Quand les enfants deviennent entrepreneurs
Value proposition, business model, étude de marché, analyse pain & gain, pitch,... autant d'étapes que suivent les entrepreneurs pour passer d'une idée à une société viable. Mais généralement, ces créateurs d'entreprises sont adultes et ont achevé leur cursus scolaire et leur formation. En lançant Graines d'entrepreneurs, Laurence Halifi et Nadine Reichenthal ne «voulaient pas pousser des enfants à devenir chefs d'entreprise, mais leur donner les outils pour le jour où ils se lanceront».
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Au fil des mois, le concept né au Collègue Champittet, s'est peu à peu étendu et touche aujourd'hui neuf établissements scolaires romands. «Le contrat que nous passons avec quasiment tous les établissements c'est qu'ils ouvrent ces sessions aux élèves extérieurs à l'école, tout en réservant en général les deux tiers des places à leurs élèves», explique Nadine Reichenthal. «Après s'être répandu en Suisse, notre concept s'exporte: Île-de-France déjà et très prochainement le Nord-Est des Etats-Unis, où nous avons présenté et rencontré un écho favorable au MIT de Boston», renchérit Laurence Halifi.
Plus de candidatures que de places
Ce mercredi, c'est sur le campus de l'Université de Lausanne, en partenariat avec HEC-UNIL, que des enfants ont pu vivre en accéléré le processus de création d'entreprise. Arrivés à 13h30, ils ont rencontré leurs coachs, découvert les outils, défini des thématiques et émi des idées de business. Voitures volantes, t-shirts connectés pour détecter les données médicales, système de lutte contre la fraude, solution pour enrayer la progression de la maladie de Parkinson, dispositifs pour aider les arbitres lors des matchs de football,... les projets ont fusé. «Deux domaines rencontrent toujours un succès fou quand on organise ce type d'événement avec des enfants: le social et la technologie. On a vraiment la sensation que les jeunes veulent utiliser l'innovation pour créer et donner du sens à leurs projets», constate Nadine Reichenthal.
Et cette envie semble largement partagée. Alors que les deux organisatrices, soutenues par la CVCI, l'Université de Lausanne et l'association des alumni de HEC Lausanne, avaient prévu 25 places, elles ont été dépassées par les demandes: «Nous avons reçu plus de 70 candidatures. Pour des raisons pratiques, nous n'avons pas pu accepter tout le monde mais nous avons voulu faire un geste: nous avons passé le seuil à 40 participants, en réduisant le pitch de cinq à trois minutes et en limitant le jury à une question», glisse Nadine Reichenthal.
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Une fois les neuf équipes constituées, les coachs ont aidé les entrepreneurs en herbe à mener les différentes étapes du projet. Tout au long de l'après-midi, ils ont écouté les jeunes, suggéré des pistes, conseillé les équipes qui se posaient des questions,... «Nous utilisons de nombreux outils, dont ceux imaginés et définis par Yves Pigneur et Alex Osterwalder ici même à Lausanne», précise Nadine Reichenthal. Après les premières étapes en petit comité, les enfants ont quitté leur quartier général et se sont rendus à la rencontre des étudiants de l'UNIL pour les interroger et réaliser ainsi leur étude de marché. Forts de leurs retours, ils ont pu affiner le projet voire le corriger radicalement.
Les questions du jury
Et en fin de journée, devant leurs parents et un jury composé de professionnels, ils ont pu pitcher, se prêtant même à un jeu de questions-réponses assez délicat: «Quel sera le coût de votre produit?», «Quel est votre clientèle cible?», «Comment comptez-vous générer des revenus?»,... des interrogations ardues pour des enfants dont les plus jeunes viennent à peine de souffler leurs huit bougies et dont les aînés sont des adolescents. Mais un exercice dont ils se sont sortis avec une audace et une assurance à faire pâlir de jalousie leurs aînés.
«Au sujet des âges, il est intéressant de noter que les équipes sont très mélangées, avec des très jeunes et des adolescents. Et ce qu'on remarque, c'est que des enfants de 9 ans maîtrisent mieux certains outils ou certaines solutions que des jeunes de 16 ou 17 ans», constate Nadine Reichenthal.
Reste désormais pour les plus audacieux à mûrir cette idée, à la perfectionner dans les mois et années à venir, à acquérir les compétences qui manquent encore pour la réalisation. Et peut-être qu'un jour certaines idées nées ce mercredi après-midi sur le campus de l'UNIL du brainstorming d'enfants verront le jour et révolutionneront le monde?
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