Mobilité suisse: un abonnement tout compris à bas prix
Une jeune et ambitieuse initiative souhaite réformer la mobilité en Suisse avec de nouveaux abonnements. Le modèle que nous connaissons actuellement est de plus en plus remis en question.

Imaginez un abonnement avec lequel vous pourrez bénéficier de tous les moyens de transports du pays (train, transports publics, remontées mécaniques, bateaux...), le tout pour 800 francs. C’est le projet ambitieux de l'initiative SwissEcoPass . La jeune initiative ne vise ni plus ni moins que de démocratiser la mobilité en donnant aux résidents du pays ainsi qu’aux visiteurs internationaux l’accès à tous les réseaux de transports publics et privés. Le tout à des prix attractifs sur fond de motivation environnementale et avec la volonté d’être économiquement et écologiquement responsable à l’horizon 2025.

«Le déclencheur a été le Magic Pass , explique Christophe Godel, fondateur du projet, On a la volonté de voir plus large et de faire quelque chose de plus accessible.» Avec deux formules, d’une journée ou d’un an, le SwissEcoPass cherche désormais des partenaires: «On discute déjà avec les Transports publics genevois et les remontées mécaniques de Crans-Montana mais on tente de remonter à la source, de parler aux organes faîtiers tout en respectant les codes de la branche», ajoute Christophe Godel.
Pour l'instant, 4'000.- ont été investis pour lancer le projet et créer le site internet. L'initiative citoyenne cherche maintenant à discuter avec les organes faitiers de la mobilité afin qu'ils puissent être en accord avec le projet et le porter à plus haute échelle. Le but est ainsi d'éviter un désaccord entre le potentiel futur vote des citoyens et les acteurs de la mobilité. Écologique, économique et novatrice, un point particulier reste néanmoins en suspend: son financement.
1.0 de TVA en plus
L’argent reste définitivement le nerf de la guerre. «Aujourd’hui on paie un service fantastique mais qui reste très cher, déplore le fondateur du Swiss Eco Pass, en additionnant tous les abonnements les uns après les autres, entre le train, les remontées mécaniques et le bateau, on paie des sommes astronomiques.» Avec un abonnement général de 3'860 francs ainsi que des subventions de l’Etat de 3,6 milliards de francs, les Chemins de fer fédéraux (CFF) sont financés à 50% par la clientèle et 50% par l’Etat.

Le SwissEcoPass propose alors un mode de financement soucieux de l'environnement avec une volonté d'atteindre et conserver de montant fixe. Son but n’est ainsi pas de fonctionner avec des subventions mais avec la volonté de la population: «L’idée est d’ajouter 1 point à la TVA qui est de 7.7 ainsi que 15 centimes à la taxe sur les hydrocarbures qui est aujourd’hui de 73 centimes au litre.» Associés à la vente directe d’abonnement, ces deux procédés permettraient de récolter environ 6 milliards de francs.

Un mode de financement un peu flou pour l’ Union des transports publics qui reste dubitative: «L'idée est encore curieuse, estime Bruno Galliker, porte-parole de l’UTP, avec cette augmentation de 1 point de TVA, il sera difficile de trouver une majorité et des soutiens.»
Des doutes également émis par David Raedler, vice-président des Verts vaudois: «La TVA peut être une taxe sociale, qui dépend de la consommation, et peut être un levier d'argent utilisable pour bien d'autres choses.» L'avocat pointe également la hausse de la taxe sur les hydrocarbures: «L'augmenter de 15 centimes n’est pas une solution à long-terme, car elle sera limitée dans le temps. Dans les années à venir, l'augmentation du parc automobile électrique mènera à une forte baisse de recettes en raison de la consommation de l'électricité au détriment des hydrocarbures.»
Pour celui qui est également directeur de l'Association Transports et environnement vaudois, la base de l’idée reste intéressante: «Revoir le financement et les fonds de la mobilité est essentiel. Pourtant, la tarification des transports publics implique beaucoup d'acteurs différents, locaux et nationaux, qui peuvent être difficiles à faire bouger.» A côté du financement, les Suisses seront-ils prêts à bouleverser un service auquel ils sont attachés? Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Un demi million d'abonnements généraux circulent aujourd'hui et un suisse sur deux possède un abonnement de transports publics.
L'écologie en point d'orgue
S’il est encore trop tôt, pour l’Union des transports publics pour prendre position, l'initiative va néanmoins dans le bon sens, en particulier sur le plan écologique: «Il est raccord avec la vision de la branche sur le long terme notamment en vue de l’Objectif 2050 avec une production d’émission carbone à 0», ajoute Bruno Galliker.
L'environnement reste le point fort de initiative: «Notre abonnement est plus accessible donc plus de gens pourront basculer vers les transports publics, analyse Christophe Godel, il permettre notamment de réduire de 5% les nouvelles immatriculations de véhicules ou de 15% les émissions de gaz d’échappement d'ici 2025.»
Dans les années à venir, l'augmentation du parc automobile électrique mènera à une forte baisse de recettes en raison de la consommation de l'électricité au détriment des hydrocarbures
La question environnementale peut avoir des écho dans de nombreux partis politiques: «Tout parti politique pourrait avoir un intérêt, note David Raedler, la question de la mobilité et des transports publics en particulier, très efficaces mais pouvant paraître chers, interpelle tout le monde.» En alliant l'écologie à l'économie, le PLR et même l'UDC pourraient s'intégrer à initiative.
Une initiative d'avenir?
Du côté des CFF, il manque encore des informations pour se faire un avis: «Il est encore trop tôt mais nous suivrons la progression de ce projet» nous a répondu au téléphone Ottavia Masserini, porte-parole des CFF en Suisse romande. Créé pendant le confinement, l’initiative demande encore du temps pour aboutir.
La mobilité restant une question central mais encore en suspend, le SwissEcoPass pourrait s'inscrire comme une solution au même titre que le mobility pricing: «Il s’agit de toutes les questions liées à une tarification intelligente des transports, explique David Raedler. On peut citer comme exemple les billets dégriffées des CFF ou des péages urbains pour les voitures selon les lieux et heures.» A titre d'exemple, en 2019, les billets dégriffés vendus représentaient un rabais de 120 millions de francs selon un communiqué des CFF. Tout comme le SwissEcoPass le mobility pricing est un sujet d'avenir. La Ville de Bienne a manifesté son intérêt et le Conseil Fédéral a déjà entamé des tests théoriques mais pas encore de projet concret.
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