enregistré des croissances à deux chiffres sur les autres destinations long-courrier», explique Fabio Calo, directeur de Club Med Suisse.
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Maurice a continué à drainer de touristes cet hiver, tout comme les Maldives qui «font un tabac» note Bianca Schmidt, porte-parole de TUI Suisse, idem pour la Thaïlande, malgré les pluies diluviennes ou le récent décès du souverain du pays.
La distance n’effraie pas: Hotelplan Suisse constate ainsi que des destinations comme les Etats-Unis et les Caraïbes, la Nouvelle-Zélande, l’Australie ou l’Afrique du Sud remportent un vif succès.
Retour en agence
Face aux risques géopolitiques, les voyagistes constatent un certain retour des clients en agence, pour bénéficier de conseils mais aussi s’assurer de pouvoir changer de destination si un incident survient dans le pays où l’on a réservé son billet. «Ce qui est possible, si l’on est passé par une agence, mais généralement exclu si l’on a réservé directement auprès d’une compagnie aérienne», souligne Walter Kunz.
L’autre tendance forte est le ‘early booking’: les réservations se font très à l’avance, notamment pour les vacances d’été, constatent les agences de voyage. Des offres intéressantes existent toujours en ‘last minute’, mais sur des secteurs très prisés comme l’Espagne, le choix se restreint.
Côté tarifs, les voyagistes affirment qu’ils se maintiennent à la baisse suite à la chute entraînée par la choc du franc face à l’euro en 2015. Reste que les îles balnéaires retournées au goût du jour ont rapidement augmenté leurs tarifs, notamment les Canaries.