Obésité et diabète pénalisent la croissance mondiale du PIB
Impact sur les dépenses de santé, absentéisme, dépenses d'infrastructures: le poids de certaines maladies liées à une surconsommation de sucre comme le diabète et l'obésité pourraient faire perdre 18,2% de la croissance du PIB réel aux états de l'OCDE d'ici 2035.
L'alimentation est un sujet plus crucial d'année en année. Malbouffe, nutrition, slow food, locavores: autant de concepts qui font recette en ce moment, sans même parler de la croissance constante de l'alimentation bio dans la consommation des ménages et dans la restauration collective. Mais l'impact des comportements alimentaires est aussi sujet de préoccupation sur le plan de la santé. Le coût de la santé est régulièrement mesuré et les habitudes alimentaires à problèmes pointées du doigt et visées par des programmes publics.
Car l'impact est majeur: les systèmes de santé, privés ou publics, voient leurs budgets augmenter. Sans compter l'impact sur le reste de l'économie: absentéisme, moindre productivité, aménagements des infrastructures ou autres mesures ont un coût. Une étude publiée à la mi-mars , menée par les analystes de Morgan Stanley et conduite sous l'égide de l'économiste Elga Bartsch a chiffré le manque à gagner pour les pays de l'OCDE à 0,5% du PIB annuel, soit 18,2% de la croissance réelle sur les vingt ans à venir, pour les seules conséquences des affections liées à une surconsommation de sucre, diabète et obésité en tête. L'impact serait légèrement moindre dans les BRIICS (Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine, Afrique du Sud) dont la croissance serait pénalisée de 0,3 point de croissance par an, passant de 4,5% à 4,2% du fait de l'impact de ces pathologies.
Les Suisses compensent le sucre par le sport
D'importantes différences sont cependant observées selon les pays et les habitudes alimentaires de leurs habitants. Certains pays pâtissent largement de ces affections et de leurs impacts: le Chili pourrait perdre 33% de sa croissance réelle (corrigée avec les données estimées pour l'inflation) d'ici 2035, la République Tchèque 27%, le Mexique 23% et les Etats-Unis 21%. A l'autre bout de l'échelle, des pays asiatiques comme la Corée du Sud ou le Japon ne devraient perdre que 6% de leur croissance sur les deux décennies à venir. Et dans les pays européens, c'est la Suisse qui s'en tire le mieux avec une perte de croissance de moins de 10%, contre 12% pour la France et 14% pour l'Italie.
Pour notre pays, notent les auteurs de l'étude, ce n'est pas tant des habitudes alimentaires différentes de nos voisins qui vont nous préserver, mais au pays du chocolat, des vermicelles et du birchermüesli, les experts ont mesuré une activité physique par habitant largement plus élevée que la moyenne des pays de l' OCDE . «Le cas de la Suisse est particulièrement intéressant car, en dépit d'une des consommations de sucre par habitant les plus élevées au monde, les taux de personnes touchées par le diabète et l'obésité sont bas, en raison notamment d'une activité physique plus élevée que dans d'autres pays», notent-ils.
Ils se basent pour cela sur une étude du Réseau suisse Santé et activité physique (www.hepa.ch) selon lequel 65% des peronnes âgées de 15 ans et plus dans notre pays pratiquent une activité physique suffisante pour contrer les effets néfastes d'une alimentation trop riche en sucre.
Novartis et Nestlé impliqués dans la lutte contre le sucre
Plus cyniquement, notre pays pourrait aussi «profiter» de l'obésité et du diabète par certains aspects: Novartis est l'un des laboratoires pharmaceutiques les mieux placés au niveau mondial pour la production de traitements destinés à contrer les effets du diabète. Un marché qui pèse actuellement 35 milliards de dollars selon les experts de Morgan Stanley, et qui pourrait grimper à 50 milliards de dollars dès 2020.
Autre secteur de l'industrie suisse concerné: l'agroalimentaire. Selon les experts Erik Sjogren et Matthew Grainger, Nestlé tirerait 38% de ses ventes de produits sucrés (confiseries et crèmes glacées). Mais le groupe basé à Vevey a mené plusieurs actions qui iraient dans le sens d'une moindre consommation de sucre: des portions réduites de ses glaces, et surtout une annonce d'une politique générale visant à réduire de 10% au moins la part de sucre dans ses aliments sur la période 2014-2016. Selon les dirigeants du groupe, une réduction de 32% de la part de sucre dans ses produits aurait déjà été opérée entre 2000 et 2013. L'un des exemples cités est celui des céréales du petit-déjeuner, où l'apport en sucres est limité à 9 grammes par portion en 2015.
«Que ton aliment soit ton seul médicament», professait Hippocrate de Cos voici 2400 ans. Les analystes de Morgan Stanley ne le contredisent pas en 2015. Et recommandent d'agir en amont, sur la production agroalimentaire, pour limiter les coûts en termes de santé et de pertes dans l'univers du travail (les personnes obèses seraient 20 à 40% moins productives en moyenne que l'ensemble de la population, selon les experts de Morgan Stanley).
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