Quel avenir immédiat pour les diplômés du millésime Covid?
A bout touchant de leur cursus, les étudiants font preuve de résilience. Pourtant, avec le Covid-19, tant la façon de terminer l’année que la suite de leur parcours est devenue incertaine.

La crise du coronavirus n’aura épargné personne, pas même les étudiants. Si les écoles et universités ont su s’adapter rapidement aux changements, pour les futurs diplômés, le plus dur reste à venir.
Modalités d’examens modifiées, valeur de l’année entachée et débouchés limités, les prochaines semaines s’annoncent plus compliquées que prévues. Une épreuve perçue par certains comme une opportunité.
Des examens version 2.0
Tout est une question de point de vue. Au regard des universités, dès le début de la pandémie, tout s’est fait vite et bien. Toutes estiment avoir mis en place de quoi éviter de rallonger ou pénaliser la dernière année de leurs étudiants. A Fribourg , la plupart des examens se dérouleront en ligne ou seront remplacés par des travaux. «La matière et les exigences resteront inchangées, seule la forme est bouleversée», indique le responsable communication de l’université. L’occasion d’acquérir des compétences numériques, selon lui.
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Mais ce type d’examen digitalisé se révèle parfois marqueur d’inégalités. «C’est pourquoi l’UNIGE propose son aide notamment pour l’octroi de matériel informatique», souligne le porte-parole de l’université de Genève. La HES-SO , elle aussi comme beaucoup d'autres, a mis en place pour ses quelque 21'000 élèves des mesures afin de permettre la validation du semestre.
Les modalités des évaluations ont ainsi été assouplies et des délais supplémentaires pour les travaux de Bachelor ou de Master ont été accordés. L’ Université de Neuchâtel a également opté pour une plus grande flexibilité. Pour l’ Ecole Hôtelière de Lausanne (EHL), dès la fin du mois de février, il s’agissait de prioriser les volées en dernière année. «Notre travail à présent consiste à soutenir la recherche du premier emploi», décrit Dr. Inès Blal , doyenne de l’école.
Une période semée de doutes
Du côté des étudiants, a contrario, dur de suivre. Outre la validation de l’année qui ne se déroulera pas comme prévue, l’entrée dans la vie professionnelle rôde déjà dans tous les esprits. Vu le contexte, l’horizon des futurs diplômés semble s’être assombri. «Cette période d’incertitude est difficile, surtout lorsqu’on est motivé et qu’on attend qu’une seule chose, faire ses preuves», commente Florence Thellier , porte-parole d’ Academic Work . «Néanmoins, c’est le moment d’affiner son projet de carrière, de développer ses compétences ou de commencer à créer un réseau», poursuit-elle.

Conscients que l’attente sera longue et la compétition féroce, les étudiants semblent s’être résignés à voir le bon côté de la situation. A l’image de Solenne, qui termine son Master de Sciences de l’environnement à Genève: «J’ai évidemment peur qu’il y ait des coupures de budget au niveau étatique, ce qui limiterait le développement de projets et par la même occasion, mes chances de trouver un emploi. Mais je reste confiante au fond de moi, je suis convaincue que les objectifs environnementaux figureront parmi les priorités du monde post-covid.» Même discours positiviste à l’ Association des étudiants en psychologie : «Nous avons quand même de la chance de vivre en Suisse, un pays stable où, avec un peu de persévérance et de zèle, chacun peut trouver sa place.»
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Pour Nelson, président du comité des étudiants d’HEC Lausanne , c’est le moment d’oser prendre des risques. «Nous aurons peut-être moins d’opportunités rapides et court-termistes mais ce n’est pas plus mal. Voulons-nous être la énième volée à se répartir entre Philip Morris et les Big 4 ou la première à entrer dans le monde de demain?», questionne le jeune homme.
Des places qui valent chères
Une chose est sûre, il faudra s’accrocher. «Malheureusement, les jeunes ont peu de prévisibilité. En temps normal, un diplômé met entre six mois et un an pour trouver son premier emploi. Avec l’effet de la crise, on peut s’attendre à voir ces chiffres gonfler», illustre Monika Maire-Hefti, conseillère d’Etat neuchâteloise en charge de l’Education. Même constat pour le directeur de l’ Ecole de Management et de Communication de Genève , Jean-Claude Charrière: «Il est évident que ce n’est pas le moment idéal pour entrer sur le marché du travail. La majorité des entreprises que nous contactons répondent que pour l’heure, les engagements sont gelés.»

Pour sa part, le site de recrutement Academic Work observe lui aussi le report de plusieurs processus d’embauche. L’un des secteurs le plus touché par cette crise, le tourisme, en fait d’ailleurs les frais. «Nos diplômés dans le domaine de l’outgoing (agences de voyages, tours opérateurs et compagnies aériennes) seront spécialement affectés. Mais ce ne sera que pour une durée limitée car Suisse Tourisme agit d’ores et déjà pro-activement pour relancer la branche», assure Andréanne Kohler , directrice de l’ Ecole supérieure de tourisme .
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La HES-SO se veut elle aussi rassurante. «Nos étudiants disposent déjà d’une expérience avant de débuter leur formation. Cela se traduit par un taux d’emploi de près de 95% un an après la fin de leurs études», soutient Dan Spahr , adjoint scientifique à la HES-SO.
Finalement, de près ou de loin, tous ces futurs diplômés feront les frais de la conjoncture économique. Le PIB sera lui-même impacté de 6,7% cette année, selon le SECO . Du jamais vu depuis 1975. «Dès lors, l’interrogation n’est plus tellement de savoir s’il y aura un effet ou pas, car les statistiques démontrent déjà une hausse significative du taux de chômage en Suisse, mais plutôt combien de temps sera nécessaire pour revenir à une situation favorable pour les diplômés», conclut Rami Mouad, collaborateur de recherche au département de l’instruction publique (DIP) de Genève.

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